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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
12 février 2008

Parisiorium, de l'eau sous les ponts

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Les rêves vécus à deux forment les souvenirs les plus beaux

Marc Lévy Et si c'était vrai...

Ils auront quelques travaux, mais dans son regard, ça ne coûtera pas cher. Il lui parle de ce qu'il verrait, il lui demande. Elle se sent étrange, comment dire ? Elle se sent comme quelqu'un qui aurait perdu le fil. Le fil de quoi ? Le chat aime jouer avec des pelotes de laine. Son père traîne encore dans le quartier, et miaule la nuit, à la recherche de femelles ouvertes. Complètement.
Il a vu son fils naître, il pense qu'il en est fier. Parfois, il se dit à lui-même : tu veux une médaille pour ça ? Non. Mais il est fier d'avoir vu son fils naître. Ses amis, ses collègues, la plupart, n'en parlent que très peu. Sauf Frédéric. Il a toujours été un peu plus féminin que les autres, sur ce sujet-là. Quel sujet ? Les enfants bien sûr.
Son corps ne change pas la bonne nouvelle. La bonne nouvelle le change. Mes caresses ne changent rien, il lui parle, il lui demande. Le ciel s'en fiche. Le chat et la laine. Ils auront quelques travaux, mais dans son regard, ça ne coûtera pas de l'or. L'or, c'est elle. Elle coûtait un certain prix, jadis.
J'étais sous la couette, en train de caresser Christophe. Je le caressais, en fait, nous faisions un soixante-neuf. Je voyais son sexe, je le prenais dans ma bouche. C'était bon, j'aimais ça. Denis entrait dans la pièce. Blanche. C'était notre nouvel appartement. J'étais bien. Heureuse, en train de sucer Christophe, que je déteste par ailleurs. Je lui caressais les cuisses, poilues. Sur une chaise, avec une robe rouge, je voyais sa compagne, Christine, qui tenait des fleurs rouges. Elle avait un guéridon blanc à côté d'elle sur lequel était posé quelque chose, quelque chose de rose. On aurait dit un morceau de viande rose. Je me suis levée. Christophe se grattait la barbe en me regardant : viens, n'arrête pas, dit-il. J'ai dit : attends. Je voyais Denis se masturber debout, à côté. Il a demandé : combien de temps tu vas nous faire attendre ? Je me suis approchée de Christine, qui s'en fichait royalement que je suce son mari. Elle me disait qu'elle comprenait pourquoi je devais le faire. Je lui disais : tu entends ? C'est quoi ? Elle me dit : regarde par la fenêtre. J'y suis allée, et c'était bien ce que je pensais : nous étions en face d'un stade de foot, c'était un match de foot et le public hurlait. Comme souvent dans ces parcs à oubli, pour bestiaux nécessitant d'oublier. Les nécessiteux ont besoin d'oublier.
Je reprends le sexe de Christophe dans la bouche. Il ferme les yeux en renversant sa tête en arrière. Il dit : c'est bon. Avec un soupir. Là, je me réveille. Tranquillement. J'ai l'impression d'avoir trompé Denis. Je le regarde s'habiller. Il s'habille. Il s'approche. Il sent bon. Il sent la mousse à raser. Il m'embrasse : bonjour la belle au bois dormant. J'ai pensé : ne dit pas ça malheureux. Ne dit jamais ça.
C'est une chose merveilleuse, que de voir ta femme pleine un jour, et vide le lendemain. Le petit dehors. Le petit trésor, ton petit cadeau, ce pour quoi tu as été fait. On te le dit partout, il te faut quelqu'un, quelqu'un pour que tu fasses un autre quelqu'un, avec ce quelqu'un. Il faut quelqu'un, à la maison, pour attendre le facteur et le courrier, il te faut quelqu'un, dans le donjon, pour écouter les cris des oubliettes. Nécessairement.
Quelques travaux seront nécessaires. Comme pour le visage de certaines actrices françaises, quelques travaux seront nécessaires et ne seront pas du luxe. Paris n'est pas faite que d'arrogance, et elle ne produit pas, non plus, que de la violence. Les gens continuent de fumer chez eux. Ils sont chez eux, ils fument, et les anciens propriétaires fumaient, ça se voit à certains murs. Ils étaient dégueulasses, pas tous. En gros, ça va. Tout va bien. Même si j'ouvre les yeux. Christophe a donc de grosses cuisses velues, c'est toujours bien de le savoir. Quand je pense que j'ai failli mourir sans savoir ça, je m'en serais voulue, de mourir, avant de savoir la composante des grands singes, des plus intelligents, aux moins arrogants. Mon affection s'est taillée la part du Lion comme on dit.
C'est avec du rock qu'ils vont voir les  putes, ou sur fond d'Europe 1 dans la voiture, ça le fait aussi. Ils baissent leur vitre.  Hommes ou femmes, ils préfèrent bien sûr les jeunes. Filles et garçons. Denis me demande s'il est beau. Je lui dis non. Je lui dis : non, tu es très beau. Je lui fais de temps en temps le coup, pour tuer la routine.
Ils regardent leur femme différemment. Il s'est demandé pourquoi elle avait perdu le fil. Quel fil ? Celui de la raison ? Non. Elle le regarde différemment. Forcément, il y a une différence à présent. La présence de l'autre. Quelqu'un est venu à la maison. Quelqu'un n'était pas là, avant de venir, logique. Mais il se préparait, il se concevait qu'il serait facile, et aisé, de venir. Chez toi. Dans ta maison. Il est petit, et édenté. Rose. Mignon. Il fond, lorsqu'il se trouve devant lui. Il demande à ses potes. Sauf à Frédéric. Qui est suspect. Frédéric qui tente, ici et là, de reprendre contact. Comme on reprend à boire au bar, je me souviens que Frédéric aimait Bénabar, que je déteste du reste. Cela aussi, était une chose suspecte. Pourquoi Frédéric ? C'est la question qu'on se pose en regardant le match à la télévision. Les dalles ce n'est pas joli au plafond dans le couloir, tant pis. La cuisine aussi. Le salon, ouf, ça va. Oui, ça, ça va bien. Ouf. Je suis heureuse. Je devrais remercier Dieu. Pour tous ces bienfaits. Alors merci. Vous avez toujours été sympa avec nous autres. Oui, sans hypocrisie. Nous proposant multitudes et nous offrant le choix, qui font la différence entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas (mourir ?). Ceux qui savent (mourir ?) et ceux qui ne savent pas (disparaître ?). Et me donnant toute ma liberté, ma liberté d'être, d'être humain si je veux aussi. D'être et d'être humain, quelle hérésie ! Merci pour cet homme. Pour cette cuisine. Pour Lutèce. Elle a pas beaucoup beaucoup changé, cette petite fille, hier encore, il s'agissait d'un petit bout rose, adorable. On avait qu'une seule envie, la serrer fort dans ses bras, comme le Lion étreint sa proie, en lui donnant son baiser de la mort, la morsure au cou. Le sang gicle au fond de la gorge. On serre encore plus les dents les bras. On serre encore un peu plus. Serrer plus, contre soi, c'est ce qu'il faisait, parfois, avec son chien, lorsqu'il avait la peur au coeur, la nuit. Le chien était gros et noir, et sentait bon le savon pour les chiens, parce que sa maman l'avait lavé. Elle détestait les chiens sales la nuit.

Je ne t'entends plus ma chérie. Oui, j'irai Porte de Versailles, au salon Rétromobile, je t'aime partout, je t'embrasse partout, partout. J'ai très envie de t'embrasser partout. J'irai avec Christophe. Christophe ? Il était venu avec nous voir No Country for Old Men, et sa femme Christine avait dit en sortant : quel mauvais film ! Il est très violent ce film. Alors que c'est un chef-d'œuvre. Oui, ce Christophe-là. On s'entend bien, alors... Ils s'entendent de mieux en mieux. Dans le rêve c'était moi qui suçais la bite de Christophe. Et allais voir sa femme, habillée d'une robe rouge. Dans la chambre blanche. Il y avait un guéridon à côté d'elle, assise. Elle tenait des fleurs rouges. Sous la couette, je voyais les détails des cuisses et du sexe de son mari. Les gens ont des détails, forcément, on ne s'en rend pas compte, tout dépend de la façon de regarder. La Terre est belle vue de l'espace, c'est autre chose une fois dessus. Mais ça n'est pas sa faute, en passant. Denis entrait. Peut-être un peu avant. Il se masturbait, demandant que je m'occupe de lui. Avec sa grosse queue. Toujours toujours j'aurai des demandes de ce type, qui me ramènent à autrefois, lorsqu'elles n'étaient pas seulement des rêves. Ces demandes. Aujourd'hui, ce n'est pas grave, ce n'est pas important, bien sûr que si c'est important. C'est toujours important, si elles se manifestent lorsque je dors. Une fois endormie, ce n'est pas tout à fait la même chose.

Retourner à Paris m'apprendra peut-être l'humilité. Celle qu'il me manque. Il m'en manque je suppose. Claude passera, comme prévu. J'aime les peaux noires, d'ailleurs les clients noirs en général avaient plus de connaissance sur la jouissance des femmes et celle des prostituées. Les blancs sont des gros veaux la plupart du temps, et cherchent une lumière dont ils ignorent tout de l'origine. Cette source est sans fin, dans les yeux de quelqu'un qui te dit quelque chose que tu ne voudrais pas entendre, surtout pas maintenant. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, et aussi du sang. Du sang a coulé, en abondance. Tout le sang qui coule. Dans nos bras. L'éternité moins ça, moins l'eau qui coule sous les ponts, ça fait longtemps que nous sommes morts, pas si longtemps que ça que nous sommes en vie. Il sent bon la mousse à raser, c'est un réveil différent que celui, abrupte, où j'ouvre les yeux, et qu'il est en Amérique. Et que je viens de rêver de choses atroces. J'attire les atrocités, j'ai toujours attiré. Je me demande quelle sera la prochaine. La prochaine atrocité. Vais-je mourir de faim ? Non, on ne meurt pas de faim, dans la boue, dans le loup, dans la foi, dans le Lutétia, on ne part pas au quart de tour, la part du lion on ne se la taille pas de cette façon. Sa voix participe grandement à faire de son être un être spécial. Je n'ose imaginer le résultat, si en faisant l'amour, il avait été muet.

protectedimage

19680883

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Commentaires
Q
Ptdr ! T'en rates pas une mais je crois que je préfère l'hostilité :)
Q
Le savon pour chien, je ne savais pas que ça existait. Et dire que la Saint-Valentin est si proche !
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