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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
9 janvier 2008

L'Arcane du Diable

david_lynch

Vous avez déjà embrassé quelqu'un. Vous savez donc que l'enivrement peut être grisant. J'étais et je suis complètement enivrée par son odeur, et peu importe si on y décèle un arrière-parfum de sueur, qui provient de l'avion, j'ai le sentiment d'être et d'avoir toujours été ivre de cette odeur-là, la sienne. Nous n'avions pas le temps de passer à la douche après le restaurant, vite expédié d'ailleurs. Pas le temps d'allumer la télé (évidemment). Pas le temps de nous regarder, surtout qu'il fallait qu'il mange ma bouche, et puis tout le reste de mon corps, mais je vais vous épargner le récit de cette aventure, j'ai envie de vous épargner, de plus en plus. Ce qui fait de moi, selon mes anciens standards, un mauvais écrivain. Merde j'ai envie de me dire. Et morts aux écrivains, pour ce qu'ils servent. Enfin, je suis un peu dure, heureusement qu'ils sont là. Quand même... Je suis trop enivrée. Et enivrée de son odeur à lui, et de son goût. Il n'y a pas que les jeunes filles en fleurs, le teint rose bonbon qui ont un goût de fruit ou de fleur. Les hommes de quarante et un an aussi ont des goûts, certes plus musqués, plus poivrés, mais moi j'adore le poivre, j'adore quand ça pique un peu. J'adore. Ce n'est pas un Dieu, pourquoi je dis que "j'adore" ? Parce que je parle comme je disparais, de plus en plus, petit à petit. De la vie. C'est un bienfait que d'être au courant de ça, cela permet d'embrasser mieux, et de se laisser embrasser avec plus de vigueur, avec moins de peur. Avec plus l'envie d'appartenir non pas à l'autre mais à l'instant de la grande réunification. C'est un discours étrange je sais, j'en rajoute peut-être même mais pas du tout en fait. Je tiens absolument à parler de réunification. Absolument, c'est le mot qui convient. L'enivrement à l'odeur de l'autre est bien plus fort que celui provoqué par l'alcool, qui reste agréable, mais loin d'atteindre l'enivrement que provoque l'odeur de quelqu'un. L'effet naturel doit y jouer quelque chose. Quelqu'un que vous aimez voir arriver à l'aéroport. Je ne sais pas si j'ai tort, lorsque j'évoque la réunification, c'est peut-être un terme un peu trop politique, donc ce n'est pas très intéressant, sauf peut-être pour des esprits rationnels et lucides dans la forme. Les visages, son visage, l'odeur de son cou. L'odeur de son torse. Son sexe n'a pas changé, peut-être a-t-il trempé ce dernier dans beaucoup de petites salopes, assez idiotes pour ouvrir les cuisses à n'importe quelle déconvenue. Mais moi ça m'a fait rire de penser à ça. J'ai eu un petit rire et il a demandé en souriant : quoi ? Rien j'ai dit, je suis juste heureuse. Les yeux pleins d'étoiles. Tes yeux, il a dit. Je devais avoir des étoiles dans les yeux, il a dit, ils brillent en contre-jour à cause de la lumière, l'abat-jour, c'est comme le crépuscule dans la chambre, en mieux. Il a dit que j'étais très belle. Son odeur et sa texture aussi, l'impression que ça me faisait, avant, ça n'est plus tout à fait pareil aujourd'hui. Et en même temps c'est bien son corps qui m'avait manqué. Il a une façon unique de bouger, unique, et une façon de jouir, unique aussi. Rarement disgrâcieuse. La plupart que j'ai eu le malheur de croiser sur ma route étaient des porcs ou des beaufs lorsqu'ils jouissaient. J'avais l'impression qu'ils me pissaient dessus et je n'aime pas du tout les jeux uros. D'après ma propre expérience, si grande hélas, si grande pour du vent hélas, ils  jouissaient comme des porcs, parce qu'ils étaient, au plus profond d'eux-mêmes, des porcs. Le grand débile noir de la Ligne Verte dit bien qu'on ne peut pas mentir sur ce qu'on est dans son coeur. C'est une très jolie remarque d'ailleurs. Mon expérience était peut-être grande mais hélas elle l'était pour rien, c'est ça surtout qui est dommage, si encore elle avait porté des fruits plus concrets, et pas seulement des noisettes. Dans cent ans on ne s'en souviendra plus de tout ça. De tout, d'aujourd'hui. Tant mieux, parce que si nous étions objectifs et nobles, nous devrions aller vite nous  enterrer quelque part, pour éviter de mourir de honte sur place. S'enivrer d'un autre, vous en conviendrez, c'est s'enivrer de la possibilité de lui appartenir, chose qui n'est pas une mince affaire (affaire à faire d'ailleurs), en particulier pour les personnes qui tirent l'arcane du Diable lorsqu'elles se trouvent face à leurs visions de l'avenir. L'avenir, je ne pense jamais au mien personnellement, en revanche je vois celui collectivement, et ça m'enivre. Si tu savais. Si tu pouvais savoir. A quel point. Je le sens vibrer, trembler, en jouissant, moi c'est plus tard, ou avant, ça dépend, parfois en même temps (plus rarement, mais ça arrive). Oui, j'ai abattu toutes les folies qui se mettaient en travers de mon chemin, parfois même avec courage. Oui, j'ai pensé que ces couleurs pourraient être intéressantes. Donc je sais ce que je dis : sa texture est la même, mais pas totalement. C'était toujours pareil avant, et toujours nouveau en même temps. Les gens qui se plaignent de leur conjoint, ou qui s'en lassent, tout en restant avec ne comprennent pas leur narcissisme. Et encore moins celui des autres. Il m'embrassait et je caressais son sexe avec douceur, il était sur moi, il souriait, il était heureux, il avait envie, très envie, très besoin, aussi. Envie, besoin, et l'amour avec, qu'est-ce que tu veux que je te dise, c'est la Petite Mort, c'est comme ça, c'est moi qui vais mourir d'une petite mort. Et tant mieux. Je ne vais pas jouer les Joséphine Baker avec des bananes autour de la taille et des seins nus pour dire qu'un homme, c'est bon à baiser. Parfois. Souvent. Lorsque de voyages, ils reviennent. Autrefois l'homme chassait le mammouth, aujourd'hui il va faire un voyage d'affaire à New York, tu parles d'une grande évolution. Mais son sexe tient toujours bien dans ma main, j'aime qu'il soit si épais, si long, mais pas trop non plus, je n'aime pas les sexes trop grands, trop pointus, ça me déçoit je trouve ça trop moche. Je parie que les femmes touchaient les sexes de leurs poilus (à chacun sa guerre) à l'époque des mammouths. Les français sont très hypocrites sur le sexe parce que ça les fait flipper (et nos mères, aussi), sinon ils ne croiraient pas ce qu'on leur dit sur leur qualité d'amant formidable et romantique, cliché qui sévit encore beaucoup dans un certain monde anglo-saxon. Celui qui m'embrassait, en me déshabillant sur le lit, déjà dans le salon, avait très envie, à peine rentré, à peine montré les cadeaux, à peine... A en perdre haleine. C'est comme une liqueur, dans la tête, et on n'en peut plus, on voudrait que ça continue et que ça s'arrête en même temps, mais on souhaite plus que ça continue, la balance penche en faveur tout de même. Le parfum de l'autre, peut-être que votre odeur lui fait le même effet. J'étais fraîche, ça tombait bien. Gisèle ne me faisait aucun effet, je couchais avec elle mais c'était juste pour me divertir alors que je pensais pouvoir accepter son amour et oublier le fait que je n'avais aucun sentiment pour elle, c'était chiant comme la mort (ou comme la Maison des Morts, c'est à l'avenant). Je me sentais fraîche avec lui et mon sexe finalement, avait envie du sien. Il faut que je sois honnête. Comme je l'étais avant, au début de ce blog, ce qui faisait un tout vraiment touchant, un peu "minette en perdition" mais j'assumais honorablement, et mieux que la moyenne, que la grosse moyenne sur le net. Il faut être honnête. L'arcane du Diable peut-être que je vais cesser de la tirer. Les champignons dans le sachet plastique, j'aurais dû les mettre aux toilettes depuis longtemps, et tirer la chasse d'eau trois fois dessus. L'odeur d'un homme provoque les mêmes effets que les champignons, certes beaucoup moins forts. Mais ce que j'ai traversé avec les champignons, et les résidus sur plusieurs jours, c'était peut-être après-tout trop artificiel, ou alors trop inaccessible pour mon cerveau humain, pas assez reptilien pour faire partie des grands de ce monde. Cet homme avait besoin de moi, pour faire l'amour, c'est assez touchant à notre époque, Franck dit qu'elle est putréfiée cette époque, et bien justement, autant y aller, elle est unique, d'un point de vue humain. Autant se laisser enivrer, sûrement par le Diable, qui d'autre habite dans la Maison ? Je me dis parfois : vas-y et arrête de couiner, de pleurer, je pleurnichais trop (mais la sensibilité n'est pas  un défaut même si elle s'exprime d'une manière hazardeuse), je parle de moi là bien entendu, je ne fais que ça vous savez bien. Moi je moi je tout le temps, vous le savez, vous, hein, petits malins que vous êtes, que moi je, ou que "je" c'est parler de soi. Vous êtes si braves et si logiques, je vous félicite. Vous avez toute ma considération, toute ma sympathie. Mais pas mon respect, je regrette. Totalement. L'odeur qui envire (enivre c'est mieux Angeline), et son sexe en moi, et toutes les choses qui explosent en couleurs, dans la tête, tout ça c'est peut-être biologique, que biologique, mais... Il me regardait avec des étoiles de David dans les yeux, il me regardait et je voyais quelque chose de différent, il était parti sans, il est revenu avec une nouvelle flamme dans les yeux. Une nouvelle flamme et plus j'essayais de comprendre la nature de cette nouvelle flamme, moins j'arrivais à prendre mon plaisir, qui pourtant était bien parti pour continuer d'exploser dans mon esprit. Son corps, la texture, comme avant, certes, mais avec un changement. Et ses fesses... Je conduisais et j'avais envie d'éclater en sanglots, je ne savais pas trop pourquoi. On ne sait pas toujours pourquoi. On le sait au fond de soi mais c'est impossible de le dire pourquoi, parce que ça dépasse l'entendement de la communication, la communication est une abomination. Etant donné quel monde elle donne (même si j'entends déjà d'ici les "tout le monde fait ce qu'il peut", à l'évidence une certaine catégorie sociale ne fait pas tout ce qu'elle peut, ni tout ce qu'elle devrait faire). Et comme cela faisait longtemps que nous n'avions pas fait l'amour, nous sommes restés ensemble longtemps dans le lit, en fait au restaurant, il me regardait avec amour, et il buvait, il voulait boire, parce que je ne bois jamais, et puis je prenais le volant. J'ai pensé : s'il savait que j'ai pris le volant complètement high et que  j'avais la sensation qu'on me suivait sur la route et par satellites... Cette idée, qu'il puisse savoir ça me brisait le coeur. Parce que je me rendais compte à quel point cela pouvait le décevoir. Pire : que cela le décevrait assurément, s'il venait à l'apprendre. Mais il n'y avait aucune raison que j'en parle. Puisque j'avais tout jeté (presque tout, un pas à la fois). J'étais à côté de lui, dans ce restaurant, il me prenait la main sous la table, ou la posait sur ma cuisse, et c'était peut-être la première fois où je me rendais compte que j'étais enveloppée sainement de son amour. Et ce n'était pas un choc, ni une grande révélation, mais peut-être que c'était assez difficile de constater, que finalement, pendant plus d'un an maintenant, j'avais fait en sorte que je ne puisse rien voir d'autre que mon propre chemin de nuit, éclairé à la lampe électrique en fin de batterie. J'avais l'impression de lui faire un coup dans le dos, avec mes petits trips de drogues, qui n'étaient rien du tout en plus. Ce n'était vraiment rien du tout. Mais si c'était vraiment rien du tout, ça ne me donnerait pas l'impression de lui mentir, ou de mentir à notre couple. C'était étrange, le bonheur de le retrouver, de le revoir, d'apprendre le nouveau son de sa voix que je n'avais pourtant pas oublié, on n'oublie pas en deux mois, pas aussi vite. C'était étrange de ressentir ça et d'avoir cette culpabilité idiote (ou pas) sur les épaules. Je ne m'étais pas vue de la même façon en étant infidèle en 2006, d'ailleurs j'avais à peine culpabilisé, pourtant je l'aimais. Pour moi, l'Artiste c'était rien, rien d'autre que du sexe, peut-être que je vérifiais avec lui que je n'étais plus tout à fait une putain, une putain qui l'avait été à un âge (20 ans) où normalement on devrait avoir mieux à faire que de vendre son sexe. Mais aujourd'hui, j'étais loin de ça. Et ça ne m'empêchait pas de lui faire l'amour, et d'être bien, mais j'avais envie de pleurer, comme ces mères qui pleurent lorsqu'elles font une fausse couche. Je n'ai pas beaucoup pleuré pour ma première grossesse, à peine commencée déjà terminée, peut-être que je pleure maintenant pour ça, et que j'en sais rien en fait, parce qu'on ne sait jamais rien, jamais. Quand le vivant est convoqué dans le chemin de Dieu... J'ai tiré l'Arcane du Diable, et elle était à l'envers et à l'endroit en même temps. La question que tu dois te poser, dans les ténèbres maintenant c'est : comment est-ce possible ?

C'est une sorte d'amour aveugle, son intérêt est aveugle. Désintéressé. Mais ça n'en fait pas une pierre précieuse pour autant. J'ai pris le problème à l'envers, à l'envers de moi. Il n'existe pas d'endroit avec moi pour autant que je le sache. C'est comme une de ces musiques sirupeuses... Je me trouvais face à lui dans le restaurant, il me parlait mais j'écoutais plus le timbre de sa voix que ce qu'il avait à me dire. C'est souvent pas important, ce qu'ils vous disent, les hommes que vous aimez, ou que vous aimez simplement mettre dans votre lit. Ou simplement, les hommes dont vous êtes amoureuse, si le mot veut encore dire quelque chose aujourd'hui. J'aimerais tant qu'on me dise que oui, que ça veut encore dire quelque chose, et que la signification est impossible à formuler, comme toutes les choses que l'on possède parfois en soi, au fond de soi et qui ressortent en pleurs. Et même qu'on vous demande : pourquoi tu pleures ? Comme s'il fallait absolument une raison. Et vous dites : j'en sais rien. Je ne sais pas pourquoi je pleure. Vous le dites ou vous le pensez. Et vous savez pertinemment que même si vous ne dites rien, dans tous les cas, on ne vous croira pas. 



Interrogation

19680883

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