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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
21 février 2005

Martha's Foolish Ginger

Le soir tombait. J'avais fait une sieste pour récupérer de la nuit. Il n'y rien à dire sur cette nuit. Et je suis allée me faire bouillir de l'eau. On a sonné à la porte, je venais d'allumer le PC pour aller sur le net, regarder mes messages, Marie me fait des lettres et des lettres et des pages et des pages, elle me dit que j'ai raison, que ça ne donne pas de solutions, l'écriture mais que c'est une issue de secours quand même. Que la solution si, existe, mais qu'elle ne se dit pas comme ça. Qu'on n'est pas des idiotes non plus. Qu'il faut trouver soi-même. Tout seul comme un grand. Que c'est formidable. J'aimerais pouvoir en dire autant, ma douce. Bon, ce n'est pas grave qu'il soit parti. Finalement. Tu me l'as dit. C'est peut-être bien parce que ce n'était pas aussi important que tu le pensais. Tu pensais trop c'était artificiel. Et puis les hommes, ça se remplace bien, il y a toujours des étalons dans les starting-blocs. Donc je suis allée ouvrir à Jean qui est entré, penaud, bien sûr, et il m'a suivi d'abord dans la cuisine. Bon je me sentais triste. J'avais des raisons personnelles qui me rendaient tristes. Le dialogue ça rend triste. Nettoyer le cul des vieux ça fait de moi une femme plus humble, j'aime faire ça. Mais le reste autour ça rend triste. J'étais triste et autrefois j'avais un coeur plus maléable. C'est fini ça aussi même si je suis assez heureuse en ce moment. Malgré la neige que je n'aime pas : je la trouve belle. Trop belle pour être honnête. Et dans la cuisine, j'ai servi à Jean du café qui n'en boit jamais le soir comme ça. D'habitude. Mais depuis Marc il m'a dit : mes habitudes ont évolués. Vaste Programme que j'ai répondu. Moi j'avais préparé une infusion, je sens que je tombe malade, dommage je tombe pas amoureuse de ceux qu'il faut. Sam. Si tu es là. Je crois qu'il ne me donnera plus jamais signe de vie, on aurait pu rester amis. J'étais bien avec lui. Mais je ne peux pas utiliser les gens pour mon bien-être comme on l'a toujours fait avec moi avant. Non. Vous savez, il y a des jours, on ne sait pas bien la vie, si on l'aime ou pas, et puis on s'en fiche : on veut dormir, ça fatigue de nettoyer des papis qui délirent la nuit, pissant dans les chambres et qui pleurent ensuite parce qu'on les attache. Et qui essaient de vous mordre aussi, ça fatigue. Je n'aime pas attacher les gens. Enfin ça dépend dans quelles circonstances. On voulait souvent m'attacher, on devait refuser nous avait demandé Daisy le regard sombre. J'ai accepté une fois, parce que je me disais : celui-là, avec sa tête c'est un tueur, je veux en finir, là, et ici, et tout de suite. Mais non, un brave type, en fait, à part sa lâcheté, de payer un acte sexuel. J'ai été témoin de votre société à la noix comme je disais avant. Et puis une nuit en boîte avec Jean ça épuise. D'ailleurs, dans le message précédent je suis d'un manque de correction envers tout le monde que j'en rougirais presque de fierté maintenant. Mais bon, c'est vrai que j'étais...en manque. De quoi ? (entre parenthèses) ça ne te regarde pas. En manque de parler. De parlement. De paroles, de dires, de redires, de vomir, de maudire. De tout ça. Je suis une jeune femme fragile. Pas faible, ne vous en déplaise. Jean m'a dit que Marc et lui, c'était la guerre, ils se disputaient pour un biblo mal placé, pour une pâte trop cuite, pour une chaise mal rangée à la table. Je lui ai dit : c'est normal ce genre de périodes. Et là, il me tue encore plus : oui mais nous deux nous n'avons pas traversé ça. Là, j'ai avalé de travers, c'était Tarantinesque la scène, j'ai failli me brûler la gorge, avouez que ç'aurait été dommage. Je pense alors : c'est pas vrai, il va encore reparler de nous comme si mon estomac avait tout digéré ? Il n'a donc aucun respect pour moi ? Ou il fait exprès de... J'ai fait comme si sa remarque n'avait pas d'importance, qu'elle était noyée dans son small talk, Jean tu fais des Small Talks, Carl m'a dit ça en me lisant. Il est pédé comme toi et il ne te connaît pas et il ne peut pas te blairer. Moi je peux, j'aimais ça il y a encore deux mois à peine.

Les lumières du salon sont tamisées et on a continué à parler enfin moi j'ai continué à t'écouter parler de ta petite vie. Comme d'habitude. J'étais toujours furieuse contre toi tu sais. Je faisais comme si. Les falaises, mon père me montrait les falaises, les gouttes d'eau sur les fleurs, la rosée, tu sais ce que c'est que la rosée ? Il m'expliquait les falaises, la rosée, tout ce que je ne savais pas et qu'on n'apprenait pas beaucoup à l'école. Il était très précis, très clair, très juste. On aurait dit qu'il savait tout. J'étais petite mon père pour moi c'était vraiment magique. Et j'étais heureuse avec lui, avec ma mère je me sentais toujours en décalage, dans la vie entre elle, ma mère et moi. Il y avait un décalage qui ne venait pas de moi, je vous signale que j'étais petite, c'était elle l'adulte, les adultes sont hantés. Souvent. Dans leurs têtes. Jean essayait de reparler de ce qui c'était passé samedi. Samedi soir, on a été en boîte à quatre : Jean, Marc, Marie et moi. Ils avaient bu, on avait convenu : Angéline ne boit pas. Moi ça ne me dérange pas du tout, je sais m'amuser sans alcool. En fait je ne sais pas m'amuser tout court déjà à la base, je ne m'amuse jamais, quand je vois un film je le décortique, quand je lis un livre (ça fait des lustres que j'ai arrêté de lire, je ne sais pas pourquoi) et bien avant quand je lisais, en fait depuis que j'ai quitté Jean (oui oui c'est moi qui lui ai dit de partir) je n'ai pas lu de livre, il voulait m'acheter DA VINCI CODE, pour faire quoi mon amour on a déjà du papier toilette à la maison que je lui avais même répondu, donc pour faire quoi ? On est sorti, je ne sais pas m'amuser, ce qui m'amuse c'est regarder les autres s'amuser de ce que je n'arrive pas à m'amuser. Eux ils y arrivent. Je préfère écrire qu'aller en boîte par exemple. Je trouve ça plus amusant à mes yeux. Bref, les gens dansaient, il y avait du Poppers, boîte lesbian-gay-friendly, yeah, cool, et des mecs qui s'embrassaient à pleine bouche dès qu'on entrait. Marie voulait s'amuser. Marie va mieux. De mieux en mieux. Je lui ai dit : qu'un homme qui me cherche et qui me veut, qui s'obstine à me vouloir, si ça se trouve c'est même un type qui a de l'influence, qui pourrait m'aider à me faire publier là où je ne pourrais même jamais avoir droit à la parole, je lui ai dit : il sait comment tu vas réagir, il devine tes sentiments à l'avance. Elle a sourit, elle m'a dit il est fort. C'est normal il a fait des études. On n'a pas tous la chance d'être malheureux sur terre, n'est-ce pas Mathilde. Pauvre conne. Mais j'étais bien. Je pensais à mon père. Et puis un peu plus tard dans la soirée, on perd Marc et Marie qui dansent dans la masse compacte de fumée, de sueur, de corps, de rouge, de lumière je veux dire, et je me retrouve avec Jean. Qui me regarde, qui s'approche. Qui me demande si je veux une cigarette. Il fume de l'herbe de temps en temps, je trouve ça ridicule à son âge. Je lui dis : tu sais très bien que je ne fume pas, enfin si la fumée des autres. Il me dit : t'es et tu seras toujours une chieuse...il rigole, il dit : c'est vrai on est ensemble, tous, on fête le célibat de Marie, et puis toi t'es là tu continues d'être...je le dévisage. Je me vois lui couper la tête et la brandir ensuite devant tout le monde, Jean a encore pas mal de cheveux, c'est bien. Brave homme. Je lui dis : tu arrêtes Jean s'il te plaît. Je fais un sourire déstructeur, mon sourire charmeur qui marche à trois cent pour cent avec les faibles. Mon sourire de fille irrésistible, que j'ai étudié pendant mon état de pute, devant une glace. Hélas, si seulement c'était beau ce que je disais. Mais c'est la vie. Et donc il rigole. Il pose sa main sur la mienne, sur la petite table. Sur des écrans, des images pornos gays. Les mecs dansent, les filles aussi, les filles entre elles, les mecs entre eux. Marie se fait draguer aux toilettes par une femme de son âge je le saurai plus tard, Marc, je ne saurai pas où il est passé. Jean me dit : Marc, il couche avec d'autres mecs...il fume, il fume mal il a mal à l'intérieur. Et là je commence à vraiment être mal à l'aise parcequ'il garde ma main dans la sienne. Il pétille dans son regard. Quant il me dit ça que son mec le trompe, je ne ressens rien, c'est après, là tout de suite pendant que je fais ma synthèse, mon rapport que je vous dis ça. Ma synthèse, mon rapport. Je jouis sur place, je mouille. J'inonde le siège, j'inonde moi, la vague est impossible à retenir. Absolument et je jouis. La vie est une salope, et bon sang ce que je peux l'aimer parfois. Donc je lui demande : pourquoi tu me dis ça ? Il me répond : parce que je voulais que tu saches. Et ça te fait du bien de me le dire ? Il répond : oui. Et puis je lui dis : je vois pas le rapport. Avec ce qui se passe en ce moment. Il me regarde en disant : je t'aime toujours, je n'ai pas arrêté...mais je sais que c'est foutu, que j'ai merdé pour de bon cette fois. Alors je lui dis : je suis supposée être triste pour toi ? Je me sens méchante sur l'instant. Ce ne sont pas les phrases de l'instant, sur l'instant c'était du tac-o-tac violent, du slam méchant. Il me dit : t'es vraiment une chieuse. Je comprends je réponds. Il ose me dire : tu comprends que dalle ma petite. Tu comprends que dalle, ce que tu écris le prouve. Les mecs qui te lisent veulent te baiser point, t'as été une pute t'as même pas été capable de m'en parler tout de suite. Et là, ma voix se casse à cause de l'émotion, de la honte, je suis dénoncée : tu crois que c'est facile pour moi ? D'avoir cette histoire dans mon dos ? Il me dit des choses méchantes et grossières. Ensuite : je m'excuse. Il me regarde en allumant une troisième cigarette. Les deux autres toujours pas là. On est très proche, j'ai envie de m'éloigner de lui, j'ai mal au coeur, je suis énervée, mais les banquettes sont petites, il n'y a pas de place ici, c'est moche, on étouffe et on ne s'amuse pas pour le coup. Alors il me dit : je ne pensais pas ce que je disais...et là, il pose sa cigarette et m'embrasse, moi je le repousse. Il n'a pas la langue, donc c'était plus un bisou qu'un baiser, sur les lèvres mais c'était trop. Alors je le repousse, ensuite je lui envoie un direct du droit sur la mâchoire qui me fait plus mal à moi qu'à lui. Il me regarde surpris, moi j'ai mal à la main, encore maintenant. On s'est observé pendant une dizaine de secondes qui, en fait, ont duré trente minutes environ et ensuite, pas un regard. Aujourd'hui donc, il a téléphoné : je peux venir ? J'ai dit : oui. Enervée. Je n'ai pas de sabre chez moi, dommage. Et puis je me suis réveillée. Le soir tombait. J'avais fait une sieste pour récupérer de la nuit. Il n'y a rien à dire sur cette nuit. Et je suis allée me faire bouillir de l'eau.

Angéline.

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Commentaires
F
Cette fascination pour Kill Bill commence a devenir malsaine...Une nouvelle Mariée?
M
un peu triste pour toi. Ton mike
D
Je pense qu'il a bien merité ce direct du droit. Je pense que le jour où je serai comme ça, je le meriterai ce direct du droit, et j'espère que j'y aurai droit parce que ce jour arrivera, malgré moi.<br /> <br /> Je me mets à sa place et j'ai un peu pitié et beaucoup de dégoût pour lui.
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