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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
17 mars 2006

Les Copines de l'infini

delivrance

Elles finissent, elles atteignent la trentaine, elles sont actives, elles ont des visions claires. D'autres sont plus fouillies. Elles ont un côté autoritaire. Même dans leur physique, ça transparaît, quoique c'est relatif. C'est la vie qui rend comme ça. D'autres l'ont dans leur écriture mais les apparences elles se moquent souvent de ceux qui les regardent. Elles parlent vite, elles font des gestes, et elles fonctionnent en abeilles, elles ont une larve, une reine, qui pond, les perles de paroles, prises aux huîtres perlières. Depuis longtemps, elles savent qu'elles ne veulent pas des hommes. Bien sûr, elles n'oublient pas d'ajouter que ce chemin est long et difficile. Plus que pour les hommes homosexuels. Une nouvelle tête chez elles ça fait l'effet d'une bombe lorsque cette nouvelle tête a les yeux de la tristesse et la volonté de la joie. Comme moi. Mais j'ai décidé de m'effacer, vous avez raison, je ne fais pas assez de belles phrases dans mes textes, avec mon talent, je pourrais un peu plus y plancher, je dois être fainéante (c'est possible). Le problème n'est pas politique, le problème n'est pas sexuel, le problème est la base. Qui disait ça ? Une nouvelle tête ça fait l'effet d'une bombe, ça fait l'effet de la chair fraîche, ça fait l'effet dans le coeur et dans l'oeil du chasseur, lorsqu'il voit sa biche ou son sanglier débouler à toute allure devant lui, sortant de nulle part. On sort de nulle part. Généralement, elles se disent entre elles : d'où elle sort celle-là ? Où tu l'as dénichée ? G. n'a pas été très éloquente. Pour l'instant, G. marche sur un fil, avec une ombrelle, elle essaie de bien tenir et elle tient bien. Je ne sais pas où j'en suis moi sur le fil par rapport à elle. Souvent elles parlent et c'est vite, mais c'est intelligent, c'est élancé, je suppose comme à Paris, depuis le temps que je n'y suis pas allée, passer une heure là-bas c'est comme vingt minutes dans un confessional avec votre oncle et son sexe, c'est trèèèèèèèès loooooooong. Mon oncle aimait aussi éjaculer sur son torse et son bas-ventre et il aimait que je lèche, et c'est vrai, je sais c'est pas possible, j'y reviens encore avec lui, c'est pas possible, vraiment, d'y revenir sans cesse. Je sais que vous pensez ça, là. Elles n'ont pas d'histoires de viols à raconter. Elles cachent peut-être. Souvent les femmes cachent leurs petites histoires, commes les gens, j'ai remarqué, ils ont peur de dire la vérité de ce qu'ils sont, moi aussi, pourquoi ? Le monde te viole et te jette, c'est ça. Elles sont très concernées par tout, mais elles mouillent lorsqu'une nouvelle tête débarque. C'est l'effet : fraîcheur tonique. C'est l'espoir. D'être conquis. Par des bouts de chairs immondes, en forme de T sur une ossature bien solide (comme le fer forgé, les os, normalement). Et ce besoin, d'être comprise, tout de suite, mais non en fait, ce besoin est comment le dire, lorsqu'on explique en aparté à une des actives de G. amies pour la vie, comme Les Bronzés 3, le genre de films qu'il faut aller voir absolument bien sûr, qu'en fait on ne veut pas être enfermée dans ce ghetto de lesbiennes, qui sont assez sales toutes, ensembles, voire limite pouffes, et bien sûr on met les formes, on ne le dit pas comme ça, et que la personne qui vous écoute, une des actives de G. fait semblant de ne pas comprendre et s'en va reprendre un délicieux petit canapé doré au four par G. qui est une femme aussi forte à la bière pression qu'au four et aux fourneaux, et bien, ce besoin d'être comprise est grotesque, ce besoin d'être... Les odeurs viennent de la cuisine, du poisson très raffiné, le jeudi, d'autres odeurs, moins appétissantes viennent des personnalités, mais je peux très bien parler, moi qui ai léché le sperme de mon oncle sur son bas-ventre poilu (un souvenir de valeur qui forge le caractère, comme on dit). Ce besoin d'être aimée, elles l'ont toutes. Elles le veulent mais elles ne savent pas qui elles sont, elles savent qu'on ne peut pas leur faire confiance, elles savent qu'elles n'ont aucune parole, comme moi je connais la mienne, bancale mais nécessaire. Absolument, se croire comme l'odeur d'un petit four de G. Ce point G. Qu'elles recherchent toutes, à Mach 3 comme les rasoirs mécaniques à pile pour un meilleur rasage bien sûr. Une nouvelle tête, une nouvelle paire de seins en plus, un cul qu'on morderait bien dedans. Quelle chance elle a G. Deux de ses ex sont là et des pures lesbiennes, pas masculines, mais féminines, féministes aussi, autoritaires je me sentais inférieure, comme être humain, je sais pas trop pourquoi, la bêtise sans doute, elles ne m'ont jamais vue dans leur ghetto, leur réseau de restaurants, de boîtes, on se croirait dans un clan sicilien de famille, dans Le Parrain on se croirait, une m'a dit : je t'ai jamais vue avant. Ce genre de personnes ne se montrent pas, regardent le sang, mon sang, il a été rendu impur, par le sang, par le sexe, cet homme, qui faisait, partie, de ma, famille, regarde tu ne peux pas comprendre, c'est une saleté atroce, l'inceste c'est pire que le sida, ça vous marque encore plus, c'est impossible à faire sortir, comment je pourrais ? Alors que baiser sans Kpote pour un pédé de base c'est bien, ça contamine plus de cons et comme ça ça tue encore plus de pauvres cons dans leurs façons à la con, de voir les "petites choses de la vie" de cons, de leurs révoltes à la con, de pauvres cons. Et mon con, c'est du poulet ? Aimer à tout prix n'est pas une solution, et tu le sais bien. Il te faut bien choisir. Bien. Je regarde G. avec l'espoir que peut-être, elle pourrait être la personne à qui j'étais destinée et qui m'était destinée (j'ai déjà connu, j'ai beaucoup d'expérience, ma jeunesse est une salope c'est interdit à mon âge d'évoquer tout ça comme ça, ce pauvre con de Sacha qui pensait qu'il me manquait alors que je me fichais de lui, encore, une dernière fois m'a écrit, il croyait que j'avais la cinquantaine, non mais vraiment quel con), et je me dis aussi : dommage qu'elle soit elle en femme. Ce corps de femme. Mais on ne va pas se démoraliser à cause des obstacles, comme pour le CPE, on va dans la rue, sauf moi j'avais des lesbiennes à voir, et puis fuck up vos petites histoires, sociales et répétitives, continuez, continuons, comme ça on saura pourquoi quand tout ça se terminera pour de bon, comme le chante parfois Murat dans ses chansons toutes pourries, et son Dieu (oui le sien pas celui de Mustapha) qui va me tuer parce que j'ai tué, et aussi ce DVD de Délivrance à me procurer d'urgence, après le très malsain et bouleversant Wolf Creek, je suis en plein genre survival. Elle n'aime pas les films que je m'autorise à voir, les scènes, les atrocités, la violence au cinéma elle est contre, dans la vraie vie, la violence de la vraie vie, c'est autre chose on peut être pour, c'est la vie. C'est normal. Je lui ai expliqué à cette quadra très active pour rechercher l'amour (dixit) : le cinéma et notamment le genre survival c'est comme les contes Grimm d'avant, le genre d'histoires qu'on racontait aux enfants pour les obliger à être obéissants. Sauf qu'aujourd'hui, l'horreur a une empreinte plus réelle parce qu'on voit les cadavres, et il n'y a plus le côté festif qu'il y avait chez les romains avec les lions qu'on lâchait dans l'arène. Une était très intéressée. Je voudrais rebondir. Elle a dit. J'ai pouffé, j'ai pas fait exprès. G. m'a fait un sourire me comprenant mais me disant en même temps : s'il te plaît, chérie, retiens. Tu devrais retenir la nuit, Johnny, tu devrais retenir tes règles, tu devrais retenir ton débit, tes envies, ton pipi, tu devrais tout retenir, retenir qui tu es, ta parole, ton style, tes influences, et ce monde, le lâcher, pour mieux retenir, tu ne vois donc pas que dans ta littérature tu ne partages pas avec les autres ? C'est agaçant, tu gâches ton talent, pas de construction, comment ça se fait, c'est voulu ? Comment ça se fait ? Qui a dit que la littérature était un partage ? Partage mon cul, partage les copines de G. elles feraient bien une partouze, après quelques verres de plus, d'un excellent vin. Une a dit ça en riant mais sauf que dans le fond elle était sérieuse. Les autres se posaient la question entre deux cigarettes, très vite grillées, très jambes croisées. Pour jupe fendue. Très sexy. Mais ça m'excite pas une femme. Sauf G, elle oui je ne sais pas pourquoi, quelqu'un pourrait me l'expliquer ? C'est une folie, une passade de jeunesse, oui bien sûr. J'ai l'habitude d'être frivole. Je regardais Gisèle en espérant qu'elle comprenait mon enthousiasme mou (pour la partouze). Envers ce genre de choses. Je sais, j'ai vu. Avec des hommes, des queues partout, ça fait scoubidou partout, ensuite les femmes pètent, parce que ça dure et des fois...Et on rigole un peu tous, il y a une fraternité du sexe qui se met en place, une fraternité dont je n'ai jamais fait partie, bien qu'ayant participé à ce genre de tableaux. Je sais pas pourquoi, je fais partie de rien. D'aucun syndicat, d'aucun parti politique, d'aucun groupe sexuel, d'aucun mouvement fasciste, d'aucun sanctuaire littéraire, d'aucun cimetière d'éléphants, de rien. Je suis rien. Je suis moi. Je mangeais en regardant cette femme, je l'autorise à me toucher, à m'aimer aussi, chose rare. Peut-être que ça va changer. Je me sens différente, tout en étant sur le qui-vive, les yeux bleus de  ses copines, le bleu de la mer, je me sentais différente quand même. Je ne faisais partie de rien. Que fait-on des gens qui ne font partie de rien ? On les laisse mourir ? Tout ça parce qu'ils ont léché la semence de laquelle rien ne pousse ? La seule semence au monde...Elles lui disent : tu as de la chance, peut-être que cette fois, avec cette minette, tu t'es casée. Peut-être. Peut-être que dans un an, ça sera encore Jacques Chirac, peut-être que dans un an, on se retrouvera avec une troisième guerre mondiale carabinée (si seulement, je veux que personne ne souffre mais je voudrais que le monde entier se fasse désosser), peut-être que des aliens vont nous massacrer comme au cinéma. Le repas était bon, heureusement, on ne pourrait pas tous écrire avec application, bien être clair, bien être compréhensible, on ne pourrait pas tous être posé, et faire comme si, comme si on était, comme si on était allé au bout de l'arc-en-ciel. Pauvre Raphaël. Vous vous trompiez de maison, voilà tout. Elles sont seules. Deux d'entre elles ont léché la femme qui me lèche en ce moment et qui me dit qu'elle m'aime de plus en plus, je suis sa "chérie". Elle est G. Pour moi. Elle est là. Elle met sa jambe sur la mienne, nues nous sommes, face à face, sur le côté, allongées. A l'horizontal de l'hiver. J'ai les cuisses intérieures un peu sec, parce que le mouillé a séché, ça fait froid. Là. A cet endroit de la peau. Elle a mis un doigt, elle a écarté bien, elle m'a dit : tu es ma chérie. A table. Elle me regardait avec espoir. Cela m'irrite, je ne connais pas encore ses défauts, ceux qui vont me dégoûter d'elle. Tôt ou tard. Elle ne vient pas me lire, je lui ai dit et c'est bien la première fois : ne vient pas me lire. A quelqu'un. C'est curieux. Je veux cacher quelque chose à son cul ? Elle me léchait les fesses, embrassait les fesses, rien d'autre. Je ne savais pas qu'on pouvait jouir autant avec une femme. Martine doit en connaître autant, il paraît avec une syndicaliste qui ne l'est plus aujourd'hui. Dans leur monde, bien sûr, ils sont vite remplacés mais pas leur système de fonctionner, il reste. Après, ou avant, avec elle dans le lit. Sa main sur mon épaule, elle me caresse. Elle me touche, elles ont besoin de toucher, les lesbiennes, d'après ce que j'ai pu comprendre. Marjorie et moi nous n'étions pas lesbiennes à l'époque, pourtant on se lâchait ensemble, avec le client, on s'embrassait goûlument avec le gland entre nos langues dans nos bouches, j'aime autant vous prévenir, il suait tripes et globes oculaires le mec. Il adorait cette bave de nous deux mélangées, nos salives, qui dégoulinait sur sa bite. Certains nous proposaient des lignes. Des lignes étranges, pas vertes, pas trop blanches, enfin ça dépendait. Marjorie parfois se jetait dessus. Une fois j'en ai pris une. J'ai fait un mauvais trip. J'ai senti la présence de mon oncle dans la pièce. Je suis allée vomir. Je sentais qu'il était entré dans l'hôtel et qu'il voulait me violer avant de me décapiter, j'avais fait une fixation sur la décapitation dans ce mauvais trip, les mauvais trips ne sont pas bons. Et puis je n'aime pas les gens qui abusent de la cocaïne, ils gâchent tout. Ils sont speed, ça se voit, c'est trop voyant, c'est amusant. Il était entré, j'entendais des voix qui me disaient : il va t'enculer à sec ma salope, et il va te couper le cou ! J'entendais des rires démoniaques. Les démons existent, je le sais maintenant. Pour de vrai. Marjorie je n'aimais pas son corps, sa texture, j'étais payée, je devais la baiser, j'étais payée pour ça, et bien, et l'état n'avait rien à dire, d'ailleurs je considère qu'il n'a toujours rien à me dire, rien à me demander. Sur mon ancien travail. Je trouvais ça indécent qu'il vienne me réclamer quelque chose. Sur "ce travail". Je l'ai déjà dit, j'en profite, je le redis. Comme on est libre de se répéter dans ce pays. Comme les hommes politiques, sont libres de se répéter dans ce pays. Tu comprends. Elle m'a dit qu'elle avait voté Jacques Chirac, en 2002. On était nues, au lit, j'ai failli rire, je lui ai dit : qu'est-ce qu'il vient faire entre nous ? Ne voulant pas tomber dans la calomnie mais y étant obligée par la force des choses, je suis certaine que le Président de la République aimerait baiser avec deux femmes, certains anciens présidents de droite connus encore en vie adoraient les limousines pleines de putes, donc pourquoi pas lui. Les globes oculaires. Les dîners avec des lesbiennes, c'est toujours ? Comme ? Ce soir ? Je ne sais pas, tu trouvais ça comment ? J'en ai sabré par le passé, c'était plus ou moins pareil en fait. Comme avec des hétérosexuels, en fait c'est fatigant, ça vient des personnes, comment te dire, elles ont quelque chose, dans la tête, dans les yeux, dans le coeur, ça transparaît, elles cherchent à le cacher, impossible. Comme moi. Je voulais le cacher. Ce que j'avais dans le coeur. Mais écrire comme je le fais ne pouvait que le libérer. D'ailleurs rares sont ceux qui l'ont vu correctement, les autres ont vu ce qui se trouvaient déjà en eux. J'ai un effet miroir que je ne comprends pas moi-même, c'est sans doute mon humilité. Ainsi tourne le monde, ma petite. Les doigts au pied du verre, le long, le caresser, pour te signifier, pour te dire, quelque chose. Ce monde de lesbiennes qui n'était peut-être pas pour toi, pour moi. Deux paires de seins sont des yeux en plus, face à face, ils partent de côté, comme les vieux qu'on ramasse presque, ils penchent. Bientôt tous les vieux se retrouveront par terre, et on sera obligé de les soulever à jamais, comme l'autre avec sa colline et sa pierre, à jamais, puni par les Dieux, par les Déesses, et par lui-même. Elle me prenait dans ses bras. Elle aime me prendre dans ses bras. Je lui dis souvent : je vais rentrer. Je suis nue et je lui dis : je vais rentrer. Comme pour fuir, cet état. D'angoisse. Elle semble le comprendre mais le regrette. Elle s'imagine peut-être que je vais voir un homme quelque part. Que je suis une petite salope bien déguisée. La fragilité, tu parles, mon oeil. Elle m'a dit franchement : j'ai peur c'est vrai que tu retournes vers un homme parce que je n'arrive pas à te situer. Et avec une pointe de découragement, elle m'a dit aussi : de toute façon je sais que tu rencontreras un beau jeune mec un jour qui saura être ce que tu voudras alors avoir. Je lui ai dit : tu ne sais pas de quoi sera fait demain. Elle m'a dit : non c'est vrai mais je le sens. Elle m'a dit aussi : rentre bien, fais attention sur la route.

Le 10 septembre 2001, Lucie téléphonait à sa tante qui avait épousé un américain. Sa tante travaillait dans le World Trade Center. Elles avaient évoqué des vacances, Lucie avait parlé de l'avion : j'ai trop peur en avion, tu le sais bien. Sa tante lui avait dit de l'appeler demain sur son portable, elle serait au World Trade Center. Sa tante fait partie des disparus qui n'ont plus jamais donné signe de vie. Comme on dit. Moi j'ai eu envie de dire : elle a été transformée en cendres, ta tante, Lucie. Lucie le savait. Elle avait mal au coeur. Elle se disait maintenant : tu ne sais pas de quoi sera fait demain.

Comme un voleur, pour moi ou pour eux, demain vient ?

Il serait dommage, en effet, de meurtrir ma jolie petite gueule et d'étaler en purée mes jolis seins sur le tableau de bord défoncé. Il serait dommage de renoncer à ces hommes qui savent quoi vous dire lorsque vous passez à confesse exposer vos malheurs et votre accablement, vos péchés. Enregistré quelque part pour plus tard, j'en suis consciente, je sais que je suis mal barrée. Oui. C'est bien que vous ne veniez plus me dire que je vais aller en enfer ou que vous allez écrire une lettre à un juge qu'il vienne étudier mon blog et mes atrocités racontées. Que je ne poursuive pas ce chemin à me sentir impunie, intouchable. Je ne sais plus le mot exact, je l'avais je l'ai perdu. A cause de l'excellent Tricky. Que je sois là, à raconter ça en toute impunité. A me réjouir et à m'en vanter. Je vous aime, vous, lecteurs potentiels, lorsque vous n'êtes pas dans la menace, dans l'attaque. Bande de juges. Ce n'est pas ce que je fais. Vous aimeriez peut-être ?

Il serait dommage de se sentir mal à cause de quelqu'un qui vous aime. Vous vous sentez mal simplement à cause de vous-même. Depuis toujours. Depuis toujours, vous savez que la solution n'existe pas. Qu'il n'existe rien qui pourrait vous guérir. Guérir est un mot étrange pour vous, qui n'a aucune emprise véritable sur le réel. Vous vous faites des films. Vous trouvez que votre clitoris est épluché comme une banane dans la bouche d'une fille.

Les femmes n'éjaculent pas comme les hommes, maintenant vous le savez. Vous rentrez, vous êtes bien. Vous apprenez au téléphone qu'un oncle obscur que vous connaissiez que de loin, au Portugal, du côté de votre mère, est mort. Un frère de ma mère avec lequel elle était fâchée, depuis des années. Elle m'annonce la nouvelle. Elle me dit : tu sais, je suis triste, seulement parce qu'on n'a pas réussi à se réconcilier et que maintenant il est mort, mais sinon, je vais passer quand même une bonne nuit. Elle va payer quand même une gerbe de fleurs et comme les mauvaises langues vont sortir, elle va mettre un mot : Pardon.

Vous revoyez, en vous massant les mollets et les cuisses avec cette épaisse crème blanche à appliquer tous les soirs avant de dormir pour un programme qui vous nourrit la peau, avec l'excellent Tricky comme fond sonore (Christiansands), ou des disques de relaxation (j'ai trop honte de l'avouer), et vous revoyez cette chapelle que personne n'avait jamais vandalisée avant vous, avant votre façon de maquiller le visage de la Vierge Marie, un maquillage de rue, de trottoir qui se fait frapper à coups de talons aiguilles ou de talons attirés, par la facilité et la volonté, d'être là dans ce froid comme dans cette chaleur, et vous revoyez aussi son corps à elle, et vous vous dites que c'est loin tout ça, le Christ qui vous accueille les bras ouverts, quand vous arrivez sur le pont à Lisbonne.

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ANGELINE

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Commentaires
J
Merci de votre visite et de votre petit mot gentil sur mes pages. Je n'ai bien entendu pas encore pu lire votre blog entièrement. Quelle production! c'est très intèrèssant. J'aime bien votre écriture. Mais quelle douleur. Quelle blessure. Quelle souffrance. Réaprenez vite le bonheur. C'est pas mal non plus... cordialement.
S
Céline aussi est un écrivain humble .
A
J'ai le même plaisir à te lire qu'à lire La "Féerie pour une autre fois" de L.F. Celine... tu ne gâches pas ton talent en ecrivant ainsi... et le lecteur que je suis n'est ni un juge, ni même un assassin...
F
la première photo du film Délivrance...,si non rien à ajouter si ce n 'est que tout écrivain devrait aller voir Truman Capote:<br /> <br /> " En novembre 1959, Truman Capote, auteur de Breakfast at Tiffany's et personnalité très en vue, apprend dans le New York Times le meurtre de quatre membres d'une famille de fermiers du Kansas. Ce genre de fait divers n'est pas rare, mais celui-ci l'intrigue. En précurseur, il pense qu'une histoire vraie peut être aussi passionnante qu'une fiction si elle est bien racontée. Il voit là l'occasion de vérifier sa théorie et persuade le magazine The New Yorker de l'envoyer au Kansas. Il part avec une amie d'enfance, Harper Lee.<br /> A son arrivée, son apparence et ses manières provoquent d'abord l'hostilité de ces gens modestes qui se considèrent encore comme une part du Vieil Ouest, mais il gagne rapidement leur confiance, et notamment celle d'Alvin Dewey, l'agent du Bureau d'Investigation qui dirige l'enquête..."
S
Une après-midi de septembre , parce que j'entrais-là pour la dernière fois et que j'en étais sûre comme du fer, je me suis trouvée dans un tableau de maître . Autour de la table tournante elles étaient superbes d'éternité . J'ai pris le temps d'accrocher au mur de ma mémoire le tableau, en retenant mon souffle, mes gestes intempestifs . L'étoile à suivre, ce soir là , a brillé , calmement .
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