Le début de Satan

Jésus, tu m'as écouté, c'est bien. Tu as rasé ta barbe. Il fallait absolument que je te parle. Comme chaque personne éprise d'un questionnement torride. Sur sa condition de mortel. Tu me connais, tu n'as pas voulu accepter mon offre de coucher avec toi, vu que t'es pas mal partout dans les églises, et tu m'as dit : "non, moi, les putes, elles me suivent, et non l'inverse, viens". Pas de haine envers toi. Je n'en sentais pas en toi. Bref, Jésus, je suis éprise comme dans l'emprise d'une terreur, d'une terreur sourde, comme un Big Bang dans mes sentiments, dans mon sang, je sens qu'il ne coule plus pareil. Peut-être même qu'il coule à l'envers. Et ça me fait peur, Jésus. Jésus, toi mon frère que je n'ai jamais pu. Et c'est un homme à qui je dois ça. Non ce n'est pas Franck. D'ailleurs, je me trouve fortement méchante avec lui. Voire même désagréable. Peut-être qu'il pourra m'en dire davantage sur ce qu'il ressent, à moins, qu'en effet, il veuille vraiment se déshabituer. C'est possible, c'est un adulte, il sait ce qu'il fait (ouais). Non c'est un homme qui va venir me voir. J'ai accepté finalement et j'ai accepté parce que lui, je l'ai connu avant mon ex-mari et avant tout le monde presque : j'ai la sensation et je l'avais à l'époque de l'avoir connu depuis le début de la vie, depuis le début de cette planète, le début de moi. Est-ce que je suis la seule à ressentir cela ? Non je suppose d'autant plus que lui aussi ressent cela, très fortement, il me l'a dit avant que je ne lui en parle de mon côté. Ce qui prouve bien qu'il est honnête. Mais Jésus, vois-tu, je ne voudrais me faire encore agresser par un alcoolique qui se cache. En effet, mon ex-mari est alcoolique mais pour moi il avait tenu six mois sans alcool. Jusqu'à ce que : je crache du sang dans le lavabo et un morceau de dent cassé. Que j'ai remplacé, ça coûte une fortune en plus et les dentistes sont de sacrés vicelards (j'en avais comme clients, obsédés par les dents, à croire qu'ils en font leur métier...humour, amour, quand tu nous tiens). Pour des mecs habillés en blanc ils aiment des choses osées, comme la sodomie. Alors que l'anus n'a pas de molaires. Bon, ce n'est pas le propos. C'est ma crainte, Jésus, pourquoi Diable l'amour doit-il s'accommoder de la peur ? A présent que je ne sais plus m'abandonner à lui ? Il faut plonger dans l'amour, c'est un risque qu'il faut prendre, la vie est moche sans amour. Mais si cet amour est fulgurant, faut-il pour autant se jeter dedans en fermant les yeux, en espérant qu'après, on retombe sur nos pattes ? Comme un chat ? J'ai peur, Jésus. Je suis bardée de peur, comme une pomme de terre peut l'être de lard et je voudrais ne plus avoir peur, jamais. La peur n'est pas humaine. Elle est pourtant si vieille et si présente. On ne devrait plus en avoir peur, lorsqu'on rencontre quelqu'un. Mais mon coeur est en ébullition. Cela se voit à mes récits. Je suis tourmentée, positivement, j'ai des fourmis dans tout le corps, je ne sentais plus mes mains, j'avais le trac des amoureux, les papillons, toutes ces conneries qu'on dit pour qualifier la peur d'aimer. Quelqu'un. Ce n'est pas n'importe qui. C'est un homme, déjà. Jésus, toi le frère que je n'ai jamais eu, vois-tu, je ne suis pas gouine. D'ailleurs je préfère largement les gays aux gouines en tant qu'hétérosexuelle : les lesbiennes que je connais sont racistes et limitées. Les gays sont plus ouverts (un peu plus). Je suis ouverte moi aussi. On ne dirait pas mais je t'assure, frère Christ, toi mon frère et non mon père, j'en ai déjà un, je suis ouverte. Très ouverte. Et c'est pour ça que lorsque je vois l'amour, je lui dis oui. Ce qui c'est passé avec Franck, effectivement, c'est que je croyais pouvoir lui donner une partie de ça, de moi. Du meilleur de moi. C'est cette capacité à faire du bien, ne serait-ce que par mon existence. Je n'ai pas su avec lui, c'est très rare, mais des fois, je ne sais plus donner, Denis a parasité Franck, complètement, ce n'est pas de leur faute, ce n'est pas de la mienne, cependant, c'est Franck qui a l'air de vivre la déception la plus injuste. Je suis désolée. Franck. Ne pas avoir eu le temps de te parler. Je t'avais dit que moi c'était plutôt le soir. Je suis désolée de ne pas avoir appelé. Je suis désolée. De t'avoir délaissée, tourmentée que j'étais par Denis. Ces moments te sont dédiés, Franck. Mon beau jardinier : y-a-t-il moyen que j'essaie de me rattraper en te donnant mon amitié ? Dis-le moi par ton silence si c'est non si c'est oui : alors-là tu reviendras planter des pensées dans un coin de mon jardin prévu à cet effet : où les autres peuvent venir planter leurs graines, surtout les mauvaises, elles poussent mieux dans mes terres. Donc Jésus, j'ai honte parfois d'écrire Mercier en train de baiser une callgirl de toute sa laideur. Jésus, sans barbe, tu es pas mal non plus. Je ne sais pas pourquoi mais tu ressembles à un sex-symbole même. Le genre angélique romantique : mais bien piètre clairvoyant. Etant donné que je suis tourmentée, je vais dire que ce texte est une prière même si bon...et tu n'as qu'à y voir toute ma sincère gratitude. Pour répondre à mon dilemme. Pour donner à mon angoisse un souffle d'honnêteté, lui faire prendre conscience qu'elle doit s'arrêter, que je dois m'arrêter d'angoisser, mais cette homme-tornade a été l'un de mes anciens clients !!! Je ne sais pas si tu te rends compte, je ne sais pas si vous vous rendez compte. Je le redis : cet homme a été l'un de mes anciens clients !!! Donc j'ai peur !!! Et en même temps, j'ai besoin de le revoir. J'ai besoin qu'il fasse partie de ma vie. Je ne sais pas ce qu'elle va devenir d'ailleurs ma vie. Si je suis heureuse, ce blog continuera, si je suis malheureuse, aussi, donc bon. Mais lui. Je me demande s'il a peur. Tiens, je n'ai pas évoqué ce qui se passait dans son coeur en ce moment, là où je vous parle. Il doit être tourmenté aussi. La vie prend parfois le large, disait...je ne sais plus qui. Il est allongé. Il doit dormir à cette heure-ci. Et moi je devrais faire pareil. Mais je ne peux m'y résoudre. Ce blog devient de moins en moins de la littérature pour se concentrer uniquement sur ma vie, j'ai honte. En même temps : j'en suis très fière. Est-ce qu'il y aurait quelqu'un, qui, disons, aurait le coeur assez large pour venir essayer de...non laissez tomber. Franck peut-être ? Si je te le demande en public ?

ANGELINE