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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
30 janvier 2007

Désemparés face à des choses plus pures

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Il est rentré. Il a acheté des choses pour moi (je passe les détails). J'ai pris sa bouche contre la mienne, assez violemment, j'ai craché trois dents (ce n'est pas vrai mais presque, j'ai eu un peu de sang). Dans la salle de bains, il voulait regarder, il me disait : laisse-moi regarder. Laisse-moi regarder. Nous étions comme des enfants si je prends du recul. Et j'aimais ça être une enfant dans ses bras d'enfant. Moi qui détestais être prise dans les bras d'Antonio. Armand j'aimais même si je tremblais beaucoup. Jean-Marc je n'ai aucun souvenir de ses bras. Je ne veux pas dire pourquoi j'ai oublié, certainement le superflu, qu'on perd avec des gens ici et là, que vous venez perdre avec moi, je vous dissuade souvent. Il est rentré comme une fête, comme s'il était revenu de la chasse. Travailler pour lui c'est comme la chasse, c'est comme chasser. J'adore ses mains. Les mains de son ami Frédéric ne sont pas si belles, pourtant elles sont déjà très belles. Très belles. Mais celles de Denis sont beaucoup plus belles. A mes yeux (faut-il le préciser à chaque fois ?). Dans le lit, je n'avais plus de sang qui coulait, j'ai perdu trois dents. On a failli les mettre sous un oreiller pour que la petite souris passe. La petite souris ou le grand monsieur, des souris et des messieurs. Qui attendent leur tour à ma tour, à mon phare. Incassable mais fêlé (ça vire bizarre dans les yeux lorsqu'ils rentrent). J'étais occupée à nettoyer les plaques, je n'étais pas belle et même si je n'étais pas belle, j'étais belle. D'après ses dires. La télévision a vu son retour, dans son écran noir, elle a beau être accrochée au mur, elle voit des choses, comme les tableaux vivants. Je l'ai aimé ? J'ai posé l'éponge. Son corps était fatigué du voyage. Tu veux boire quelque chose ? Hier je suis allée boire quelque chose avec Anne et sa copine Dorothée qui est blonde et jusque dans la parole, mais qui est très sympathique quand même, même si elle fait très jeune, de visage, pour une femme de trente-cinq ans, je lui donnais mon âge, dix ans de moins quand même. Elle est toute frêle. Oui je sais, elle a survécu à plusieurs cancers. Lesquels ? Je ne sais pas. J'ai souvent l'impression d'être revenue de l'enfer. Plus tard, trois petites gouttes de sang plus tard, dans le lavabo, j'étais contre lui. Il m'embrassait avec avidité, comme s'il n'avait pas mangé depuis des semaines. Il paraît que des soldats ont déjà mangé les morts pour survivre dans des conditions extrêmes. Leurs propres morts. Des soldats dans la jungle, ou alors dans la rue. Une nature de soldat, être contre lui, nue, offerte, c'est d'appartenir à la race des soldats. Et la jouissance fût délicieuse. Comme le mec d'Anne, qui continue de lui procurer du plaisir, et elle a le visage plus détendu, les épaules moins voûtées. C'est net, les femmes qui cassent les couilles des hommes n'ont pas joui depuis des lustres, il faudrait que des hommes compétents, pour une fois, leur donne un peu de plaisir. Moi je suis désemparée avant, surtout lorsqu'il me plaque contre lui et qu'on est nus, je suis désemparée pendant parfois tellement mon cerveau s'en va loin, et haut. Et que c'est de la faute de son sexe dans le mien. Sans parler de Bélial. Mais je vais loin et haut, très haut, j'ai l'impression d'être dans l'immensité de l'univers quand ça retombe et que je suis bien et que le sommeil tarde à venir quand même, malgré la fatigue du corps, toute entière. Lui ronfle généralement, c'est un des points négatifs. Il rentre, et il vous embrasse, il vous prend dans ses bras et : tu m'as manqué. Que se disent les amoureux. Comme s'ils avaient été séparés par des millénaires, des cataclysmes, des fins du monde, des naissances ratés, des avortements réussis (et érotiques donc). Alors que : Frédéric rentre et il n'a personne pour l'accueillir. Sauf deux gros vieux chats hideux. Souffrant d'un problème d'obésité (je viens d'écrire qu'ils étaient gros et je suis en dessous de la vérité). Il y a fort longtemps, avec sa pipe à eau, il aimait une fille, qui elle, aimait sa pipe à eau. Elle tirait à mort dessus, mais pas sur son sexe à lui, même s'il l'aimait, il avait envie d'elle. De toutes les façons possibles. Sexe, amour, il avait réussi à vivre les deux dans un seul corps, c'était douloureux, il n'en voulait pas. Frédéric regardait parfois les homos, il se demandait à quoi ils servaient dans le monde. Avec Bernard et Robert, Frédéric était le plus cool des collègues de Denis. Et qui aimait lire des livres. Donc pour une fois, c'est assez rare, des hommes qui ne sont pas hystériques au possible, dans le sens qu'il n'ont pas encore eu besoin, avec moi, d'avoir des rapports de force, dans le sens qu'ils n'ont pas eu envie de se confronter inutilement à moi qui suis une femme, mais avant tout qui suis Angeline. Même si j'ai de plus en plus de mal à croire qu'il s'agit là de mon prénom. Pourtant je l'ai depuis que je suis née, et même avant, mon père y tenait, même avant. J'ai rêvé de mon père, j'ai rêvé que je le renversais. Ensuite, j'avais sa tête sur mes genoux, il était ensanglanté et je voyais sur le mur une liste de personnes. C'était la liste des gens que j'allais tuer après Antonio. Le prénom de Gisèle apparaissait. Cette femme que j'ai baisée pendant pas longtemps. Je n'étais pas amoureuse d'elle, mais comme toutes les lesbiennes de base, elle, elle avait besoin d'amour et ma lumière est trompeuse, ma lumière est celle de l'amour mais seulement en apparence, sinon je suis la destruction incarnée (rien que ça, et on me l'a dit, un lecteur, anonyme en plus, donc c'est fiable, viable). L'autre jour, Frédéric riait à gorge déployée (c'était bien, il le faisait bien, il était beau en le faisant), car il a son frère qui habite dans la rue de Christine Angot, en moi-même je me disais : il pourrait mettre dans sa boîte aux lettres un de mes manuscrits, mais il riait parce qu'il l'avait vue dans la rue, main dans la main avec Doc Gynéco. Denis me regardait en me mangeant du regard. Plus tard, j'ai pris le sexe de Denis dans la bouche. J'aime son sexe, vraiment beaucoup. Lui aussi mais son sexe surtout (cela va sans dire). Et je le suce amoureusement, longtemps, il se retient, il recule, non, attends, je vais venir sinon, si tu continues. Alors on s'embrasse, on passe à d'autres caresses, il aime par exemple, il a toujours aimé, embrasser mes fesses et me lécher tout l'entrejambe, le sexe, la vulve ainsi que l'anus. Je crois qu'il aime retenir. C'est meilleur sinon. Pas beaucoup d'hommes le font, en fait j'en sais rien. Mais Doc Gynéco ? Sitôt que Frédéric a dit ça, je me suis dit bêtement : ton manuscrit tu te le gardes, qu'il soit sans valeur ou avec, tu l'envoies sans demander la lecture d'un mec ou d'une gonzesse qui publie déjà, qui a ses propres tiques, tu t'en fiches des tiques des autres et des gynécologues des autres. Forcément. Mais je me sentais désemparée, complètement. Complètement, avant, et parfois pendant, pendant qu'il me prend et que la jouissance monte, monte monte. Je n'ai jamais eu d'éjaculation féminine comme certaines bêtes dans les films X. Jamais. Ou alors pas à ma connaissance. Et Denis c'est plus facile pour lui de monter, de monter. Je le suce jusqu'à ce qu'il recule et qu'il me dise en tremblant presque : attends, sinon je vais venir dans ta bouche. Des fois, j'aimerais qu'il vienne tout de suite, que la question soit réglée : mais le fait est que j'ai toujours envie de lui. Même quand il vient dans la bouche. Volontairement ou par accident. Je devrais pas raconter ça peut-être. Peut-être que ce n'est pas intéressant. Je pense que si j'étais un homme, j'aimerais que ma femme me fasse la même chose. Je serais déçu sinon. J'imagine. La frustration, la déception. Forcément, ça découlerait, ça s'engorgerait, viendrait alors dans le coeur ce nectar de malheur qu'on appelle la colère. Et la colère envers elle, ses incapacités. Qu'on soit civile ou simplement en recherche d'érotisme. Sans les uniformes, ce genre de fantasmes pour les gens limités notamment une grande partie de la communauté gay de base. Ensuite il pourrait rester en moi pendant des heures. Même si je remarque que certains de ses collègues, en dehors d'un cadre de groupe, d'une dynamique de personnes, sont plutôt sympathiques. Robert, Bernard, Frédéric. Et l'autre. J'ai oublié son prénom. Qui, à son visage devait porter des jupes pour rire quant il était petit (moi il m'arrivait de me prendre pour un petit garçon par jeu). Il me tient. Même si s'embrasser sauvagement, on peut se cogner, même si on a pas fait exprès, on est pas des bêtes non plus. Faudrait pas exagérer. Perdre trois dents, ça serait peut-être pas assez. Son retour est une fête, d'accord, pour lui aussi, d'accord. Les corps d'accord. Je comprends. Ils ont besoin. Si vous saviez comme c'est difficile pour moi. Comme c'est difficile d'être là. Si vous saviez mais vous ne savez pas. Je lui dis : prends-moi dans tes bras. Il me tient bien. Je pourrais être bercée bientôt. Même s'il recule, lorsqu'il est dans ma bouche, en frissonnant, attention je vais venir si tu continues. Alors des fois, je n'en peux plus, je voudrais que la question soit réglée. Non pas pour me débarasser, mais parce que j'aimerais que la question soit réglée, qu'on puisse faire autre chose, même si c'est ailleurs dans mon corps. D'accord, il est fatigué après, surtout si je continue à cet endroit-là, et qu'il aime ça, et que je lui ai manquée, et qu'il ne faudra plus jamais se quitter comme on le faisait par le passé. Ou jamais me payer, comme il le faisait par le passé, ou alors toutes les journées d'hiver, par le passé, avec son ex-femme à l'époque où elle était encore sa femme. Il me le disait, elle le suçait très rarement, il n'a jamais demandé, rien imposé, elle n''aimait pas ça, ce n'était pas très propre, en effet. Même si sous la douche, c'est difficile de résister. Enfin, je dois avoir...certaines...dispositions d'esprits, Bélial n'est pas pourtant mon meilleur ami, je fais avec les cartes que j'ai en main, comme j'ai lu sur un site récemment, un site de citations, on a des cartes en main et il faut choisir. Bah, tout ça, c'était de grosses bêtises rondes. Mais c'est vrai, ils ont aussi des mouvements désemparés, ils se sentent un peu repoussés, ou alors peut-être que c'est l'air ridicule qu'ils ont la bite à la main, surtout s'ils sont moches de visage. Je ne sais pas trop. Ce côté pathétique, qu'ils soient gays ou pas, ça n'a aucune importance. Peut-être que si. Denis est plutôt un bel homme, même si lorsque j'étais sa petite pute, il commandait, nous n'étions pas ensemble, et ça me plaisait à l'époque parce que je me laissais faire par n'importe qui et n'importe quoi (c'était mon travail, ne pas être moi, ne pas être là), et lui s'y prenait très bien, mieux que tous les autres. Comme un cygne, un cygne noir. D'ailleurs, il est allé voir avec ses collègues une pièce, il était à Mulhouse cette fois, c'était encore trop loin de moi, trop loin de l'ancienne Orléans. Trop loin de moi, j'aimerais lui dire souvent qu'il sera toujours trop loin de moi. Que mon désir de fuite est sous contrôle. Mais pour combien de temps ? Je me bats, je lutte, je nage tant et plus, je ne peux pas plus, je peux résister encore longtemps à ce que je suis au fond de moi, quelque chose de froid, de sombre, de lugubre (si je prends note de ce que certains lecteurs, anonymes ou non, sont déjà venus me dire, ils étaient au courant). Mais il est là et son corps est chaud à son retour, parce qu'il y a eu le manque. Le manque des deux côtés, j'ai encore un peu de fièvre mais ça me sera peut-être utile. Il s'en fout, si je suis contagieuse, il m'embrasse quand même, ouf. Et il me caresse quand même, j'ai eu peur pendant un moment. Que...Et puis c'est bien, dit-il, comme ça je serai malade, cloué à la maison avec toi qui prendra soin de moi. Tu seras aux petits oignons, même si ça sera du paracétamol et des tisanes de mamies, à la camomille. Oui, ce spectacle était une interprétation "très personnelle" du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Un handicapé allemand, le metteur en scène lui même, venait sur scène au bout d'une trentaine de minutes où trois personnes étaient restées assises en fixant le public. Le public qui retenait son souffle. Très lentement, l'handicapé allemand, également metteur en scène, bossu devant et derrière (mais vraiment bossu, ça faisait mal presque de le regarder, c'était dégoûtant m'a dit quelqu'un) disposait de petits cygnes blancs sur scène, en papier. Ensuite, très  lentement, il allait chercher des feuilles de papier pour les recouvrir. Très lentement. Ensuite, pendant longtemps, il essayait avec ses mains de faire un cygne, les doigts tendus vers le ciel, tout son corps tordu, les bosses aussi. C'était dégoûtant m'a dit quelqu'un. Quelqu'un de bien. Ensuite, le meilleur moment, les lumières s'allumaient et s'éteignaient souvent, ensuite est venue une danseuse seins nus qu'on distinguait à peine dans la pénombre, c'était du plus joli effet, on se disait que ça commençait enfin, ce ballet qui n'en était pas un, mais une interprétation toute personnelle. "J'ai rêvé du Lac des Cygnes comme on rêve d'amour" était précisé sur la publicité. Le public était constitué d'énervés qui quittaient la salle en masse, de curieux qui osaient rester et d'un pourcentage de fous qui criaient au génie. C'est comme avec Angeline, il y a toujours quelqu'un pour crier au génie. Alors que si ça se trouve, c'est le même metteur en scène allemand, qui intellectualise jusqu'à l'absurde, c'est son métier en tant qu'artiste, c'est un artiste qui intellectualise. Contrairement aux artistes homosexuels de base qui racontent leur vie (à quoi serviraient-ils d'autres ?). Comme les femmes de base aussi. Si ça se trouve, elle a des bosses, dans le dos, énorme, et devant, les seins débordent, se font la gueule. Car il est de retour à la maison l'homme. A la maison. Tu sais, la maison, tu connais cette maison. Tu avais des frissons. Rien qu'en approchant. Tes cheveux s'hérissaient. Et tu m'embrassais, tes coups de langue, même si je donne des coups de langue moi aussi. Et tu te recules, parce que les colombes se sont posées au plus haut des cathédrales où on peut trouver à l'intérieur des mots, tels que celui-ci : "Jéhovah". Sûrement des francs-maçons. C'est ça, on est cerné par les supérieurs sans cesse, et moi je suis cernée lorsqu'il rentre à la maison, cette maison que je connais, qui n'a rien à voir, fondamentalement, avec celle qui surplombe une grande vallée. Dans un autre pays lointain. Je l'aime, vous comprenez. Il me le dit, et il aime manger, et ensuite allongé, caresser, il aime manger, dormir contre mon sein, manger, il aime déguster, parler et marcher, il aime prendre une douche, il aime manger, vous comprenez, je ne peux pas fuir, même si la fuite me fait tourner la tête, il aime regarder, toucher, mettre un doigt mouillé, goûter ses doigts mouillés, ça c'est peut-être de l'ordure, ou tout simplement de l'or dur. Je ne sais pas si ce sont des choses pures, je devrais pas m'en faire, ils ont peur de ne pas être tous purs, et regarde, ils sont cernés par les supérieurs. Les âmes supérieures. Je l'aime, moi vous comprenez, même si ce metteur en scène handicapé, allemand, est resté sur scène dans une position foetale, même si à la fin il a nettoyé très lentement la scène avec une serpillère et un ballet. D'où Le Lac des Cygnes (hum). Une serpillère microfibres, certains l'ont vu. Dans la salle, à côté de Denis un homme était hilare du début à la fin, Denis est parti à la moitié, il n'en pouvait plus. Lorsqu'il est rentré, il m'a serré contre lui très fort. Je pouvais plus respirer presque, mes seins étaient déformés quasiment. Ensuite, en s'embrassant, derrière notre porte intime, secrète, on se tait, j'ai cogné sa tête et j'ai failli perdre trois dents. Il y a eu quelques gouttes de sang. Il est venu voir avec moi dans la salle de bains. Tout en continuant de m'embrasser, de me caresser les fesses. Et comme j'étais pleine de sang, il m'a dit : j'ai une petite idée, tu pourrais te prendre en photo et la mettre comme ça sur son ton blog. On étalerait le sang sur ton visage, d'abord tes lèvres, comme maquillée de cerise. Et ensuite le menton, le visage. Ce serait de l'art. Mais il ne pensait pas ce qu'il disait : il me taquinait. Le sang a cessé de couler. Quand je lui ai fait une fellation à un moment donné, il s'est retiré en disant : attention, je vais exploser si tu continues. Alors sans prévenir, en regardant son visage pris par le plaisir, ne pouvant plus rien retenir, consciemment je l'ai explosé.

Angelway

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Commentaires
A
Tu n'es pas "quelque chose de froid, de sombre, de lugubre", crois-le ou non, tu ne l'es pas, ni en apparences malgré tes efforts, ni au fond de toi...
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