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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
5 février 2008

Les Pères ne savent pas tomber

mydevinehands_steven_lawler

Ce dialogue a été altéré par ma mémoire. Veuillez donc accepter toutes mes plus plates excuses pour le dérangement.

....
Mon père : J'ai l'impression que tu as peur de venir me voir.
Sa fille : Non, ce n'est pas ça.
Mon père : Alors qu'est-ce que c'est ?  Tu n'es plus comme avant avec moi.(Voix douce, hésitante, suppliante même).
Sa fille : Pourquoi tu dis ça, je ne comprends pas.
Mon père : Pour rien...Non c'est seulement... J'ai l'impression qu'on ne se parle plus comme avant. Il y a quelque chose qui se met entre nous lorsqu'on se parle.
Sa fille : C'est faux. Bon peut-être. Peut-être que c'est vrai, parce que je le sens aussi. Mais je ne sais pas pourquoi...(silence)... Papa.
Mon père : C'est à cause de mon amie, j'en suis sûr.
Sa fille : C'est idiot, c'est vraiment idiot de ma part, mais c'est plus fort que moi. Je ne devrais pas ressentir ça, mais... oui, ça me gêne. C'est complètement immâture je suis désolée.
Mon père : (La voix hésitante, cherchant ses mots, mais pas comme Patrick Modiano pour faire cool dans une interview, parce que l'émotion, vous comprenez) Si c'est ça, si tu ne dois plus venir me voir à cause de ça, alors je ne la verrai plus, mon choix est vite fait.
Sa fille : Non... Non... Non, il ne faut pas faire ça. Tu l'aimes bien, elle te rend visiblement heureux, au pire elle te fait sentir mieux et ça je l'ai vu et je suis certaine que c'est grâce à elle. Je suis juste... constamment fragilisée.
Mon père : Fragilisée ? Vis-à-vis de ce que tu évoquais il y a une semaine ?... je sais que tu n'as pas accroché avec elle lorsque tu l'as vue. Elle m'a dit qu'elle t'avait sentie dans une distance...hostile.
Sa fille : (Se grattant la narine droite comme certains drogués, Philippe notamment, pour citer le moulin à paroles, ou Bertrand, ce fils de pute de Paris) Oui mais je... C'est compliqué et j'ai d'autres choses à penser, et... Je... Tu sais, il n'y a pas qu'elle, elle ce n'est rien, pourquoi on s'est embarqué dans cette conversation, j'ai aussi Paris à préparer, l'appartement... Au fait ça y est, on a eu l'appartement de Paris, dans le X arrondissement, on le voulait petit, je le voulais petit, je n'aime pas celui que nous avons, il est beaucoup trop grand. Mais ton amie en fait, c'est rien du tout comme problème.
Mon père : N'empêche que c'est un problème, je l'ai senti aussi.
Sa fille : Ok... Arm.... Papa....
Mon père : (Choqué, et moi aussi, les yeux fermés, en train de me taper le front avec la base de ma paume) : Tu m'appelles par mon prénom maintenant, tu veux m'appeler Armand ????
Sa fille : Je crois que c'est l'époque, le changement... Je suis désolée, papa, je suis pas dans mes baskets, je n'ai encore rien mangé, il est très tôt, Denis vient de partir très tôt, j'ai la nausée, j'ai mal au coeur, et en fait, je dois téléphoner pour l'appartement, avec Denis voir le payement, faire le compte, aller à la banque tout à l'heure et j'en suis malade...  Tu sais que j'ai horreur des banquiers. Je n'ai plus trop de temps pour aller te voir à cause de ça. Mais si tu penses que je t'oublie, alors laisse moi te dire que tu as tort (Denis m'avait dit que sa mère pensait sans cesse qu'il l'oubliait, je comprenais mieux son obsession du mariage et d'avoir une épouse à la maison avec des enfants, comme l'enfant qu'il était qui retrouvait sa mère à la maison, après l'école, à lui servir son chocolat chaud, surtout en hiver, plaine enfer).
Mon père : D'accord, excuse-moi... Si tu as besoin de quelque chose, je voulais juste que tu saches que je suis là. Tu peux te tourner vers moi...
Sa fille : Je sais que tu es là, je sais que tu as toujours été là pour moi. Il ne faut pas que tu oublies que je sais tout ça. Que je connais ma chance, celle de t'avoir comme père.
Mon père : Bon, c'est ce que j'avais besoin t'entendre (voix ravie)... on reparlera de tout ça un autre jour... Quand tu veux... Ok... Ah oui au fait j'ai reçu un appel de ton frère qui m' a dit de t'embrasser.
Sa fille : Oui, tu vois, il ne le fait pas directement ces derniers temps... Bon... Jéhovah enseigne la fin de ce système de choses mais n'enseigne pas comment appeler sa soeur pour lui dire bonjour... Je suis cynique maintenant...
Mon père : Vous vous êtes disputés ?
Sa fille : Pas exactement.
Mon père : C'est grave ?
Sa fille : Rien n'est jamais vraiment grave entre nous, tu le sais bien.
Mon père : Oui, je sais que tu ne chercheras pas à développer le  mauvais truc inutilement. Je t'embrasse ma chérie et bonne journée. A plus tard. Au revoir.
Sa fille : Je t'embrasse, au revoir papa.
Sa fille raccroche. Elle fonce aux toilettes ensuite, pour tout vomir. De la bile.

Vomir, parfois, fait partie de la vie.


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