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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
4 janvier 2009

Le Business de la psychologie animale

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Je me disais en regardant Thierry embrasser Véronique que peut-être un jour, j'arriverais à être avec eux, et aussi avec les autres qu'ils connaissaient à cette soirée. Ma plus grande difficulté dans la vie fût de me réveiller, pallier par pallier, afin de pouvoir apprécier la chaleur intense du soleil tôt le matin. Mais le soleil est meurtrier et le sera de plus en plus. Je le sais. Je le sens. Je ne peux pas mentir à ce sujet.

Véronique fermait les yeux et ses paupières supérieures tremblaient. Elle devait révulser ses yeux avec même les paupières fermées. Ce que j'ai trouvé inquiétant.

Fatia avait mis un dvd de Florence Foresti, sur la jaquette, Florence est avec un chien, son chien. J'ai reçu un message de Denis à ce moment-là, où il me souhaitait la bonne année, et me disait "je t'aime". Il avait appelé trois ou quatre fois mais j'avais bloqué tous les appels. Mon père a appelé, lui je l'ai pris, lui je l'ai entendu. Il était entouré de gens à des centaines de kilomètres de là. Des centaines de kilomètres de moi, je me sentais plus que jamais, le fruit de sa chair. Et lui me paternait de plus en plus dans la bonne voie, les pères continuent de l'être une fois les enfants adultes, les enfants adultes oui.

J'ai dit à Rachida que Patrick, son homme, était bourré. Que dehors il faisait froid mais qu'il n'y avait pas de neige. Mon frère retrouvé je ne lui parle plus. J'ai peur de l'entendre, de le voir. J'ai la peur qui me noue les viscères quand je pense à lui. Il le sait. Cette distance que j'ai prise, il m'a dit qu'il la comprenait. Que c'était difficile aussi pour lui en ce moment. Pour sa femme également. Qu'on était encore des étrangers l'un pour l'autre. Mon frère, Thomas, n'est pas habitué à lui téléphoner. Il ne lui a téléphoné qu'une fois. Valentin s'est fait à l'idée que Thomas ne voudra probablement jamais lui parler.

Dans le couloir des jeunes hommes déguisés sont passés en trombe. J'ai failli manquer une marche. Elles étaient en marbre, ou en quelque chose de dur. Ce n'était pas du béton armé. Des centaines de gens ont été tués. Aux informations, je regardais ça en mangeant un sandwich. On voyait des femmes et des hommes, des palestiniens gémir sur les routes et le caméraman passait de l'un à l'autre, comme avec une steadycam, c'était très fluide. Très fluide et j'ai eu mal au coeur. Peut-être le goût de la lâcheté qui passait. Peut-être habituée à l'air du temps le mal de coeur est vite passé.

Les grands défenseurs de la vie ont perdu de leur vitalité.

Denis est venu et nous nous sommes enlacés longtemps, sur le canapé et ensuite, une chose en entraînant une autre. J'ai passé mes mains sous son pull. J'ai ouvert son pantalon, arraché la ceinture. J'ai baissé son slip blanc. Tiens, il met des slips blancs maintenant ? Ses yeux sont fatigués, ses yeux sont ridés. Sa lumière dans les pupilles ne brillent plus autant qu'avant. Il est éreinté, la crise de la quarantaine bien entamée, il passait ses mains sur mes seins, peut-être pour lui rappeler qu'ils étaient à lui. Il faisait sombre dans l'appartement. Seules des veilleuses pour nous garder de faire cela sans préservatif car je ne prends plus la pilule depuis son départ. C'est chiant la pilule. Il a longtemps, très longtemps, joué de sa langue sur mon sexe qui s'ouvrait comme une rose, pallier par pallier. Le désir coulait dans mon âme comme de l'eau dans un tuyau d'arrosage. Oui, il y avait cette ampleur pompeuse dans nos actes. Dans le moment. Je n'ai pas cherché à lutter contre.

Je repensais aux bouches de Thierry et Véronique. Rachida était là, pas la vedette de la politique, mon amie. Valentin a quand même envoyé un message sur mon portable. Valentin je préfère ne plus le voir. Je pensais à lui quand Denis dégustait mon sexe. Et je pensais aux bouches de Thierry et Véronique. Une de ses amies à Véronique, homosexuelle, très jolie, disait : c'est tellement mieux sans les hommes. Et je recevais en même temps le message de Denis, pour la bonne année. Tout cela. Tout ce travail. C'est tellement mieux sans les hommes, ça c'est vrai mais je dirais même plus, je dirais que c'est tellement mieux sans les hommes et sans les femmes.

Les palestiniens ont une façon télégénique de souffrir et les Israëliens ont une façon télégénique de légitimer leur propre souffrance. Comment un couple Palestino-Israëlien fait-il dans sa cuisine pour ne pas s'envoyer des patates chaudes dans la gueule, pousse- toi donc de mon chemin dit la femme palestinienne, tu encombres mon territoire près de l'évier. Le mari lui rétorque : non ce bout de terrain est à moi femme, Denis a fini par me pénétrer, je le suçais depuis longtemps et il mouillait, il ne voulait pas jouir dans ma bouche et sur mon visage tout de suite. Il avait envie de retenir. Pour lui, ça n'a jamais été un manque de respect comme avec d'autres hommes. Lui, il éjacule sur le visage et dans la bouche par amour et cela se sent, sinon il ne le fait pas.

Les femmes à terre avaient des voiles. Et les hommes des barbes. Et les gens dans la rue étaient contents, mais moins que l'année passée, je m'en souvenais. Je ne m'en souviens plus très bien à présent. J'ai l'air d'appartenir au vivant. C'est déjà ça.

J'ai rappelé mon père qui écrivait une lettre à mon frère Thomas. Une lettre à coeur ouvert, avec des paragraphes, pour bien aérer le texte, il faut penser, un tout petit peu, à ceux qui lisent quand même. C'est dur de se faire comprendre, de communiquer sinon.
Mon père a demandé si je souhaitais lui transmettre un message et j'ai pensé : "oui, dis-lui que c'est un sale con" et j'ai dit : "oui, embrasse-le très fort pour moi et dis-lui de me donner de ses nouvelles". Quand j'ai pensé sale con, j'ai entendu Carla Bruni à la radio, parler avec sa voix étrange, comme si elle manquait de souffle. Elle doit faire de l'asthme ou quelque chose.

Ses caresses étaient comme une explosion à Gaza. Des femmes avec des voiles par terre qui gémissent et la caméra qui va d'une victime à l'autre. Elles bougent au ralenti. Aucune pudeur, tout ça pour qu'on puisse le savoir ici avec nos sandwichs.

En même temps, la pudeur quand on s'entretue sans savoir se parler. S'écouter. Trop d'histoires, trop de douleurs séparent les deux territoires, c'est bien pour cela qu'il dégustait mon sexe avec lenteur et ardeur. C'était fort. C'était comme de l'eau en puissance dans un tuyau d'arrosage. Le désir. La sensation. Je n'aime pas l'abandon, même de soi, dommage pour moi. Bonne année Nicolas, j'espère que tu vas bien.

Le message de Valentin était taciturne. Avec l'habitude, même derrière des mots aussi neutres que "très bonne année 2009 et que les meilleures choses t'arrivent", on sent la gêne, ou l'hypocrisie, ou alors la tristesse, ou quelque chose. On sent derrière les mots. Les yeux. On sent qu'il y autre chose. On ne s'arrête pas à la première frontière de l'apparence. L'esprit va plus loin. L'esprit va plus loin que sa bouche dévorant mes lèvres gorgées de sang. Bien sûr, l'esprit va plus loin, plus loin que la fin d'une relation amoureuse. L'esprit va bien plus que les fusées. Tous les types de propulsion, même la MHD. Et on sent derrière les yeux. Que c'est un monde différent.

Que j'aime voir le monde souffrir, et demander de la souffrance en plus, s'injecter sa dose, que j'aimais faire pareil avant. Cela m'est passé. J'ai résisté, en quelque sorte. De momie je suis passée Nymphe. Je ne l'ai pas souhaité. Ce sont ainsi que les choses se sont passées. Elles auraient pu se passer autrement. J'ai vu qu'il y avait un monde différent derrière ses yeux, son visage. Et sa bouche sur mon entrejambe. Je mettais mes jambes autour de sa tête, comme souvent et comme il aime que je le fasse. Si nous couchons encore ensemble, bien que séparés, c'est que c'est peut-être bon signe. Elodie m'a dit : "tu le vis très bien, moi je serais dévastée si je devais me séparer de Loïc".

Le business de la psychologie animale.

Mais bien sûr que non. En réalité, tu n'en sais rien. Attends que cela t'arrive. Attends encore un peu. Avec de la chance, tu verras que finalement, tu encaisses mieux que tu ne l'aurais imaginé. Finalement, tout s'est bien terminé. On va se dire ça. Il faut se dire ça. La pénétration était chaude aussi et délicieuse, et ensuite plus loin, beaucoup plus loin dans le temps, je l'ai regardé dormir, quand je pense qu'à de nombreuses reprises, j'aurais pu lui briser la nuque entre mes cuisses.

Je le caressais il dormait, cherchait ma compagnie. Je le caressais en me disant : ça, ce sont ses doigts. Epais, longs, et forts. J'aimais ses doigts dans ma fente autrefois. Dans les nerfs de mon cœur, moins. Après tout je suis encore jeune, encore très jeune, j'ai le temps de voir venir. J'ai le temps de voir passer. On a le temps de voir mourir et repasser. D'autres frappes et d'autres caméras avides peuvent arriver. Demain, après-demain. On verra bien. S'il y a un après-demain. Tu n'en doutes pas, n'en doute pas une seconde. Il dort comme un bébé.

J'étais plutôt bien et heureuse d'être seule à ce jour de l'an et j'en étais presque gênée. J'ai profité des victuailles et j'ai bien dormi ensuite. J'ai fait des rêves. J'étais sur le Titanic, il faisait nuit et le Titanic coulait. Je tombais à l'eau avec des centaines d'autres personnes. Des alligators arrivaient pour nous dévorer mais j'étais confiante, pas du tout terrorisée. Je donnais un coup de poing dans la mâchoire d'un alligator et ensuite je remontais sur une barque. Je voyais ensuite l'immense Titanic couler pour de bon. Nous cherchions notre chemin sur l'eau en pleine nuit. Les gens pleuraient leurs morts. Ceux qui avaient survécu avec moi dans la barque. Le ciel petit à petit s'illuminaient d'étoiles. Des étoiles merveilleuses. Celui qui ramait disait : ce n'est pas normal. Elles apparaissent seulement comme ça ? Maintenant ? Ne sont-elles pas en retard ? Il me regardait. Nous arrivions sur la terre ferme. Dans le rêve, une ellipse ultra-rapide de plusieurs mois m'indiquait que j'étais retournée à l'université. L'un de mes profs était mon oncle. Nous nous entendions bien. Notre passé n'influençait en rien nos relations actuelles. J'avais rendez-vous avec lui dans un café mais c'était devenu une sorte de restaurant. Il me disait que notre relation devait rester secrète. Je lui disais : elle l'est. Le serveur venait nous apporter des pâtisseries délicieuses et je me régalais. Encore et encore, c'était vraiment un bonheur que de goûter à toutes sortes de pâtisseries plus belles les unes que les autres.
Mon oncle me disait ensuite qu'il devait partir pendant plusieurs mois, pour découvrir des temples en Afrique. Des temples de la plus haute importance. Je lui disais : "mais ce qu'on fait ensemble, ça ne t'enlève pas le droit de découvrir de nouvelles choses ?" Et lui de me répondre : "non". Nous nous enlacions de manière très tendre. Pas du tout sexuelle et passionnée, très posée, très tendre, très lente, très attentionnée. On se touchait à peine. Il partait.
Je me réveillais dans mon appartement. Je voyais mon réveil qui projette l'heure sur le plafond, je le déteste ce réveil d'ailleurs. L'heure était 23 H 43. Dans le noir je traversais le salon et j'allais boire de l'eau dans la cuisine. Mon portable sur la table s'illuminait. C'était Denis. Je ne décrochais pas. Et là ouvrais les yeux pour me réveiller vraiment.
Quinze minutes plus tard, Denis m'appelait. Je voyais mon portable avec son nom dessus. J'avais envie de ne pas décrocher. Comme je l'avais fait dans le rêve, je l'avais ignoré son appel. J'ai décroché.
- Bonjour et bonne année ma puce, je voulais te réveiller pour t'embrasser. Je souriais tristement, je voyais mon reflet dans le miroir de la grande armoire.
- Bonjour Denis, et bonne année (ma voix sonnait artificielle). Comment s'est passé ton jour de l'an ?
- Bien, j'étais avec BIP et TRUC et MACHIN, et mon fils. Est-ce que je peux passer aujourd'hui à l'heure du thé ? J'apporterai des pâtisseries. J'en profite parce que dans deux jours c'est la reprise du travail.
- Euh... Oui. (j'ignorais qu'on allait faire l'amour à son arrivée, les pâtisseries dans le rêve, c'était mon sexe dans sa bouche et le sien dans la mienne). Viens vers seize heures, ça te va ?
- Ok d'accord... Je suis encore en peignoir, je traine.
- Et moi je suis allongée au lit, avec mon MP3 sur les oreilles.
- Tu écoutes quoi ?
J'ai cliqué sur mon téléphone et le message de Valentin est apparu sans le vouloir, j'ai relu vite fait " et que les meilleures choses t'arrivent". Avec mon reflet dans le miroir.

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Commentaires
M
"peut-être un jour, j'arriverais à être avec eux, et aussi avec les autres qu'ils connaissaient à cette soirée"<br /> <br /> On arrive à être avec très peu de gens, je trouve, peut-être une poignée dans une vie ?<br /> <br /> Ce soir, je n'ai pas su m'amuser avec d'autres, et j'ai envie d'aller sur l'île de Wright, que j'imagine verte, froide, et venteuse, dans une maison silencieuse ouverte sur la plage, avec des Jane Austeen et un service à thé anglais, et du silence.
M
Je pense à vous et vous embrasse.
D
Arriver au bout, tout lu d'un coup sans respirer ou presque, et maintenant quoi?<br /> Chercher à boire, un truc qui glisse, qui tombe sur le sol froid de janvier. Tirer les ficelles du pantin asphyxié qui se voit un peu apeuré d'écrire à une "graphomane" géniale donc dingue,ou l'inverse pour lui dire... j'ai aimé être là et vous lire, entre deux guerres civiles l'année commence bien.
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