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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
14 mars 2006

Maelström

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Je me suis réfugiée chez elle. J'ai parcouru ce qu'il fallait, je manquais d'essence, au prix qu'elle coûte. En plus. J'ai marché, j'ai monté les escaliers. Je suis entrée. Je m'attendais à voir des femmes nues partout mais apparemment, c'est une lesbienne fidèle, elle m'a dit que ça couchait beaucoup n'importe comment dans le milieu, mais souvent, les filles étaient plus fidèles que les garçons (j'ai du mal à le croire). Je voudrais la croire. Elle sait, pour mon passé, bien sûr. Elle n'en parle pas. Elle attend que je vienne. C'est bien de sa part. En même temps c'est tellement énorme, je comprends la gêne des gens.Sur internet c'est mieux, on a le droit d'être indécent, c'est fait pour ça. On peut venir. Me demander, directement. Si j'aime ça. Si j'ai aimé ça, avec Antonio, mon oncle. Pour me faire du mal. Et bien je vais répondre comme Sharon Stone : oui, oui, j'aimais ça, j'aimais ça, j'étais nue, nue, avec mes seins, et j'aimais me faire tringler, par mon ongle, ça m'a épanoui, en plus, pour ma vie d'après, je suis devenue plus sûre de moi et j'ai trouvé que la vie était belle. Elle était belle aujourd'hui, oui. J'aime ça, la délicatesse. On dirait pas, hein ? Ben ouais. On dirait bien. Et je lui ai parlé de ce Guillaume, ça doit être un pseudo, il n'a même pas envoyé sa photo, mais il a donné suffisamment d'éléments que je ne peux pas publier ici pour me faire croire qu'il dit vrai et moi ça m'angoisse. Si mes anciens clients me retrouvent tous ici alors j'aurais dû écrire sous pseudo, je regrette (non bien sûr, je ne regrette pas). Je n'aime pas être découverte, mise à nue. Comme n'importe qui de normal (de normal). Elle m'a demandée si je pensais qu'il était capable de me faire du mal. J'ai dit non. Elle avait l'air gênée. Une tendre amie m'a dit que j'écrivais trop vite l'amour lorsque je tombais dessus, sans l'avoir attrapé pour de bon. Que c'était pour ça que je fuyais. Que c'était pour ça que je me sentais vide, à force d'écrire presque tout, de sortir presque tout, d'écrire de cette façon ça dérange non pas parce que c'est original, ce n'est pas original, c'est juste parce qu'ils veulent en garder un maximum dedans. En eux, garder en eux, dedans, un maximum de choses, comme dans les tiroirs de chaussettes, de slips blancs, de string qui rend les anus insensibles (c'est vrai). C'était pour ça que je fuyais. C'est ça, je viens de le voir, j'aurais dû le voir plutôt. Je ne garde rien en moi. Je ressors tout dans mon écriture. Ici comme ailleurs, je ressors tout ce que j'ai, ce n'est pas bien, c'est super, mais super mal. Alors que je devrais en garder un morceau avec moi. Pour être quelqu'un de sociable, je veux dire, de capable socialement, ce genre de choses. Elle m'avait demandée : pourquoi ton regard est si beau avec cette pointe de tristesse ? Pourquoi ? Elle n'était pas d'accord, peut-être, mais elle savait qu'elle allait quand même essayer, si avec une non-lesbienne elle n'arrivait pas à construire un couple (elle voudrait un couple, solide, de femmes, fortes des Catwoman tendance Burton ou des Ripley tendance Aliens). Je me suis sentie à l'aise dans ses bras, son baiser, à l'aise, à l'aise, blaise. J'étais contente, moi qui ai besoin de protection, de cette fichue protection, que je ne demande jamais, certains n'ont pas le temps, n'aiment pas ça, n'ont plus l'âge où n'ont plus l'habitude. Du temps que tu ne fumes pas près des pots de fleurs. Tout va bien. Elle a caressé ma joue et elle m'a demandée si je voulais dormir ici. Et j'ai été amusée, parce que je lui ai demandée : dormir, quand on est ensemble la nuit, on n'arrive pas à dormir. Je lui ai dit que j'allais rentrer, elle m'a embrassée, et m'a dit d'être prudente sur la route. Un animal mort éparpillé partout. On voit plus d'oiseaux morts sur les routes je trouve, depuis l'annonce de la grippe aviaire. C'est effrayant, on dirait qu'on va mal finir tous. Je ne mange plus de poulet crû depuis. Avant tous les jours. Et puis dès que je vois un oiseau, je lui tire dessus avec mon bazooka. Jean m'a dit qu'il avait acheté un poulet, qu'il espérait qu'il soit infecté pour qu'il puisse mourir. Il était sérieux, en me disant ça, j'aurais pu rire, ça prêtait à la gaudriole mais non. Je lui ai dit : laisse-le bien dorer au four, ok ? Ah, les poulettes folles je vous jure...Et si ta main caresse ma joue, peut-être que je n'aurais plus besoin du monde pour avoir mal ? Et si ma main caresse la tienne, combien de temps vais-je rester folle, sous cette pluie chaude, quelque part perdu en plein équateur ? J'avais les larmes aux yeux, j'avais été témoin de sa mise à mort. Que voulez-vous. Cela vous hante pour toujours, même lorsque Dieu vous aura jeté dans le lac de feu, et bien ça me hantera encore plus. Et bien ça vous hantera encore plus, je veux dire. Ne perdons pas la cohérence de la langue française, qui comme on le sait, est formidable, tralalalalère, ne soyons pas dispersé, dans ce chaos, dans cette bouillie, cette écriture-langage parlé que n'aiment pas certains, trop de choses que je sors de moi pour les mettre, avec complaisance, à l'écran, ce n'est pas juste depuis tous ces ans, ce n'est pas juste d'être rien à ce point. Que voulez-vous. Je vous conseille d'aller soigner à l'arsenic vos souffles affaiblis. J'ai effleuré sa main, ça ne suffit pas à me rendre heureuse, ça suffit à me rendre heureuse, rayez la mention inutile. J'étais bien, j'aurais dû rester mais je suis pas restée, avec le sentiment, de plus en plus prenant, d'appartenir à quelqu'un, lorsque Guillaume, ce Guillaume vient m'écrire ces trucs, ces preuves, j'espère qu'il ne me veut pas de mal, j'ai eu assez mal comme ça je pense, je voudrais bien que ça s'arrête maintenant. Si vous voulez continuer, arrêtez demain, oui je suis en train de pleurer sur moi-même, et alors, qu'est-ce que vous faites là, vous, tout de suite, en ce moment, en lisant l'angeline, vous pleurez sur vous-mêmes aussi et je pleure avec vous sur vous-même, aussi, avec vous. Oedipe toi-même ! Disait l'autre qui est décédé depuis, au Professeur Marcel. Mais voilà, elle m'avait quand même touchée. Elle m'avait caressée.

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Roman-photo : la première en haut, j'étais avec Dominique, on passait par là, bras-dessus bras-dessous et il a voulu une pause-pose solennelle, et je l'ai pris en photo en lui disant : vous êtes formidable avec vos cheveux gris qui ressortent bien. Il faut quand même avouer qu'ils renvoient bien la lumière, ce qui n'a rien à voir avec vos choix de carrière et de politique. La deuxième, ah, le p'tit coquin, on jouait à cache-cache, j'avais perdu mon chowchow ou mon chichi, je ne sais plus, bref, j'avais perdu mon chapeau, et on venait de me traiter de facho parce que je disais que bloquer les cours c'était pas beau du tout (sur la planète terre, c'est pas comme sur Enceladus). Et Dom et moi on faisait une partie de cache-cache, il riait, il riait encore comme un fou, là je l'ai pris à son insu, magnifique, derrière une vitre. Le petit coquin.

Vous trouvez ça bien, vous, d'appartenir à quelqu'un. Je ne sais pas trop si c'est bien. En tout cas c'est bon, j'avais oublié. J'espère que ça ne va pas se terminer et que je ne vais pas retomber dans une espèce de...De maleström.

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ANGELINE

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