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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
19 février 2008

Faire avec l'Imperator

Mistinguett_2

TOUS LES CHEMINS MÈNENT A L'IMPERATOR

J'ai dû te meurtrir. J'ai dû te faire souffrir. Je voudrais m'en rendre compte. Entièrement. Dans les grandes largeurs. Dans tes profondeurs. Un peu de moisissure pour commencer. Un peu de levure pour faire lever tout ça. Tu n'as pas besoin de Viagra pour faire lever tout ça. Pas besoin de télévision, de ton Nicolas. Que tu aimes tant. Je t'aime toujours même si tu penses qu'on l'attaque. On ne l'attaque pas du tout mon amour. Je m'en fous. On ne l'attaque pas du tout, on le regarde danser. Tu aimes danser toi ? Pas besoin de Viagra, comme les stars de cinéma. Comme les chanteurs qui meurent. Comme les actrices qui veulent se faire un trip avec leurs copines. Tu en penses quoi ? Ce bonheur est immense. J'ai dû te meurtrir. J'ai dû te faire souffrir. Je voudrais m'en rendre compte. Entièrement. Ne me parle pas de wagons. De levure, de déportation. De cannes à pêcher. Les pêchers dans la vallée ont parfois des fruits pourris. L'arbre et le fruit, ce n'est pas toi et ton père. Ne rentre pas dans le terrain des vainqueurs. Dans les grandes largeurs. Dans les profondeurs. Dans tes pupilles, tes iris. Un peu de moisissure pour commencer. Un peu de levure pour faire lever tout ça. J'ai appris à détester m'enterrer dans ma tête. Et à aimer ça, moi c'est la guerre. On s'enterre parfois dans sa tête comme on enterre les chanteurs morts au Père Lachaise. Partir. Loin. Avec toi plusieurs jours, à Paris. Mistinguett peut-être ce n'est pas si loin. Que ça. Un peu midinette sûrement. Les vieilles pédales en couples qui se repèrent. Elles se tiennent par le bras, elles marchent en ayant des bites à la place des yeux, elles font pouffer. J'ai un attentat à la place du cerveau, alors je peux critiquer...Cela me va bien remarque. Les lumières de la  Tour Eiffel la nuit, depuis la chambre d'hôtel. Oui. J'ai dû te meurtir, oui, et la guitare de Carla et son bling-bling au doigt pas loin. Non. Et dire que tu viens de décharger, un peu sur moi, un peu sur les draps. Sale Arabe, tu es mon sale Arabe. Tu connais cette technique, pour ne pas avoir d'enfant, qui consiste à se retirer à temps pour éjaculer sur le ventre. Tu aimes tellement la danse. Les bruits de ton corps enfermé dans les toilettes, oui. Entièrement. Dans les grandes largeurs. Dans tes profondeurs. La polka ou un beau tango. Un peu de moisissure dans la confiture. Un peu d'acide sulfurique pour décrasser tout ça. Un peu d'amour dans tes mots, un peu de lumière dans tes mains. Un peu de gestes cohérents. On les entasse dans des wagons les pauvres animaux ! Pas besoin de téléphoner pour savoir comment tu vas. Pas besoin d'être à quatre pattes pour t'aimer. Non. Sauf peut-être dans l'amour. Besoin d'être à quatre pattes. Le chien lape le peu de lait qu'il lui reste dans la gamelle, c'est un souvenir de ton enfance, précis. Ton père, homosexuel, n'en voulait pas. De ce petit chien. Qui est mort d'ailleurs, écrasé par une voiture, cinq mois après qu'il soit arrivé dans tes bras. Tu as pleuré à l'époque ça t'avait crevé le coeur. Concret. Pas besoin de Robbe-Grillet. Pas besoin de Viagra, pas besoin du nouveau roman, pas besoin de la pornographie. De la destruction, de la déstructure, je ne crois pas en la déstructure. Je ne crois pas en l'écroulement. Ni au tien, ni au mien. Quelque chose a été cassé et quelque chose va être cassé. Prochainement. Futurement. Est-ce que tu connais le futur de la danse ? Je sais que ça ne se dit pas. Je sais tout ça. Dans les profondeurs. Les grandes largeurs. Ne me dit pas que je suis une femme. Ne me dit pas que j'ai un coeur. Ne me dit pas que je suis un Lion. Ne me dit pas que je suis la nuit. Ni même les vents qui tournent ton moulin lorsque le jour disparaît. Lorsque tu lèves la tête en l'air pour voir Vénus apparaître la première. Regarde comme elle brille bien plus que la Lune ce soir. Regarde. Dans mes profondeurs. Dans mes plus intimes peurs, dans mes pleurs, dans mes leurres. Regarde un peu comme je me mets, à quatre pattes devant toi. J'aime le lait aussi moi. Tu aimes m'en donner ? Ne me dit pas que tu ne peux plus en dormir le jour. Que ta cape de Christopher Lee a été reprisée, ne me dit pas que je ne dois pas me mettre à quatre pattes. Dans les grandes largeurs, tu trouveras ton appétit dans ton bonheur, il faut que tu regardes attentivement, la façon que j'ai, de mettre mes jambes comme ça, et mes mains comme ça. Sur ce carrelage qui répètent à l'infini cette si belle croix, formée de deux triangles, tu vois. On apprend mieux à distinguer la différence entre ce qu'on digère et ce que l'on mange. La rose au coeur mais je préfère la tulipe aux chevilles. Je ne crois pas en ton père, ni même en son homosexualité, qui lui va très mal. Car j'ai dû te faire souffrir. J'ai dû te dire quelque chose qu'il ne fallait pas dire. J'ai dû me tromper. J'ai probablement pensé que l'oppression nous sortirait de cette impasse, dans notre couple, dans notre amour. En le mettant avec les porcs, dans l'ascenseur pour la peur. Dans le wagon, pour un dernier voyage pour l'enfer. Les porcs aiment les trains, et les hommes détestent les avions, nous voilà bien. J'ai dû faire la caresse de trop, de pas assez. J'ai dû ramasser les poils qui sont tombés lorsque tu t'es déshabillé. Je dois toujours passer derrière toi, pour nettoyer les miettes, les poils comme des miettes de pain derrière un gamin et son casse-croûte. Paris n'est pas un sandwich, et ses ruelles ne sont pas un paradis. On peut mourir à Neuilly, mais on meurt quand même. On attend les trains, comme on attend demain, tchou-tchou je suis pas très loin de te retrouver, je monte vite dans le wagon affamé, affamé de gens littéralement, heureusement que pendant qu'on danse nous ne sommes pas menottés. Heureusement que tu m'entends clairement quand je te regarde dans les yeux, c'est vrai ça fatigue, je n'ai pas besoin de te parler, c'est vrai ça me fatigue, les derniers jours j'en avais marre, j'avais envie de partir ou que tu meurs. Je me disais que c'était trop. Tout ça, c'était trop. Je fouillais pour trouver les imports, et toi tu étais là, tu regardais un autre rayon, rayon chanson française, ça me fichait le cafard. Mes bouts de seins se durcissaient dans le froid, ma langue gonflait plus tu parlais tu vois, et moi j'avais envie qu'on rentre, qu'on quitte cette ville de paumés, de paumés qui brillent, mais de paumés quand même. On sent bien, sous nos pieds, les égouts, on les sent bien là, qui attendent et qui regorgent de ceux qu'on y a jeté. Les cadavres dorment dans des placards, Maïwenn dans son film de merde, elle dit : "on enterre les choses dans cette famille, comme des cadavres". Oui, c'est bien cela le problème, on enterre nos amours comme des cadavres dans la terre. On les met dans des cercueils, et on les enterre. Et on doit payer en plus pour ça. On apprend la Traviata, on se méprend sur nos chemins de croix... Mais moi je ne vais pas te laisser il dit. Moi je ne veux pas t'abandonner, dit-il. Il pense qu'il doit tout faire. Y compris destructurer le roman. Y compris détruire toutes les pages, la destruction des romans je n'y crois pas moi. Je ne crois pas qu'on puisse détruire l'histoire, mon histoire en particulier, je me mets à quatre pattes, tu vois, pour toi, je ne crois pas. Que tu puisses ronfler plus fort lorsqu'une terrible migraine m'empêche de dormir et que je n'ai qu'une envie, enfouir ma tête dans du sable. Le désert regorge de ressources, contrairement à ce qui se dit dans la doxa. Il existe beaucoup de ressources, dans le désert, avant de laisser la lumière s'éteindre, on devrait peut-être aller faire un tour dans le désert. Dans ses profondeurs. Ses grandes largeurs. On devrait peut-être aller danser dans le désert, la nuit, à la belle étoile. A la belle étoile comme on dit. Si ça te dit. Bien sûr. A la belle Vénus on devrait dire. Je serai à quatre pattes. Mes mains et mes pieds enfouis dans le sable, tu prendras des photos si tu veux. Je ferai semblant de souffrir. Si tu veux, aussi. Mes seins seront là quand tu auras soif. Ta langue aimait le lait, tu aimes voir la langue du petit chien fouiller le fond de la gamelle à la recherche des dernières gouttes de lait, ta mère t'avait dit : ce n'est pas un chat, on ne donne pas de lait à un chien. Tu avais répondu : les chiens aussi, ne font pas de vieux os. Et ils ont des os, comme les hommes. Et elle avait incliné la tête, et avait dit : je n'avais pas pensé les choses sous cet angle. Effectivement. Il existait un autre angle que celui de cette mère, que tu aimais. Je ne suis pas ta mère, même si elle m'aimerait. Pas de Viagra chez ton père, j'aurais pu être la mère qui te manquait tant, mon âge aidant, je ne peux pas encore jouer à la maman. Et je n'en avais pas envie de toute façon. Je l'ai déjà fait avec Jérôme ça, jouer à la maman. A la maman qui baise, à la maman qui console, à la petite sœur aussi, je l'ai fait. A la petite sœur, je l'ai fait souvent. J'ai rêvé que je couchais avec mon frère la nuit dernière, j'étais en larmes au réveil. J'ai très vite détourné mon regard ailleurs. J'ai fait souffrir Jérôme, oui j'avoue. J'ai dû le faire beaucoup souffrir, il a dû beaucoup souffrir par ma faute. C'était uniquement de ma faute. La Tour Eiffel illuminée uniquement de ma faute. Si je ne l'appréciais pas à sa juste valeur. Tu sais, ton corps dans la baignoire et le mien, je n'en pouvais plus. Mais je supportais. Je supportais. Je tenais bon. J'avais envie de te repousser en faisant : ah, un homme. Ah. En faisant : ah, un être humain en fait. Et bien je ne l'ai pas fait. J'ai vu la lumière que tu avais dans les yeux, et dans la bouche, et j'ai essayé de l'embrasser, cette lumière. Tu croyais que j'embrassais ta bouche mais non. On ne partage pas aussi facilement le destin des hommes, ni même celui des animaux, pas aussi facilement que ça. Il paraît que j'ai une croix à porter comme toi mon frère. Je voudrais la porter oui, mais entièrement. Sans fioritures. Sans échappatoires. Je voudrais la porter à bouts de bras, au bout de mes forces, pour que tu puisses le voir. Et que tu puisses le consigner quelque part. Consigne ceci quelque part. J'ai besoin que tu fasses pour moi. Dans les profondeurs. Entièrement. Dans les grandes largeurs. Complètement. Je voudrais m'en rendre compte. J'ai dû te meurtrir. Te faire énormément souffrir. Je n'imagine pas à quel point j'ai pu te blesser, en disant ça. Je ne sais pas à quel point je peux être maladroite parfois. Toi tu le sais. Pas besoin de Viagra pour te venger d'ailleurs, pas besoin de Robbe-Grillet, ni de tous les congestionnés, pas besoin de détruire la vitrine, ni même l'étalage, pas besoin que je reste debout, on fait rentrer les cochons dans les wagons comme on peut. Et ils rentrent les cochons, ils rentrent, ils ne savent pas, les cochons, qu'au bout de la route, de la route du camion qui les transporte, il y a l'équarrissage, l'abattage, le découpage, le charcutage même si ce n'est pas français et qu'impossible n'est pas Américain. Ils regardent les portes se fermer, et on aime ça, nous, pour certains d'entre nous, manger du cochon, mais jamais on n'aimerait aller à l'abattoir le découper en petits dés de viande. Cela ne me viendrait pas à l'idée de te faire souffrir. De te meurtrir. Je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mes offenses. Je n'aurais pas dû dire à Matthieu que je ne voulais pas, moi, cotiser. Je m'en fiche des vallées d'éternité d'Edith Piaf, tu sais. Non ce n'est pas vrai, je raconte un mensonge, je ne m'en fiche pas. Pas exactement. Pas exactement comme ça. Ni à Paris, ni nulle part ailleurs. Les paumes illuminent, ou les paumés brillent, les palmés s'enterrent dans les consciences ou les égouts, je ne sais pas ce qui est le mieux finalement, de t'aimer ou de te faire souffrir. Regarde un peu dans le bain qu'on a pris ensemble. Sans Viagra. Sans artifices de cinéma. Entre nous. Nous n'étions pas diaboliques. L'un envers l'autre. Nous ne l'avons jamais été. C'est peut-être une question d'argent. C'était une question d'argent avant, je te laissais me pénétrer contre un peu d'argent. Tu étais la douceur incarnée et tu tombais amoureux de moi à l'époque déjà. Mais tu étais écroulé sur toi-même, dans toi-même. Et moi je suis contre l'écroulement, parfois pour, mais rarement en fait. Tu étais la virilité incarnée. La virilité intelligente. Celle qu'on ne voit qu'une fois par siècle. Les cochons sortent. Tu aimes les pistolets ? Tu aimes l'air comprimé ? Paris illuminé ? Le soir ? Ton ami était bien gentil. Les vallées et tout ça. Ton ami, je t'en foutrais à quatre pattes des comme ça. Je pourrais le tuer. Je peux le tuer si tu veux lui aussi. Il n'a rien à l'intérieur, je n'ai rien senti. Je n'ai rien vu. Pas de tripes. Je voudrais t'y voir, je voudrais que tu comprennes. Pas de Viagra, on s'en remettra. Mais ça non, on ne s'en remettra pas. Heureusement j'ai le dos large. Le désert ample. Et les yeux tournés vers l'avenir.

Tu as dû me meurtrir. Tu as dû me faire du mal. Dans les grandes largeurs. Ton sexe fouillera encore la nuit sous les draps à Paris pour me raconter les histoires humaines. On donne son sang pour agrandir des pays, ou pour tester le cloisonnement et ses avantages. Dans les grandes largeurs, je m'entends lorsque tu t'adresses à moi. Entièrement. C'est ici qu'il faut de l'intelligence. Pas dans la peur. Ni ses profondeurs.

Il dit : Est-ce que tu aimerais danser avec moi en talons aiguilles une nuit dans le désert ?

 



Mistinguett

1968088344

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Commentaires
M
Ahahahaha
A
La gauche a des leaders ? Vous m'apprenez quelque chose. (Quand bien même...) Bref.
M
Je n'envie pas à mes amis leurs certitudes de toujours -sans nuances-, ni à la gauche ses leaders. Ca aide à survivre aux sarcasmes.
A
Bonjour Mâche.<br /> <br /> Mon compagnon est objectif seulement à certaines heures de la journée. D'ailleurs lorsque je le mets face à certains faits concernant son choix politique, sur la façon dont il paie aujourd'hui, il avoue qu'il n'avait pas vu venir l'énormité de la chose. Je lui avais pourtant dit de faire attention. Ce qui me surprend le plus, c'est que vous ayez fait également ce choix. Mais chacun ses anchois sur la pizza ou non, dirait l'autre.<br /> <br /> Je ne voudrais pas jouer les Cassandre du pauvre, mais je l'avais vu venir, celui qui danse sur la pointe des pieds. Pas à ce point-là mais depuis des années que nous sommes habitués à ce clinquant, il n'y avait aucune raison que cela change, bien au contraire. D'autant plus que tout ce bazar de mariage, de sms, du fils qui tombe dans un mimétisme hilarant, il y a l'action militaire française au Tchad passée sous silence à l'assemblée nationale. En face, l'opposition ne devrait même pas s'autoriser à se dénommer de la sorte, vu le peu d'engagement et d'entrain qu'on y décèle.<br /> <br /> Non, chère Mâche, il n'a pas de femme intelligente pour lui faire sortir le mal du corps. Il a une chanteuse qui montrait sa bague de fiançailles en passant devant des paparazzis juste avant le mariage. Pour faire une fausse photo dérobée. L'ennui, quoi.<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, ne vous laissez pas faire par vos amis, qui, sous l'excès de sarcasmes, n'en sortiraient pas forcément plus amusants ni plus grands.<br /> <br /> L'horreur est humaine. Un jour, la politique aura besoin de plus de tenue qu'elle n'en a jamais eu et qu'elle n'en aura jamais. <br /> <br /> Bien à vous.
M
Chère Angeline,<br /> <br /> J'espère que vous allez bien. <br /> <br /> Il est pas objectif, votre compagnon, sur Sarko (solidarité de caste + sympathie personnelle), mais au moins, il est cohérent.<br /> <br /> Moi pas. J'ai voté NS (sans rentrer dans les détails du pourquoi, qui n'était pas véritablement "politique" : chacun ses approximations...). Tout ça pour dire que je suis pas dans l'attaque à priori, et que je lui ai trouvé des côtés sympathiques (que je lui trouve toujours, d'ailleurs).<br /> <br /> Et maintenant je le regarde danser, comme vous dites, avec consternation et désolation. J'aurais pu donner des tas d'arguments à la critique anti-sarko avant l'élection. Mais là, franchement, je pensais pas (les douze sujets par jour pensés au moment de les énoncer, l'étalage du fric de parvenu, les réflexes de caste - parfois inconscients -. Et je commence juste à percevoir une forme de mépris, pas toujours conscient non plus je pense, des trémolos paternalistes...) <br /> <br /> Il a pas (eu) une femme intelligente pour lui dire de faire plus sobre et silencieux ? ça s'apparente à une phase maniaque, là , je trouve. Si on est honnête. <br /> <br /> Avant de retourner totalement ma veste , (ou plutôt de la politiser véritablement, c'est du boulot), j'ai donc changé de station de radio matinale, parce que je préfère avoir toute la primeur des sarcasmes journaliers de mes amis (que j'envisage d'échanger aussi).<br /> <br /> Voilà de bien bavardes salutations ! <br /> <br /> A bientôt !
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