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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
6 novembre 2007

Synarchie

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Alors là-dessus je rejoins Prévert
Le temps des Cerises, ce que ça vaut
Quand la chair est tombée par terre
Démerde-toi avec les noyaux.

Marie Cherrier, Le Temps des Noyaux


Haut dans le ciel, tu perdures. Tu montes. L'ascension se fait, doucement, en douceur, la libération est à moi. On se libère toujours des entraves des gens qui nous aiment. Pas toujours. Ils vous aiment, lorsqu'ils partent, les entraves tombent. La liberté revient, un avant-goût. Jean-Michel t'accompagne, l'ascension pour lui aussi. Pour lui. Je crois que c'est un homme qui a la foi. Ce n'est pas rare d'en rencontrer. Il a la voix, aussi, ça c'est plus rare d'en rencontrer. Assis à côté de toi son ventre est plein de merde. La veille il a éjaculé, probablement, dans le corps de Michelle. Les croix se mélangent. Ce beau petit chemin de croix était presque toujours ensoleillé, il avait été réalisé dans cette optique. Da Silva était là, dans sa robe noire, pour être plus femme devant le Christ. Le chemin de croix dans le sens du soleil. Les comètes du jour (les avions) passent, en laissant derrière elles des traces. Blanches. Toujours. Parfois les traces restent, la liberté est à moi. On se libère souvent des entraves des gens qu'on aime. Lorsqu'ils nous quittent. D'une manière ou d'une autre. /On apprend à vivre avec, ce n'est pas tant qu'on l'accepte. Ce n'est pas non exactement : tu n'as pas le choix. Bien sûr que si, tu as le choix. C'est la question du : il faut vivre avec. Il veut vivre avec moi. Mais est-ce que tu sais quel prix payer pour ça ? Mon coeur est dans ma bouche. Je mange très peu, je me sens bien, libre, mais je n'ai pas faim, la nausée est plus forte. J'aime les gens qui ont la nausée tous les jours. Pour des raisons autres que la maladie. / Moi je suis plus nuancé, tu vois, voire même plus lucide. C'est pour ça que j'interviens. En fait, j'interviens parce que tu me réponds. C'est aussi simple que ça. Tu aimes les filles qui interviennent, toutes les filles, toutes les femmes, les jeunes femmes. Heureusement Francis, tu n'es pas une saloperie de sodomite. / On donne aux autres ce qu'ils veulent entendre, ça dépend avec qui Matthieu. / Deviens ma femme, le temps d'une nuit. Deviens quelqu'un pour moi le temps qui suit. Entre mes bras tu apprendras un autre Eden, un autre Paradis. Un autre Enfer, aussi. Ben voyons. / Emile me manque, c'est le plus sensé, finalement, dans la maison. / Mais je reste avec toi, même si je serai loin. J'étais en larmes dans la voiture, soulagée que ça se fasse enfin, triste de le voir partir et soulagée de le voir partir, aussi, tout en même temps, les croix se mélangent. Se superposent. Je n'y voyais rien, mais ce n'était pas le pare-brise qui était sale : c'était mes yeux qui pleuraient trop. C'était bête. / Ce n'était pas comme s'il n'allait jamais revenir. Il y a toujours la possibilité, qu'il ne revienne jamais. Un accident d'avion. Un détournement d'avion. Un attentat terroriste. Qui a envie d'un nouvel attentat terroriste ? Pour parler liberté, un peu. Qui a envie de ça ? Non, bien sûr. Tu aimes les tomates, les tomates au pétrole, celles de ma mère sortaient de la Terre, et étaient plus humaines. / Il y a des gens qui sont bons qu'à regarder les photos, en souvenir. / Tu penses pouvoir supporter un mois et demi de masturbation ? Je ne lui ai pas posé la question. Il l'aurait mal pris. Souvent, ils le prennent mal, qu'on mette en doute leur fidélité. Leur virilité. Ou les homosexuels, leur féminité (sensiblerie pardon). Mais attention : ce n'est pas un dogme, c'est un consensus avec moi-même que je fais. Et puis je suis plutôt mal placée, pour parler fidélité. Je vais te trouver, dans mes rêves, malgré l'Atlantique. Malgré ce pays où tu es, qui mine cette planète de nombreuses manières, plus ou moins consciemment. Tu penses pouvoir supporter un mois et demi d'abstinence ? Voilà la question que j'aurais aimé lui poser. Plus que moins certainement. /La Synarchie, elle veut te prendre dans ses bras, mais à distance. Si tu ne fais pas partie d'elle. La Synarchie parfois me dit que j'ai tort. J'aime ça, Yves et Marc. /Je me demande à quoi il pense. A qui il pense. S'il pense à moi. S'il ne veut pas. Son père a téléphoné. Il n'avait même pas prévenu son père de son départ. Son père est homosexuel, je me suis souvenu de Jean, avec qui j'ai couché, qui aimait les hommes mais les femmes un petit peu. Sans savoir choisir. La bague offerte de l'époque était une métaphore. Et la perdre l'était aussi. Je pensais que tu le savais. J'ai pensé ça de toi en voyant, je t'avais fait confiance, je m'étais dit : toi tu comprendrais. N'est-ce pas, S. Mais je lui en voulais en fait, pour te dire la vérité. Toute la vérité, rien que la vérité. Son père me téléphone, Denis ne lui avait rien dit, rien du tout, de son départ. Son père l'avait dans la gorge. Son père est homosexuel, il a d'autres choses dans la gorge parfois. Mais je l'aime bien, il est gentil. Il est dandy. Il est coloré, dans sa personnalité, il n'ose pas trop aller au bout du déséquilibre. Il m'a dit : ah... Bon... Il ne m'a rien dit... Et vous avez un numéro où je peux le joindre.... Bloquée, je lui ai donné. Je ne pouvais pas faire autrement. Denis n'a rien dit comme consigne, concernant son père : nous avions oublié son père. Son père n'était pas assez terne pour être oublié pourtant. La gentillesse de ses sourires m'avait fait du bien pendant une heure un jour, je m'en souvenais encore. Mais dans la gorge, il avait quelque chose des fois. Il était très homosexuel, des chats dans la gorge. Il en avait. Il appelait son petit ami actuel : mon chat. / Si tu te touches au téléphone, alors je veux bien me caresser aussi pour toi. Je ne sais pas si c'est très sexy, par téléphone, mais mieux vaut ça que rien. Mon amour, ma chérie, je viens. Je te dirai quand je viendrai. Quand j'éjacule je te le dis : ils vous le disent comme si c'était la fin du monde, ou la lumière de l'oeil. Oui, ben c'est bien quoi, vas-y... On pense ça. Mais on joue le jeu parce qu'on est bête. Oui mon chéri, je mouille. J'imagine dans le futur du mois de novembre que ça m'arrivera. Encore. Désolée de parler de tout ça, j'aurais préféré parler de couture, de broderies. / Son métier c'est la banque, et ce sont les banques qui contrôlent le monde et ceux qui contrôlent les banques contrôlent aussi le monde. Je trouve ça dommage de suivre sans qu'on sollicite mon avis. / Certains hommes vous demandent des choses, mais pas les bonnes : tu aimes quoi ? Tu veux te mettre à genoux ? Tu veux bien m'aider à enlever mes chaussures, mes chaussettes. Ils vous regardent faire. Denis une fois, mais il était ivre. Cela lui est arrivé une fois, après une soirée : il a des responsabilités. / Sophie : "je ne t'en veux pas de ne pas être venue à mon mariage, mais j'ai été très déçue de ne pas t'y voir. J'aurais aimé que tu sois là, mais je te remercie pour ta franchise, même pour l'explication qui me paraît fumeuse. J'ignorais Angeline, que tu donnais parfois dans la fumisterie." / Et bien tu vois Sophie, personne n'est parfait, et surtout pas toi. / J'avais écrit une lettre, une lettre à la main, chose importante. Où je lui avais dit : je ne peux pas venir, nous ne pouvons pas venir. J'ai donné mes raisons : j'ai des soucis personnels, je n'ai pas envie de... notre amitié comptait beaucoup pour moi... Et puis il a envie de me marier.... Ce genre de choses. Je suis déçue que Sophie le prenne comme un narcissisme de ma part. Un narcissisme violent. Je ne passe pas mon temps devant le miroir, moi pourtant. Sophie, son mariage, je m'en foutais en fait, sinon j'y serais allée. / Mais tu as raison Marc, j'aime bien de loin, et de près aussi. Toute cette vaste étendue d'eau qui un jour augmentera, avec un peu de chance. Et submergera. On verra. Entre nous elle est là, dans l'état qu'elle. Cette vaste étendue d'eau. Dieu bouge-t-il encore parfois au dessus de la vaste étendue d'eau noire ? Il est si loin, comment faire ? / Je lui ai téléphoné, il m'a dit : mon père ? Mon PERE ? Deux fois, la deuxième fois, le mot PERE a été dit plus fort. Il n'en revenait pas : Je l'ai complètement oublié. Nous l'avons oublié j'ai dit, moi aussi, je n'y ai pas pensé. Je pensais à mon père mais pas au tiens. Il m'a dit : faut dire que ton père se fait oublier moins vite que le mien. Nous avons rit. / La complicité entre un homme et une femme est vouée à l'échec. Ou alors pas du tout. A la réussite. Il faudrait que je demande l'avis d'autres. Qui savent. / "L'autre nuit, je dormais et j'ai fait un rêve. Tu étais à côté de moi. Tu me caressais dans le lit de New York, là. Tu me caressais le torse, tu me suçais en pinçant mes tétons, c'est toi qui m'a appris ça, j'adore maintenant. Et puis ensuite on riait. On ne faisait plus rien de sexuel. On était juste ensemble. Je me suis réveillé en sursaut, j'avais la gueule dans le guidon. Et je me suis levé, presque à poils, j'ai marché dans tout le loft, et je t'ai cherchée dans le noir, et j'ai pleuré dans le canapé du salon, parce que je te cherchais et que tu n'étais pas là. Ton absence était terrible, pesante. Parce que tu me manquais, parce que tu étais si loin. Et dans mon coeur, donc si près. Bref, tu me manques. / Je sais, que je te manque. Je sais. Mais je suis allée voir mon père. J'ai failli rentrer dans trois camions. Et j'ai grillé un feu rouge. Je n'ai pas été arrêtée. Mon père était en forme. Je crois qu'il a une petite amie, parce qu'il me posait des questions étranges. Il y a des photos de maman chez nous encore, bien en évidence. Chez lui je voulais dire. Il a une petite amie. Il me demande : ce n'est pas trop tôt ? Je lui ai dit : par rapport à quoi ? A qui ? (Souvent, nous devenons les parents de nos parents, lorsqu'ils passent une étape). A toi et à ton frère. Je ne sais pas pour Thomas, mais pour moi, si c'est quelqu'un de bien, si elle en vaut la peine, si... Si elle te rend heureux... Je crois que maman n'aurait pas voulu que tu restes seul. Son visage crispé s'est détendu. Ensuite, il est allé me montrer les travaux qu'il a fait un peu partout. Je ne le prenais pas en pitié, comme je prenais ma pauvre mère en pitié, parce que je n'avais aucun autre langage avec elle finalement, sauf vers la fin. Mais c'est toujours trop tard, pour bien faire (non ce n'est pas vrai, mais ça arrive parfois). / J'ai parlé au barbu : mon compagnon est parti et je me sens libérée. Je me sens bien quoi. Je souriais. A la fin de la séance, une heure plus tard, un peu plus , je déchantais, mon sourire était devenu jaune, crispé, et je suis allée faire les courses que je devais faire. J'avais envie de téléphoner au barbu pour lui dire à quel point la séance de ce jour-là avait été merdique, avait été épouvantable, et que je ne le payais pas pour avoir pitié, ni même pour avoir un lien avec moi, autre que thérapeutique. / Les gens se relèvent. Ceux qui ont été tués se relèvent Martin. Ceux-là sont morts, et leur coeur est brisé, et tant qu'à faire à la vue de tous c'est peut-être mieux, c'est peut-être délicieux. Forcément, ils le sentent, se sentent concernés, quelque part. Cela aurait été ridicule d'appeler le barbu pour lui dire : merde. Votre séance d'aujourd'hui ne valait que dalle, je suis allée vide ailleurs, en gardant les morceaux de quelque chose qui a été cassé, recollé, recassé, etc. Ainsi de suite. Merde Docteur. Je souriais, à la fin de la séance je déchantais. Je me sentais seule au monde, il était loin. En y allant je me sentais libérée, en dehors de son amour, de l'emprise de son amour, c'était une sensation de légèreté, d'une grande pureté. Mais en fait, je me rendais pas compte que je me faisais un cinéma, la réalité était tout autre : c'était un poids, son absence. Et quel silence dans ce grand appartement. Comme s'il n'y avait eu que moi. Pourtant il y a des vêtements là. Des odeurs de lui, ses parfums. Ses crèmes à raser encore. Les baumes pour la peau, c'est un hétérosexuel très coquet. Il y a des traces de son passage, je cherche les fossiles, mais les fossiles viennent à moi, à quoi bon chercher ça ? A côté de lui dans l'avion Jean-Michel avait de la merde plein le ventre. Et souvent les gens qu'on croise, même ceux qui vous écrivent, parce qu'ils ne savent pas lire, ils ont plein de merde dans le ventre. Dans la ville en prenant des photos. La veille, ils ont éjaculé dans le corps de Michelle. Ou d'une autre. Ou alors dans une serviette blanche. Ils font un signe avant de décoller, car ils ont peur. Un signe religieux. En fait, ils se signent, c'est ça. / L'absence comme un poids, mais heureusement, on a inventé le téléphone et le net pour se parler et se voir. Merci Synarchie. / Mais ma chérie avec mon père, tu as bien fait, il t'adore. En plus, tu t'en fiches complètement qu'on te détruise ton amour propre, lui est pareil. Quoi ? / Alors-là dessus je rejoins Prévert, le temps des Cerises ce que ça vaut... Quand la chair est tombée par terre, démerde-toi avec les moineaux.


Eye_Maddie

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Commentaires
A
Vous vous adonnez à vos délices désespérement seul et vos ordonnances ne servent qu'à vous-même.
B
de s'adonner au pire avec vous. <br /> Ordonnance du jour : poursuivre dans la rage, arrêter la poésie.
A
pour arrêter ce cerveau pratique qui détecte les iris injectés sans espoir ? Comment arrêter ce sang qui déborde partout du cerveau pratique et pourquoi je continuerais à publier les uns hors-sujet quand d'autres font bien pire ? Délicieusement pire ?
B
saura arrêter sa rage et lui rendre espoir? Regardez son oeil, son iris injecté. C'est son cerveau qui saigne, le sang trouble son regard et menace de déborder. De se répandre dans les mots, sur le monde. Il n'y a que cela comme alternative à la gangrène, au pourrissement silencieux.<br /> Bien à vous.
A
Alors-là Francis va m'apprendre la vraie vie (c'est-à-dire la sienne, je suppose), donc oui, nous sommes dans la merde et je suis dans la merde. <br /> <br /> Mon Cher Francis, je ne te publierai plus pour un temps, et voici pourquoi : tu es hors-sujet, sans cesse. C'est dommage, mais je ne vois pas d'autres solutions. J'ai déjà un père Francis, et mon père vaut toutes tes grandes leçons et tes piètres certitudes. Mais ce n'est pas mon propos ici. Par amusement, par bêtise, par moquerie, tu souhaites être hors-sujet, c'est ton problème, je peux comprendre, c'est très difficile à lire. Mais je ne vais pas me fatiguer pour recadrer ce que tu racontes, qui n'a aucun intérêt pour ce blog, ni pour la vie de ce blog, ni pour ma vie propre, ni pour la vie en général dans l'univers. Imagine un peu l'intérêt de ta mission salvatrice : éclairer l'Angeline sur la vie, la vraie. Tes considérations sont invraisemblables. <br /> <br /> Bref, je publie ton commentaire là-haut parce que ça m'est utile et que souvent, j'utilise à l'avantage des billets les commentaires que je reçois, sinon aucun intérêt. Il peut être utile aussi pour toi, ou pour d'autres : n'entendre que soi dans le texte d'un autre est une chose incroyable qu'il est intéressant d'évoquer. <br /> <br /> Donc à l'avenir mon grand, ou tu dis des choses intéressantes qui apporteront quelque chose à tous les gens qui viennent ou qui tombent ici, ou des critiques de style à la limite pourquoi pas perdre son temps avec ça, ou alors tu vas sur un blog érotique, comme parfois tu me le mets en lien pour une raison qui m'échappe. <br /> <br /> Merci de la compréhension que tu mettras dans ce commentaire.
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