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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
23 décembre 2004

Fire Walk With Me

Pourquoi pas aller au cinéma ? Pourquoi pas sortir avec son amoureux ? Pourquoi pas puisqu'il a quarante ans. Et qu'il couche avec elle qui est son amante. Lui c'est son amant. Pourquoi pas aller au cinéma. Mais face au cinéma se retrouver devant des films à la tronche pas catholique. Ou justement trop catholique et ça ne va pas non plus. Alors on regarde Twin Peaks - Fire Walk With Me à la maison un soir et mon Jean, mon amoureux, mon apôtre il ne comprend pas les images bizarres de David Lynch. Moi non plus mais ma sensibilité les accepte et les fait devenir à elle. C'est-à-dire qu'elle ne les comprend pas, elle les ressent. Donc il est garagiste et il ne comprend pas ce film, il ne comprend pas la relation incestueuse entre le père et la fille, une relation très ancienne qui est enfouie, cachée. Et que les principaux protagonistes ne veulent pas regarder. Fermer les yeux très forts. Jean me prend par la main souvent sur le canapé, j'aimerais vous en faire une photo très naturelle, sans qu'on voit la mise en scène, la préparation avant, de la photo. Sinon il a préféré Photo Obsession ce joli film triste avec Robin Williams. Alors ils regardent le DVD, il lui prend la main où alors prépare son sein droit pour qu'elle puisse y poser la tête. Elle aime ça entendre le coeur de l'homme. Elle aime ça entendre quand ça bat fort, par exemple, je vous le donne en mille, après l'amour. Juste après ce point qu'ont atteint les deux amants, les deux corps animaux ont finis, ils relâchent. Alors que lui avant il a baisé avec des hommes et des femmes. Je sais, je l'ai déjà dit. Je le répète. Je fais ce que je veux ici. Il a baisé des hommes. Elle doit avouer à sa grande honte : mon Dieu quelle horreur. Ce n'était pas du vrai racisme, de la vraie homophobie, c'était : je tombe sur un homme à problèmes. C'était vraiment ça. Elle était désespérée, d'autant plus qu'ils ont presque vingt ans d'écart, c'est pas mal. Qu'est-ce que vous en pensez ? Par exemple l'autre Archange qui sous le couvert de la poilade ou du sérieux (ce qui est encore pire) vient me demander de croire parce que selon lui je ne crois pas. Je crois en moi, c'est la base, ensuite je crois en lui. En Jean je veux dire. En l'amour. ça existe, je l'ai vu, je le vois tous les jours mais c'est difficile. En effet personne n'a dit que ça devait couler de source, la chose. Que tout le monde rejette tellement c'est brillant, comme des enfants en bas âge, ils aiment quand ça brille, un peu comme les oiseaux. Avec leurs becs et leurs griffes accérées. Cela me fait peur. Alors j'écoute le coeur de l'homme après lorsque son sexe se ramollit (passage provoquant entre parenthèses) et que je l'ai pris dans mon sexe qui se sèche des sublimes saletés de l'amour (deuxième passage un petit peu provoquant entres parenthèses). Alors que faire ? Aller au cinéma, Garmonbozia, Chagrin et Peine, Jean mon amour, tu as quarante ans, tu veux un enfant qui ne vient pas avec moi, si ça se trouve tes expériences homos t'ont niqué le cerveau (passage volontairement raciste et homophobe pour appuyer la nullité de la chose justement entres parenthèses), Silencio et des histoires d'amour, des histoires d'o. En effet, personne n'a dit qu'on allait essayer et que ça n'allait pas marcher au bout d'un mois. Une amie m'a dit que c'était normal, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Je m'inquiète quand même. Bon, reprenons dans ce foutoir, l'amour. Elle écoute le coeur de l'homme battre en regardant anodinement un film, tandis que pendant ce temps les deux infirmières de Pau se faisaient massacrer, Angéline et Jean faisaient l'amour. Ce samedi -là ils faisaient l'amour la nuit, quelle jolie phrase. Et c'était vrai. Je suis fausse la plupart du temps (passage exagéré) mais avec lui je me sens vraie. Je me sens vivante ! Et c'est bon. J'aimerais...Euh non. Bon elle écoute son coeur et puis il ralentit. Bon bien sûr, il ronfle après comme tous les hommes, mais que voulez-vous, ils sont tellement adorable et puis on les prend en pitié qu'on les laisse (passage drôle pour ceux qui en douteraient). On les regarde dormir aussi. Elle le regarde dormir, elle est heureuse, enfin non, elle se sent juste bien, elle le regarde comme ça avec sa jambe mise comme ça et il dort, il est beau, c'est lui le plus beau, non ce n'est pas vrai mais en tout cas c'est à lui qu'elle est attachée, pas un autre. Les autres, des hommes invisibles pour elle, même des plus beaux. Il ressemble à George Clooney il y a pire comme sosie. Et comme son coeur bat fort, comme elle aimerait être à l'intérieur pour voir les ventricules, couper au scalpel en deux l'aorte, pour y mettre son doigt, goûter le sang, manger un bout de gras jaune du coeur, du coeur de son amant. Elle aimerait faire ça si elle est honnête. Elle l'aime tellement qu'elle pourrait le manger. Elle arracherait un morceau d'intestin plein d'excrément encore chaud et elle mangerait quand même. l'amour n'a pas peur de la merde, sinon les femmes n'essuieraient pas l'anus de leurs bébés, et surtout de leurs petits garçons. Si elles le faisaient mieux, il y aurait moins d'homosexuels, c'est sûr. Son film préféré c'est Mulholland Drive, lui il est plus Seigneur des Anneaux, chacun ses goûts. Elle aimerait lui parler plus franchement. Elle aimerait ne pas avoir peur lorsqu'il dort et qu'elle le regarde dormir. Il est beau. Vieillir lui va bien. Je sais ce que vous pensez : elle n'a que 25 ans, elle est garce face à lui 42. Mais ne vous inquiétez pas, je vous répondrais : c'est vrai, je suis une garce et la pire que je connais. Mes rares amies vous diraient le contraire : je suis l'exact opposé. Mais bon. Sinon on va passer le nouvel an dans la communauté homosexuelle et j'ai peur rien que d'y penser. Ses anciens amis vous savez, de son ancienne vie. Vous comprenez. J'ai fait du mal à une vieille copine, Mathilde, une idiote qui a eu du mal à comprendre, j'ai horreur de blesser, surtout les idiots. J'ai peur des gays parce que la dernière fois, une fille m'a draguée et sa copine n'était pas d'accord. Jean et ses potes gays se marraient dans leur coin. Ils se marrent tous dans leur coin toujours. Garmonbozia, chagrin et peine, elle aimerait faire ça si elle honnête et...Elle écoute encore son coeur souvent. Et il bat fort.

Angéline

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