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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
10 décembre 2007

Terre l'hypocrite

sleep9_l

Qu'est-ce que tu veux que je te dise, je suis tombée dans ton piège. C'est tout. Je m'en rends compte. Ce n'était pas nécessaire d'aller de l'autre côté de la rive pour me le montrer. Me le démontrer. Me prouver quelque chose. Je sais que ce n'est pas ça. La réalité n'est pas celle que je voudrais. Et je crois que c'est une chose qui est valable pour les trois quarts de la planète. Voire plus encore. Je n'ai pas voulu tout ça, pourtant je suis tombée dedans. Je croyais ne pas pouvoir être à la hauteur il y a un an. A la hauteur de ce que tu ressentais pour moi, de ce que tu voulais. Je sais que ça n'a pas grande valeur ce que je te dis là. Ce que je t'écris. Mais il faut que ça soit écrit. Je regarde l'explosion atomique depuis trop longtemps, et de trop haut dans le ciel. Cette position n'est pas agréable et la plupart de ceux qui me voient à cette place se font des idées sur les effets qu'elle produit. M'occuper de toi finalement, pendant une année, c'était idéal, ça me permettait d'écrire. Mais avec le recul, ce que j'écrivais de meilleur dans mon esprit, dans mon coeur, c'était quand nous faisions l'amour. Excuse mon ton tragique, ce n'est qu'une apparence. Il ne faut pas se fier aux apparences, ça ne veut pas dire pour autant que je souhaite être légère. J'ai du mal de supporter ton absence, et en même temps j'en suis plutôt heureuse. Cela remet des choses à plat. Cela me permet de repenser à d'autres qu'à toi. Les hélicoptères et les avions continuent de passer dans le ciel, parfois en les entendant je pense encore plus à toi. Tu as pris toute la place. Toute la place en moi finalement. Et ça m'a fait du bien, mais le meilleur livre que j'écrivais, c'était lorsque tu me faisais l'amour. Je m'en rends compte avec le recul, même mes notes ici en pâtissaient. Pourtant je les trouve de mieux en mieux avec le temps, dégraissées. Le reste importe peu. Ce n'est pas la nympho qui parle, par procuration. Ce n'est pas la jeune fille d'il y a six ans qui t'attendait quand ta femme ne te supportait plus, parce qu'elle avait trouvé votre fils plus attirant. Excuse-moi encore pour ça, c'est une manie que j'ai. Elle a tendance à disparaître pour un regard plus fixe, plus calme, plus posé, c'est encore une de tes réussites sur mon compte. Je ne sais pas où... Tu ne voulais peut-être pas me changer, en fait je crois que si. Que ça t'a traversé l'esprit à l'époque où tu voulais un enfant. Un enfant pour bien fixer les choses. Pour... Ou alors simplement pour avoir un enfant. Avec moi. Je suis contente que tu n'aies pas insisté, je suis contente que tu ne sois pas parti lorsque je n'ai pas céder. Lorsque je n'ai pas céder et que finalement, je suis tombée enceinte. Cette année a été tellement longue. Tellement courte en même temps. Tellement rude et tellement douce. Tellement compliquée et tellement simple. Je crois que tu as vu que me changer n'était pas nécessaire et pour ça je t'en remercie. J'ai rencontré beaucoup d'hommes avant toi qui préféraient penser que changer leur partenaire était plus nécessaire que de changer eux-mêmes et s'adapter. S'adapter aux manques et aux inefficacités de l'autre. A son histoire tordue. Trop tordue. Tu m'as regardée avec les yeux de l'amour quand je t'ai dit que j'avais couché avec mon oncle, quand je t'ai parlé de ça à l'époque où l'amour n'était pas mon métier mais le sexe oui. Désolée de verser dans le témoignage, j'ai toujours cherché à faire du témoignage une littérature, plus exactement, j'ai cherché à lui injecté de la littérature pour le contaminer complètement, le contaminer de littérature, j'ai toujours fait une satire du témoignage mais je crois que j'ai finalement échoué, je suis tombée de mon fil, et mon ombrelle s'est couverte de mon sang. J'ai éclaboussé ton visage. C'était bien les yeux de l'amour quand je t'ai dit ce que j'avais fait. Tu n'y croyais pas, avec le temps, le temps qu'il t'a fallu, pour y croire. Pour penser que c'était possible de s'en sortir, les pires criminels ne se font jamais arrêter, et je ne suis pas le pire. J'ai eu de la chance. Personne n'ira pleurer sur lui, et dans quelques générations, quand je serai morte et oubliée, comme toi et comme ceux qui sont en train de me lire, parlant de toi, à toi, tout cela n'aura été qu'une vaste blague trop sérieuse pour être comprise dans son moment d'existence, son heure, son accomplissement. J'ai hâte d'y être, dans quelques générations, si les quelques générations survivent à cette explosion nucléaire, qui ne me donnent pas envie de redescendre. En bas il y a l'aveu, la confession du Prêtre, et je suis spirituellement au dessus du Prêtre, le Prêtre qui n'assume pas ses érections. Désolée. Parfois je dérape, je dérape souvent en fait. Souvent sur des choses sexuelles et religieuses, je te demande pardon. Je mélange les deux, ce n'est pas très original mais pourtant j'y trouve mon chemin. Je sais que ce sont des conneries mais une partie de moi, tout au fond de moi, refuse de l'admettre. Une partie de moi trouve que ces conneries n'en sont pas, et qu'elles ont leur place dans la langue. Ta langue a changé mon verbe. Tes yeux n'étaient pas marrons, à l'époque où mon métier, ce n'était pas l'amour mais le réconfort. Les yeux des hommes qui venaient étaient presque tous marrons. Ou roses. Mais les tiens : non. Ils sont très vite devenus... Ils étaient les yeux de l'étonnement, de la découverte, de la tristesse. Tu cherchais à me réparer, en me parlant de toi. Te réparer en même temps, parfois les gens ne supportent plus rien, mais ils résistent, c'est ce que font la plupart. Même ceux qui suicident leur corps résistent en quelque sorte. Combien de suicides sont des actes d'amour pour l'entourage ? Quand tu as compris que cette idée n'était pas la bonne pour moi, j'ai perdu ton enfant, dans une flaque de sang, à une époque charnière, une époque charnière pour moi : le début de l'été. L'attente d'adolescente de l'époque, les grandes vacances, et aller là-bas, au bout de l'Espagne. Retrouver mon premier amour, hélas. Quand je t'ai parlé de ça, tu m'as regardée avec les yeux de l'amour, ça n'a pas changé. Tu n'as pas changé ton regard sur moi. Tu n'as pas eu peur, en te disant un truc lâche, en te disant : oh là là, elle est détraquée. Un truc de faible, qui baisse les bras avant même s'être levé du lit. Tu savais que je n'y étais pour rien, tu n'inversais pas les rôles, et surtout : tu ne me victimisais pas plus qu'il ne le fallait, chose que je ne pouvais supporter. J'avais rencontré des hommes avant toi, des relations insignifiantes, des hommes plus vieux que moi pourtant, la plupart trouvaient que je m'en étais bien tirée, certains essayaient de me réparer, d'autres avaient la trouille, d'autres encore étaient excités par ça. Toi, tu te trouvais bien au-dessus de tout ça. Aucun n'avait de tendresse ni d'écoute face à ça. J'avais toujours écouté ce qu'ils avaient à me dire, pourtant. Je t'ai aimé très vite, je t'ai aimé tout de suite, avec le recul. Quinze ans finalement ce n'est rien. De différence. Et finalement la façon dont tu intègres le social non plus. Car tu l'intègres d'une manière qui me répugnait avant. J'ai eu de la chance, avant, je t'aurais ignoré, je t'aurais rejeté pour ça. T'oublier, à mon départ de Paris, changer de vie, six, sept mois après mon métier qui n'était pas l'amour (d'après ma propre expérience bien sûr, inutile d'inviter les hystériques militantes pour le droit des femmes à disposer de leurs corps venir pester contre cette remarque, ou même les hystériques de la morale bien-pensante qui auraient par hasard la mauvaise et très fâcheuse idée de m'intégrer dans leur camp du bien) ça n'a pas été difficile, j'avais fait le deuil de beaucoup de choses, et de ma vie aussi. Ma seule amie était l'écriture. Même pas lire des livres, ça venait bien après. Mon seul rapport à la réalité, c'était d'écrire. Je ne savais faire que ça qui me gardait, et qui provoquait chez moi l'étincelle que d'aucuns appellent la vie. Etre en vie, respirer, expirer, sourire, rire, avoir l'oeil lumineux, ou au contraire abattu. Toutes ces choses si humaines et si dégoûtantes encore aujourd'hui, sentiment qu'il m'est difficile d'évacuer. Mon dégoût pour l'humanité, et aussi, sa double-face, mon profond respect pour cette dernière. C'est presque mystique, je sais que tu crois en Dieu, je sais que tu en parlais quelques fois après l'amour. Cette année, le meilleur livre que j'ai écrit, ce n'est pas celui que j'ai envoyé aux maisons d'éditions aveugles et sourdes commes dirait Francis (mais il ne sait pas de quoi il parle, d'ailleurs il ne parle qu'avec lui-même), c'est celui que j'avais dans la tête, dans le coeur, dans le corps, quand je te faisais l'amour. Tu es le seul homme qui en me pénétrant et en gardant ta place d'homme aura su me donner le sentiment irrépressible que je te faisais l'amour tout autant que tu me faisais l'amour. Les autres en pénétrant ne se masturbent frénétiquement. C'est très étrange, c'était très nouveau. A l'époque où mon métier n'était pas l'amour, je percevais ça mais j'étais bien incapable de m'en rendre compte : je n'habitais pas mon corps complètement, mon esprit était à côté, cherchait à s'enfuir. Tu sais bien. Tu avais cette chose en plus qui faisait toute la différence : tu me respectais, pas comme le client habituel, humain, qui croit respecter la pute alors qu'il ne fait que la renvoyer davantage, avec sa compassion, dans son rôle de pute. Le client habituel qui se croit humain, ça arrive, et qui te fait croire que tu es une personne humaine normale, alors que tu pompes des mecs à la chaîne et que tu dois jouer leurs filles cochonnes dans des scénarii (scénarios on peut dire maintenant ?) tous plus débiles les uns que les autres. De telles filles ne seront jamais des personnes humaines normales, de même qu'un soldat, qu'être soldat est très noble en soi, et c'est très beau dans le Tragique, mais ce n'est pas exister en être normal je regrette Commandant en Chef de la Police, Benoît. Claude avait raison sur les noirs, puisqu'il est noir lui-même. Tu me respectais c'était donc la chose en plus qui faisait la différence : pas de compassion à la petite semaine. Pas les petits chemins habituels du comportement en société habituels, qui ne provoquent que des pourritures, et pas de choses nobles, et que des catastrophes car rien ne débouche finalement, et moi je suis une personne qui a besoin d'or pour vivre, sinon ce n'est pas la peine. Je peux vivre dans la boue et le noir et le vide, seulement si on promet de l'or, et tu es un homme qui promet bien plus que de l'or : tu m'as promis l'univers entier, sans le dire, sans le comprendre peut-être même. Sans le voir si ça se trouve. Chaque année, depuis cinq ans, les choses vont de mieux en mieux dans mon coeur et je sens même le pardon arriver, le pardon non plus pour Antonio, ce qu'il m'a fait, car pour ça, je crois que depuis longtemps je lui ai pardonné (d'ailleurs c'est scandaleux, je n'ai pas le droit, après ce que je lui ai fait, de lui pardonner, mais je crois que seuls les vivants peuvent donner leur avis, en tout cas plus facilement que les morts dans le monde des vivants, dans cette petite maison faite de briques et d'explosions nucléaires souterraines, alors je vais m'octroyer ce droit, avec toute l'arrogance, la suffisance et le culot qu'il se doit, que seuls peuvent se permettre les auteurs d'un crime parfait), et je lui ai pardonné avec amour et dans mes rêves il est venu me dire lui-même, me demander pardon. Certains rêves ne trompent pas, ce n'est pas pour rien que j'ai rêvé une semaine avant du crash du Concorde, ce n'est pas pour rien que j'ai rêvé fin août des événements de New York en 2001. J'en ai parlé dans un site sous un pseudo masculin et ils m'ont dit que beaucoup de gens avaient rêvé des mêmes choses avant qu'elles ne se produisent, eux aussi. Il est venu me pardonner, tu sais, et je lui ai dit : ça va, ça va aller. Sur la plage. Ensuite j'ai rêvé de lui dangereux, mais je crois que ça vient de moi là. Je sais que toi tu crois en Dieu, en un Dieu quelque part dans l'univers, tu en parlais parfois après l'amour. Dans un moment où, débarassés de la tension sexuelle, on a tendance à être bien et frivole juste ce qu'il faut. Je crois que je ne me suis pas pardonnée, c'est ça qui est vrai. Dans ma personne. Pas ce que je lui ai fait, c'est une autre histoire, à part, et je crois que c'est le démon en moi qui se réjouit et qui se réjouira toujours, mais ce qu'il m'a fait, je ne me suis jamais pardonnée, d'avoir été une jeune fille si naïve, si innocente, si douce, si indulgente, si faible. Si timide, si effacée. On peut dire qu'il m'a vaccinée pour toute la vie, ce brave Anthony, de tout repli sur soi. Replier, déplier, l'homme et uniquement l'homme se déplie, il y a une fenêtre, une fenêtre ouverte dans ton thorax, qui mène je ne sais pas où, je ne sais pas trop où ça nous mène. Probablement la destruction du monde, de nos corps, de la folie, de la raison. Tout ça importe peu. Ce qui importe c'est ton regard, porté sur moi. Le Christ n'a pas autant d'amour pour moi que toi, c'est un fait, et je le sais. D'ailleurs le Christ je l'emmerde, il est gay. Il faut être gay pour mourir pour toute l'humanité, et il faut être gay pour avoir des images de lui ou de sa mort dans son domicile. Je le sais. J'ai connu beaucoup de gays à Paris qui croyaient en Jésus Christ. Alors. Excuse-moi. Je m'égare encore. Ce sont ces satanées manies, qui sont difficiles à contrôler. Comme une marionnette, elles me gâchent. On trouve toujours quelque chose qui pourrait nous gâcher. Je trouvais toujours quelque chose qui pourrait me gâcher, c'était ma raison de vivre même. Et puis tu es arrivé. Et il n'y avait plus de raison de se gâcher : il y avait raison à aimer. Ecrire était toujours important, mais c'était comme faire vivre dans mon coeur deux amours à la fois : ce n'est pas simple. Etrange compétition. Etrange cohabitation. Heureusement que les femmes qui parlent politique ne sont pas autant ridicules que les hommes. Heureusement que les hommes sont souvent moins violés que les femmes par d'autres hommes. Heureusement que certaines filles n'ont pas cette pulsion, de choper un mec dehors et de le sodomiser jusqu'au sang avec un gode. Heureusement que l'Atlantique se traverse et que le soleil brille, même quand il fait nuit et qu'on pense qu'il ne brille plus, simplement parce que nous sommes du mauvais côté de la Terre. La folie, la raison, pendant ce temps-là, elle tourne. Je suis heureuse que tu reviennes en janvier, le 5. Je suis heureuse de te connaître et de t'aimer, et de savoir que la distance nous fait mal, je suis heureuse de ça aussi. Elle pourrait nous faire du bien, un bien suspect, mais le bien qu'elle fait n'est pas suspect, il est normal. De mon côté. Je tiens à te rassurer, c'est d'autant plus facile que c'est d'une lâcheté sans nom : tu ne liras pas tout ça. Depuis un an, tu ne lis plus ce que j'ai dans la tête, et que je tente bien maladroitement de poser ici : ça fait du mal tu m'as dit, et ça assombri les choses. D'autres ont posé des plaintes également à ce sujet, un peu de lumière Angeline, ouvrez les fenêtres : ceux-là mêmes n'avaient aucune fenêtre dans le thorax. Ou alors, c'était le genre : je vous désire, j'ai envie de vous proposer ma queue à manger, donnez-moi l'adresse d'un hôtel parisien, on s'y retrouvera et on fera l'amour. Ou bien on me traitait de garce et de dinde. Mais ça va ceux-là, tu sais pourquoi ? Parce que c'était des aveuglés, forcément, ils avaient et ils auront sans cesse des difficultés à l'admettre, et je n'ai rien à voir dans ces phénomènes. De plus, ça sera toujours simple et aisée de me prendre pour une dinde, surtout quand j'ai remis en doute leurs capacités à gérer leurs idées (brillantes, bien sûr) et le manque de virilité de ces dernières. Je ne suis pas surprise de leurs réponses : elles sont à leur image. Heureusement, tu n'es pas ce genre d'hommes ordinaires. Qui, pris en défaut, tentent l'insulte au cas où ça marcherait en dernier recours. Tes intentions ont toujours été claires : surtout lorsque tu me faisais l'amour. J'ai écrit, nous, je devrais dire, le meilleur livre que j'ai jamais fait. A deux. C'est pourtant impossible dans mon esprit d'écrire à plusieurs, c'est nul même je trouve.  Et bien je l'ai fait à chaque fois. Je le racontais parfois ici, j'en parlais, je me disais que c'était... La vérité se trouvait certainement là. Mais malheureusement les scientifiques monopolisent le terrorisme intellectuel (de quoi je parle ? Laisse tomber, Denis) et le bon goût, ainsi que le mauvais, donc, en ces temps froids et détestables pour ceux qui croient encore à quelque chose lorsqu'ils écrivent, j'ai... Laisse tomber. Tout ça ce n'est rien. J'ai besoin de te sentir, de te toucher, et j'attends avec quiétude, et je suis fébrile parfois. Et je ne comprends plus très bien l'usage de mon sexe dans le regard de l'amour, que je voyais souvent dans tes yeux, en me demandant parfois pourquoi. Attends, je recommence au lieu d'effacer : je ne comprends plus très bien l'usage de mon sexe, sans ta présence, sans ton regard de l'amour, que tu portes constamment sur moi, même à distance. Parfois je me demande pourquoi. Pas de faux-romantisme, pas de romantisme tout court : ça doit être plus chaud que ça, plus chaud que les mots, tu vois. Plus chaud que nos corps, lorsqu'ils ne font qu'un seul soleil, et que tu es en moi, et que je te fais l'amour. Je te fais l'amour même en pensant à toi, même en t'évoquant maintenant, toutes ces choses que tu ne liras pas, parce que c'est comme une éclipse permanente ici, c'est sombre mais c'est pas la nuit, pas vraiment, c'est mon coeur, je n'y peux rien. Le soleil n'y peut rien, je te fais l'amour, tu vois. C'est en dehors de la passion que se passe ce chemin, c'est assez perturbant et exaltant et je peux pas m'enfuir. Cette fois. Je ne peux pas et je ne pourrai pas. Je sais que pour toi, à quarante et un an, c'est différent, et tu es quelqu'un de différent, tu es quelqu'un qui n'a pas peur de la bête immonde qui habite les hommes et ce monde. Tu vois, je dérape encore, j'ai gardé des choses encore de ce passé... Que j'ai presque tué entièrement, mais c'est impossible, il garde toujours un organe de rechange, pour survivre. Survivre à nos coups de couteaux, à nos seringues de poison. Comment fait-il ? Comment ça se fait ? C'est dommage que ça se fasse comme ça. Il aurait fallu d'autres plans, j'aurais prévu d'autres plans, moi. Bref, peu importe. Je suis désolée de t'avoir parlé comme ça, je sais que tu supportais avant ce que j'écrivais, tu as arrêté de le supporter quand j'ai commencé à être moins capricieuse dans l'écriture. Mais fondamentalement... Tu sais, je peux encore m'améliorer, mais je vais te dire : je suis soulagée que tu ne me lises plus depuis un an. Même si parfois, tu m'as fait comprendre qu'en cachette... J'ai hâte de savoir quel livre je vais écrire l'année prochaine, qu'est-ce que ça va donner, si je vais encore écrire, si je vais devenir quelque chose de complètement mauvais, ou de complètement bon, si ça peut se quantifier en ces termes, si ça peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, la justice a bien sa balance, elle, pour ce que ça sert. Même si cet homme, dont le métier est d'écouter les gens, m'a dit : je n'ai pas le droit de trahir le secret professionnel de mes patients, sauf si un juge le demande par voie légale, je lui avais demandé, je le savais pourtant. Il s'est demandé : pourquoi elle demande ça. Ou au contraire, il ne s'est rien demandé. Je me demande si tu vas bien. J'avais envie de lui dire. Comme j'avais eu du mal à vivre pendant toutes ces années, avant toi. Et comme l'écriture avait été la personne qui m'avait véritablement aidée sans réellement le faire, j'avais dépassé depuis longtemps le stade du "je raconte explicitement ce que je fais dans la vie pour me sentir bien". Je n'ai pas envie de relire tout ça (c'est faux, je vais relire quand même, hélas en oubliant des coquilles ici et là), tant pis pour les fautes d'orthographe que je ne ferais pas ailleurs, tant pis pour celles que je fais habituellement sans m'en rendre compte, tant pis pour les non-sens de la confusion, tant pis pour les fautes de frappe. Tu es mon amour. Tu es mon homme. Tu es mon soleil. Je crois que je ne te le dis pas assez. Même au téléphone, avec l'Atlantique entre nous. Je crois que je ne te le dis pas assez.


tchernobyl

19680883

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Commentaires
S
Beau texte. Beau com. Salut Angeline.
J
et soudain le bonheur devint perpendiculaire à son emerveillement....<br /> <br /> je ne sais pas...cette phrase me vient à la lecture de tes mots...<br /> <br /> Une concordance d'émotions peut-être,meme si rien ne peux se figer dans l'explication ici...<br /> <br /> un changement en tout cas. je crois.<br /> <br /> :-)
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