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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
24 avril 2005

Hurt

sans_titreditaJ'ai pu jardiner aujourd'hui. J'ai pu me venger dans mes terres. De quoi ? De ce qui est blessant dans le quotidien. Le quotidien qu'on supporte peu mais qu'on tait. Et qu'on hait. Et je n'ai pas été dérangée. Sauf lorsque j'ai monté, assemblé et peint avec une peinture-vernis un meuble acheté à conforama, la vendeuse une petite grosse avec des lunettes avait un parfum épouvantable, je faisais un sourire gêné, j'étais en plein dans le trip "chienne capitaliste". Parfois, ça m'amuse, c'est comme de porter un masque. Bon, dehors, je l'ai peint. Mes voisins, des vieux, passaient et repassaient. En regardant. Le ciel était bleu. Leur chat gris me regardaient avec insistance. Le portable près de moi. D'abord : Denis qui me lance un message que je ne peu pas vous reporter ici, me trahisant moi-même et c'est rare, ma sacro-sainte règle de la transparence. Je vais le garder pour moi ce message même si je crève d'envie de le recopier. Je suis une bonne recopieuse, photocopieuse vous savez. Vous le voyez j'espère ? Bon, c'est bien. Je montre mes seins de temps en temps à mon miroir sinon, le matin. Il me faut de nouveaux amis d'après Sacha, tu vois, ton prénom n'a pas encore disparu de ce blog. Miracle. Je dis ça sans ironie, tu es à prendre avec des pincettes et un brin obsessionnel. Je te promets que là, je te cherche pas. Bon j'ai rapidement passé la première couche, avec dans la tête le contenu de ce SMS de Denis, qui m'a fait trembler. Je reniflais. Je n'avais pas de mouchoir. Je fais comme vous lorsque vous n'avez pas de mouchoir. Et j'ai continué de peindre. Ensuite : Jean. Il m'appelle carrément. Il me dit : "tu veux venir ce soir ? "C'est vendredi, le début du week-end. Pourquoi pas. Parfois j'ai des douleurs dans le coeur, je veux dire physique, ça tire fort comme un nerf qu'on tendrait au maximum, mon médecin à l'époque m'a dit : tout est normal, c'est psychosomatique. En d'autres termes : c'est dans la tête, ça provoque des douleurs dans le corps. C'est marrant comme la vie est bien faite dans nos atomes. Et j'aimais bien le fait que tôt dans l'après-midi, en haut du ciel bleu disposait une lune blanche presque pleine en plein soleil, comme pour lui faire un pied de nez. Parfois je suis un soleil, parfois je suis la lune, et vous, vous êtes taupes.

martens_olaf_021Dans mon jardin, elles font des volcans au fond. Et on m'a dit : protège-toi achète des produits. Cependant je ne peux me résoudre à tuer ce qui est en vie. Même si c'est nuisible. Ce n'est pas à moi de faire ça. Lionel peut-être. Il pourrait revenir, mais qu'il ne s'attende pas à ce que je lui donne mon coeur : il est à Denis, je vous préviens tout de suite. Je ne sais pas pourquoi il est à lui, je ne sais pas pourquoi j'espérais son retour, je ne sais pas pourquoi j'ai presque toujours eu ce que je souhaitais au fond de mon coeur, la prochaine chose c'est un monde meilleur pour tout le monde. Emballé avec un gros noeud rose. Avec un sourire de pétasse derrière, avec une jartière, et une attitude de salope, de biatch comme on dit en anglais aujourd'hui. Mais moi, quand je vous dis ça, ça ne tombe pas dans le parfum du monde, c'est vrai. Je tiens à ce vrai. Pourtant tout ça c'est aussi faux que le reste. J'aimerais que quelqu'un prenne un peu sur lui pour prendre le poids de mon coeur à sa charge. Je ne sais pas qui trouver. Je tombe sur des sentimentaux, des lacrymales, des cyniques, des pervers, voire même des analystes, qui me disent : l'amour, ma vieille, ha, ne m'en parle pas ! C'est toujours haine. Toujours avec de la haine. Dedans. J'ai mis des géraniums dans des balconnières. Il y avait du monde au balcon. La fille dévoile donc ses gros seins, avec tristesse elle en revient toujours à ça. L'homme sort un cigare d'une manière très suave, il fait un sourire, il lui dit : "tu sais c'est quoi le fantasme préféré de Bill Clinton ?" De demander pardon à sa femme, Hilary ? Non ? Je ne sais pas. Et bien c'est de te brûler le clitoris avec mon cigare. Je connaissais une fille sans nom qui a accepté de le faire (je ne sous-entends pas qu'il s'agisse de moi). Elle avait 323 ans dans sa tête, c'était de trop, beaucoup. Elle mettait toujours des barrières entre elle et les analystes, sans ironie cette fois-ci. Elle aime Denis. Elle a léché la fille devant l'homme qui fumait son cigare. Elle n'aimait pas faire ça mais c'était son boulot et il était très très très très bien payé, d'ailleurs je conseille à toutes les jeunes filles de faire la même chose, de courir pour gagner tout l'argent qu'elles veulent. Et d'ensuite d'avoir comme meilleur pote un homo pas frais, sa copine barbue, ici et là des connaissances féminines sans plus, l'amour du jardin et une amitié étrangement doucereuse avec un jardinier. Qui se reconnaîtra. Et puis aussi sa sympathie pour Sacha (je suis sûre qu'il va le prendre mal alors qu'il aurait tort). Qu'elle a toujours eu. Il faut écouter Shivaree, tout le monde devrait écouter Shivaree. Je léchais la fente fragile et effrayée, je léchais parce qu'au bout de ça, il y avait des fruits intéressants. Je ne suis pas à plaindre, je ne suis pas excitante, je ne suis pas intelligente, je ne suis pas riche, je ne suis pas maline, je ne suis pas quelqu'un de bien. Je suis quelqu'un de mieux que tout ça.

martens_olaf_03J'ai peur encore aujourd'hui dans le noir. Elle mouillait, pendant que le sexe tape, frappe, cogne dedans moi elle agite ses volontés, sa langue sur les pointes et je la regarde parce que je n'aime pas ça, et je crois qu'au fond de ses yeux, il y a l'argent au bout du chemin, pour elle aussi. De toute façon. Lorsqu'il s'agit de mentir ou de vivre un mensonge, quelque chose qui va à l'encontre de ce qu'on est, autant le faire à sang pour sang. Et dents pour dentier. Donc son sexe de Napolitain tapait et moi je ne pensais à rien, à l'époque très dure j'étais, très dure, une fille-rocher, au coeur empli de solitude comme les pierres. Comme l'autre. Et son sexe était en moi. C'était moi. Ce n'était pas vous. J'essaie de vous faire sentir tout ça depuis des mois, de vous faire toucher la chose depuis des lustres, sans, je le pense, y parvenir. Peu importe, les écrivains restent. Après leurs morts. Ils en ont plusieurs. Et ce n'est pas très sexy, ni exemplaire. Ses couilles tapaient contre l'anus, il transpirait beaucoup, il m'a demandé si j'aimais être remplie comme ça. Avec naïveté, voire même mêlée d'exaspération, j'ai dit : oui. Ils sortaient quoi comme film au cinéma ? C'était la fin, et ils annonçaient la sortie de Blade 2, grand film d'horreur et d'action. La fille était laide, elle m'a léché, elle n'a pas eu de chance, elle n'a pas eu ce qu'elle voulait, elle n'a pas eu la volonté de sortir d'elle-même, beaucoup disparaissaient, elle, elle s'est suicidée dans le mois qui a suivi. Dans son regard, au fond. Si je regarde mon existence, en dehors des patients de l'Hôpital des Morts, j'ai croisé trois personnes qui se sont suicidées, j'ai connu de vu une jeune femme qui s'est fait assassiner par son mari qui a appris qu'elle tapinait, il l'a poignardée sept fois dans leur cuisine tôt un matin, les gosses dormaient encore l'horreur quoi, une autre tuée par étranglement par son petit ami : elle voulait le quitter, il est resté toute une journée avec son corps mort allongé sur un lit à dormir contre elle, froide. Ensuite il est allé se rendre. Donc Denis, j'ai oublié. J'ai oublié ton sexe, comment il était, ton corps, l'odeur, tout ça ce sont des souvenirs mais ce n'est pas moi. CE N'EST PAS MOI DENIS. J'ai besoin d'avoir de vrais amis. Pas que Jean, sur qui je peux compter, c'est un vrai ami mais nous sommes trop fusionnels, un peu les membres...d'une même famille. Ou d'une secte. J'ai eu mal aux nichons à cette période, elle mordillait. Elle s'est jetée, elle s'est défenestrée. Elle est morte. Dans une certaine violence. Dans l'indifférence et ça m'a vaguement touché à l'époque des faits. Aujourd'hui, cela me touche beaucoup plus. Cette pauvre fille, sa vie, son oeuvre, son désarroi entretenu par elle, par la société. Cela m'a donné envie de mettre le feu à un bois au Portugal. Et d'écrire ce feu. Je vous dirais sans crainte du tout que je l'ai fait. De rage. Près de la maison de mon oncle. Sauf que, hé, manque de bol, le feu est parti de l'autre côté, il a rejoint les grands feux en bas, les feux en moi, les feux le long des toits. Les flammes qui léchaient le ciel bleu. I i i e e e. Et donc je suis soulagée, Franck. Je suis soulagée de ton commentaire, je suis soulagée, soulagée. D'un poids lourd. J'ai le monde sur mon dos, personne ne voudrait en prendre un morceau pour m'aider ? Je suis seule. Personne, non ? Vraiment, vous êtes sûr ?

C'est trop dur ? C'est trop moche ? C'est des rochers, ce sont, on n'ose pas ? On a peur ? Le monde c'est des rochers, on ne peut pas ? C'est un sacrifice ? Je ne suis pas clouée à un fauteuil, les bras en croix. C'est trop dur, ton sexe, tu en es sûr ?

Denis, si je ne parle pas de toi ici, c'est juste que tu es en moi (inexplicable alors please, don't ask me) et avec un peu de joie, d'amertume, de feu du Portugal, je suis allée à Vichy, voir Jean et Frédéric, ils m'ont accueilli dans la chaleur de chez eux, enfin de chez Jean pour l'instant : j'étais soulagée de les avoir, j'étais soulagée d'avoir quelqu'un sur terre qui m'attende pour manger et être avec moi, avec mes seins, mon vagin, mes viscères, mon cerveau et le reste. Qui m'acceptait moi sans m'analyser, sans me décortiquer, où je pouvais me dire : voilà, ben maintenant, le monde, vous pouvez continuez. Comme vous faites, ne changez rien c'est parfait comme ça. Continuez. Je vous encourage. Continuez, pour les gens comme moi, qui ne peuvent pas tous souffler. Mais ce n'est pas grave. Un jour, ça sera l'independence day, comme ce film ridicule de Roland Emmerich. Ils m'on servi de l'abisinthe, l'absinthe ne se fait plus aujourd'hui. Enfin je crois, c'est ce qu'ils m'ont. Je n'ai pas été ivre, John, Jean (sourire comme certains qui écrivent, ils mettent leurs sourires hypocrites un peu partout) était étonné. Alors que je suis un grand corps humain blessé, comme des milliards d'autres, mais pour d'autres raisons, comme des milliers d'autres, blessé comme Hurt, William en anglais.

a n g e l i n e   ?

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Commentaires
M
De retour, du jardin,<br /> j'ai pris le train,<br /> vers ses fleurs d'hier,<br /> celle du passé que j'enterre...<br /> <br /> Mes mots rejoignent les tiens,belle Angéline.
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