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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
3 février 2007

L'Effort potentiel

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Car le plus terrible c'est lorsque le sang coule. Et qu'une masse compacte encombre l'entrée. Directement. Lui : mais j'ai pourtant reconnu mes erreurs, j'ai arrêté de te mettre une pression inutile. Les enfants, avoir un enfant, un bébé, ça nous arrive à nous autres sur Terre, Angeline. C'est la marque de la bête. En quelque sorte. N'oublie pas la porte, derrière toi, si tu es en colère contre moi, non pas du tout, lui dit-elle, non pas du tout. Le ciel est le même. Que tout à l'heure. Chandeliers et petites rancoeurs sont rangées au placard, j'ai oublié ma ventoline, ma vaseline. Tes beaux yeux. Je voudrais parfois les oublier. Ce n'est pas une comédie, comme Nietz, la distance et le style j'en peux plus. J'ai eu mes veines sclérosées à force. Les mauvaises aiguilles, les mauvaises aiguilles tournent. C'est quand la fille sur le lit n'est pas d'accord de la position. De la langue. C'est quand la fille n'est pas d'accord que le professeur devrait intervenir, baisser son écran de tissu et nous dire que : le coeur pompe plus vite lorsque l'activité sexuelle est à son plus haut niveau. Le coeur pompe, en même temps que la parole de la fille, qui demande, elle pompe. Souvent. Car le plus terrible c'est lorsque le sang se met à couler. Là, pas moyen de l'arrêter, sinon peut-être faire appel à un chirurgien. Tu adorais te mettre dans la position qu'on te donnait, celle qu'on voulait consoler, parce qu'elle avait l'air d'un oiseau blessé, celle qui fait la chienne, parce qu'elle a les larmes aux yeux, à force d'avoir le fond de la gorge rouge... Mais il était sur le lit, et la pression n'était plus sur tes épaules, elle était dans le sang, peut-être que tu as eu tort d'écouter la voix du vent, peut-être qu'il ne faut pas y prêter attention, comme un écrivain professionnel de chez professionnel, qui publie depuis des années, qui n'écoute plus ce qu'on lui dit et surtout pas ses lecteurs, chez les amateurs, on peut pas s'empêcher de donner ce qu'ils désirent (de qui elle parle ?). Le ciel restera le même. Quand même. Car le plus beau c'est quand tu dors et que tu te retournes. Tes poils sur le menton, en une seule nuit c'est pas croyable. La création est belle je me dis. Comme une musulmane de base, qui voudrait imposer sa religion. Mais souvent plus les musulmans que les musulmanes de base. Les musulmanes de base adorent qu'on les tienne en laisse, avec le fond de la gorge rouge...Quand même. Même si le ciel restera le même. Impose-moi ta vérité, pourtant nous avons un futur en commun, impose ton savoir-faire mais pourtant nous avons un futur en commun. Même s'il n'est pas de vivre ensemble. Même s'il n'est pas de construire ensemble. Ne me tue pas. Le portugais n'a rien compris à l'injection mortelle que je lui ai faite. Mes connaissances en produits pharmaceutiques, mes constellations à Gérardmer par la suite...C'est terrible je me dis tout ce beau gâchis pour rien. Toute cette horreur pour rien. En même temps ça me donne envie de faire l'amour, j'ai le bout des seins et du coeur qui pointent, je n'en peux plus d'attendre ce pénis qui tarde à venir parce que, lui, aime à faire tarder, à faire retenir. A retenir. Tout le temps. Et cela m'exaspère. Comme cette faculté que j'ai, à ne pas mettre des paragraphes. G. Jean m'a dit qu'ils découragent même les lecteurs les plus assidus. J'ai tellement peur de te perdre que même quand tu retiens, j'ai envie de crier comme une louve solitaire. Ou quelque chose d'approchant. Tu me regardes et tu vois ton visage dans mon ventre, encore un signe. Un signe de quelque chose. Une chose qui n'est peut-être pas ce que nous voulons, ce que nous avons été, ce que nous sommes, ce que nous serons. Tout est potentiel, tu sais. Moi aussi. Je suis potientielle dans ton avenir, tu vas te lasser à force, de ma parole. Elle lasse je trouve. Moi la première, je suis lassée. Je vois tout en noir. Et pas la vie en rose. Les êtres humains d'avant vivaient mieux. Comme Edith. Pourtant j'y travaille, mais rien n'y fait. Il y a des forces qui sont plus fortes que nous, certainement. Et on a l'impression qu'elles sont très vieilles ces forces. Quoi nous-mêmes ? La fille n'était jamais contente alors elle est allée dans la forêt, ramasser des cocottes de pins. Pour les peindre ensuite. Faire des trucs et les poser sur des meubles dans sa chambre. C'est dans sa chambre que les viols se déroulaient. Moi c'était toujours à l'extérieur de la maison. Il ne l'aurait pas supporté. A l'intérieur. Sauf quelques caresses dans ma propre chambre, à l'intérieur de la maison, il n'avait pas la force d'aller plus loin que ça. Ou alors des regards insistants. Comme ceux de Denis. Qui veulent tout dire. Qui veulent dire : je t'aime, je crois en toi. Je pense que je vois mon visage dans ton ventre. Dès qu'un homme vous regarde comme ça, vous êtes cuite. Cuite. Cyclamate de Sodium, vous ne pouvez pas fuir. C'est terrible ce beau gâchis pour rien, vous vous dites. Vous vous sentez cuite et recuite, même si le ciel restera le même, même si après la mort de A. le ciel est resté le même. Même après la mort de ma mère, Alice, le ciel est resté le même. Etonnamment. Je pensais qu'il changerait. Au fond de la gorge, c'est rouge. C'est un fait mais le ciel reste le même. Des paragraphes, Angeline. Même Denis, sur le lit te le dit. Il te le dit de tout son corps, son coeur, lorsqu'il te prend, c'est une péripétie de roman presque, tellement ça explose dans la tête, c'est mieux qu'un rebondissement classique. Ce n'est pas classique. Tous les lecteurs pourraient donner des détails sur son pénis, en même temps non, ils ne pourraient pas. D'où le malaise. J'aimerais qu'il soit loin de moi, je pourrais écrire mieux. Au lieu de ne plus sentir sur mes frêles épaules la pression d'un mariage qui ne vient pas mais qui n'en finit plus de s'annoncer. Et le sentiment d'être montrée du doigt, par Dieu, le Destin, ou mon futur potentiel, je ne sais plus lequel croire, je ne sais plus très bien voir ni même regarder. Regarder. C'est ça. Dans l'écriture. C'est le plus important. Regarder. Non bien sûr. Ce n'est pas le plus important. Mais c'est l'une des choses les plus importantes. L'amour qu'il ressent pour toi parfois, le rend triste. Le savais-tu ? Non. Tu joues. Avec tous les degrés, toutes les températures, à je ne sais plus moins combien on est automatiquement gelé sur place. Comme dans ce film que j'ai vu récemment, j'ai oublié le titre. Comme dirait Piola, tu t'es baladé dans mon esprit, étrange qu'on ne s'y soit pas croisé. Cyclamate de Sodium, poudre de magicien, tu étais comme un musulman intégriste de base (un ami à moi m'a dit qu'ils le sont tous par nature, intégristes, que les modérés ça n'existe pas). Mais tu as amené ta dose, ta chose, ta pose, ta prose avec l'agilité d'un serpent vicieux, un Témoin de Jéhovah de base. En me détournant de mon sujet. Tu m'as fait l'amour. A plusieurs reprises dans une même journée lorsque tu ne travaillais pas, j'étais bien, mais épuisée. Peut-être qu'on s'attache trop aux choses matérielles, qu'en penses-tu Denis ? Même si tu vois ton visage dans mon ventre quand tu poses la main dessus. Que je suis fébrile. Que ce poids sur mes poumons, ce n'est pas seulement une bronchite. Même si je m'allonge à côté de ton fils, pour lui lire. Pour lire. Pour le faire lire. J'adore lire avec lui. J'aime beaucoup ça. Ensuite, lorsqu'il se couche pour de bon, je sors, et j'aime regarder par la baie vitrée le ciel. Hier soir, la nuit dernière il était complètement dégagé. Et même plus tard, dans la nuit, je me suis réveillée. J'ai rêvé que j'étais avec des gens qui voulaient m'emmener un peu partout. Je suis allée pieds nus dans le salon, j'ai appuyé sur le bouton et les stores sont montés seuls, pour, n'est-ce pas, plus de confort. J'en ai marre du confort, je voudrais aller vivre dans la boue avec ceux qui me ressemblent, ceux qui sont en bas, pas la France d'en bas, la Terre d'en bas. Il te faudra bien, Denis, un jour, penser en ces termes. Et le ciel était encore très clair. Et les étoiles peu  nombreuses mais belles. Et la lune accrochée m'éclairait. Je me sentais épiée. Je me sentais épiée par la lune. Sentiment étrange qui prouve que j'ai encore, quelque part, mon araignée dans la tête. Que je ne suis pas toute seule dans ma tête. Comme dirait quelqu'un que je connais. Et qui n'était pas, lui aussi, tout seul dans sa tête. Je caressais le dos de Denis qui fermait les yeux pour me parler. Je lui caressais les fesses. Doucement. Tendrement. Ensuite, sans prévenir, je les lui claquais. Alors il me chopait. Et tout tournait. Soudain. Tout tournait. La nuit je me levais, parfois je pensais, venant à peine de sortir de mon sommeil, je pensais à ma mère, je pensais lui téléphoner dans la journée. Et la douleur venait. Parce que je me rendais compte. Qu'elle n'était plus là. Des fois le corps ne se souvient plus que les autres ne sont plus là. Même des fois lorsqu'ils sont encore là, on n'arrive pas à s'y faire, qu'ils soient encore là. Du coup on voudrait appartenir au reigne végétal. On voudrait s'enfuir. Mais on ne peut pas, les autres sont là. Même si on s'en rend pas compte. Par égoïsme. La pression qu'il me faisait, pour un enfant, pour un mariage, pour une vie que je ne voulais peut-être pas, ne me manque pas du tout, pas du tout. Mais il a su se retenir. Retenir. Je venais de m'en rendre compte, hier soir entre sept et huit heures. Les appétits de Denis ne sont pas sans limites même s'il reste souvent insatiable. Il faudrait trois Angeline peut-être pour tout contenir de lui. Trois comme quoi, imaginez le délire, imaginez l'horreur aussi, le clonage n'a plus pignon sur rue, certainement parce qu'il est encore plus important qu'on l'entend ici. Le clonage et les maisons d'éditions, mais ces dernières ont encore pignon sur rue, notamment Gallimard, une bonne maison d'édition me disait Bernard récemment. Moi je tousse. Je tousse. Car lui : moi j'ai reconnu mes erreurs, j'ai arrêté de mettre sur ton dos une pression inutile. Je reconnais mes erreurs. Je sais que tu as souffert et je sais que je t'ai fait souffrir. Je vous l'accorde, ça fait très soap mais ça ne l'était pas en vrai. Enfin je crois. Mais il était là devant moi, comme un...enfant. Un vrai bébé, dans un corps de quarante ans. Des fois, les hommes, ils sont émouvants. Lorsqu'ils se complaisent et se plaisent à rejouer l'enfant, qu'ils ont gardé, par chance, au fond d'eux. Ils ne s'en remettent pas, alors pourquoi on reprocherait à la fille de ne pas se remettre du corps d'Antonio ? Elle ne l'aimait pas, on ne se remet pas des accidents de l'amour. C'était un amour pervers, et c'était un amour destructeur et étrange, un peu bizarre sur les bords, je vous l'accorde. Je l'ai assez décrit ici tous les jours presque, de long en large, de travers aussi parfois. Mais j'ai été frappée, en te regardant allongé sur le ventre, offert, je te caressais le dos, je te caressais les fesses, j'ai été surprise, frappée j'ai dit plus haut, de voir à quel point l'amour pouvait être vécu d'une autre façon, je n'avais connu que le rapport de force et j'ai tout perdu, même en gagnant, j'ai tout perdu. Même en supprimant la source de mon mal, j'ai tout perdu, j'ai perdu une partie de ma lumière, ce n'est pas un barratin, écoute, j'ai tout perdu, enfin non pas tout, on ne perd jamais tout tant qu'on peut voir le ciel, la nuit, les étoiles et la nuit, là, on sait qu'on n'a pas tout perdu, qu'on exagère certainement un peu, même si les choses sont noires, déjà, j'ai perdu une partie de ma lumière, c'est un vol pur et simple de soi-même et j'ai horreur de me voler des choses à moi-même. Faut être pas grand chose, non  ? Tes fesses sont si douces, ta peau est douce, j'aime beaucoup le lait pour le corps que tu mets, tu es un homme de quarante ans avec une peau douce. Et quand tu fermes les yeux, on oublie la pression, on oublie le trop plein de pression, que parfois, les hommes en général ont dans les couilles, ça fait mal, ils ont envie de donner, ils ont besoin de se sentir aimé, quoiqu'ils en disent, ils ont besoin de créer et de faire sortir d'eux, ce trop plein de pression, ce trop plein de problème. D'amour pervers peut-être. Je ne sais pas. Mais les quelques lignes de l'Artiste t'avaient vraiment mis en colère, tu es devenu autiste pendant une bonne trentaine de minutes, me répondant par monosyllabes. C'était horripilant. Moi qui te disais tout. Et bien là encore, ça n'allait pas, justement parce que je le faisais, je te disais tout. Et je n'avais rien fait de mal, cette fois, je suis devenue une gentille fille. Arrête de sourire, je te vois sourire, arrête de sourire, ça ne prête pas à sourire. Je te parle, je fais une petite tape sur tes fesses, je te caresse, je mords ton lobe, des fois ça te rend électrique et tu jouis plus et plus fort et tu fais plus de bruit et ton corps tremble un peu plus, surtout tes muscles fessiers, apparemment, si moi je ne sais pas c'est quoi mon sujet, ce qui est grave pour un écrivain amateur, toi tu sais que parfois mon sujet ce sont les tremblements de ton grand fessier. Et j'aime prendre dans la main cette partie qu'on ne voit jamais, sauf... Beaucoup de pression inutile, en somme, avant, on s'encombre finalement de nos déchets mais lorsqu'on décide de les poser quelque part, et de se consacrer à l'amour, l'effort suprême, comme un peu tous les nostalgiques de ce Grand Homme qu'était Hitler, dans le sens de l'Histoire de l'Humanité, cette unique...euh, quant on ose faire ça, on ose faire quelque chose qui s'appelle te regarder dans les yeux, que tu jouisses ou non n'a pas beaucoup d'importance. Chaque instant devient de l'amour, chaque seconde une jouissance, même si le temps est une matière comme la viande qu'on peut dilater, même si un jour on parviendra à le toucher et à le modeler. Je crois que j'ai dû tuer une partie de moi-même en tuant...enfin, en tuant...de vieux souvenirs. Et ça, je trouve que c'est pas très cool. D'autant plus que Denis m'a dit une fois qu'il croyait en moi, comme mon oncle me le disait, sans me le dire, sans me le formuler par la parole. Car : Vos textes sont susceptibles d'intéresser un public plus large que ce que peut vous offrir votre blog. Toutefois, en vue d'une publication, il faudrait en remanier la présentation ( les interminables paragraphes de nos jours découragent les lecteurs les plus assidus, veillez à aérer vos chapitres et utilisez votre correcteur d'orthographe - nous en sommes tous là !). Je vous propose donc, une fois cette mise en ordre réalisée, de me faire parvenir le manuscrit par courrier électronique. Nous envisagerions alors une publication électronique de vos écrits. En effet, ayant déjà fait l'objet d'une publication, il sera très difficile de les vendre sous un format papier. Mais cela n'enlève rien à leur intérêt potentiel. Je crois en vous.



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Commentaires
L
J'ai une grande compétence dans l'industrie du livre, puisque je collectionne un bon nombre de refus d'éditeurs. J'en profite pour affirmer qu'un texte paru sous forme électronique peut très bien exister sous forme papier et bien se vendre parce que beaucoup de gens n'aiment pas lire sur écran. Les paragraphes au kilomètre carré? Est-ce que ça serait plus difficile à lire que si c'était publié en noir au blanc? Et puis, Céline, et Victor Hugo, etc....
S
Je vois ce que tu veux dire quand tu dis qu'il y'a pas de provocation, surtout au niveau littéraire, parce que comme tu sais j'écris aussi et que l'angle sous lequel on opère la chose, on la narre ou disséque, et quelque soit le mode, l'ambiance, est totalement différent. En fait, force d'avoir l'avis des autres, d'essayer de le comprendre tout en sachant pertinemment ce que je fais, je place plus ça au niveau de la gratuité - et il y'a aucune et donc, ça annule.
P
Sensible, intelligent, fort, beau, toujours toujours toujours...
A
C'est vrai que c'est galère mais pour celui qui écrit, c'est encore plus galère de voir l'espèce de fainéantise ambiante qui nous fait passer de plus en plus vite de 16 méga à la boucherie High-tech près de chez mémé. <br /> <br /> Mais concernant ma pointe de génie, bof, mais pour la provoc, franchement, tu te trompes, je ne fais pas de provoc.<br /> <br /> Je n'ai jamais eu besoin d'en faire. D'ailleurs ça n'existe pas la provocation. Il n'y a que les provoqués, qui existent.
A
G. Jean a raison, c'est galère de suivre un texte sansparagraphes mais encore une point de ce qui fait que tu es toi, de ton écriture presque automatique et je crois que si cela changeait, au fond, tu y perdrais...<br /> Et toujours cette pointe de "génie" dans tes mots... cette provoc mais cette pointe de "génie", toujours présente...
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