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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
26 janvier 2008

Sans Peur, Sans Reproches

CodyNanGoldin

C'est vrai, on dirait que j'ironise immédiatement, après avoir fait preuve de bons sentiments. Comme tu dis. Les bons sentiments, la sympathie, la gentillesse, la douceur. Tout ce que tu aimes. Marié depuis bien longtemps, ça fait peut-être depuis trop longtemps, "marié depuis bien longtemps", je comprends mieux pourquoi. Pourquoi tu partais en sucette quand je parlais de mariage. Le mariage en blanc, et qu'on signe, pas seulement qu'en paroles, en actes, et tout le saint-frusquin, comme dirait le réseau 666 (je devrais peut-être le signer à ma hauteur, qui sait, il y a Thierry Tillier dedans et Shiva, peut-être que j'y aurais ma place, avec mon tout petit rien). "Je suis marié depuis bien longtemps". Divorce, on dirait que tu es fatigué à ce niveau-là. Ce que je peux comprendre : pas encore mariée, et c'est tout comme. Tout comme, le mariage est une plante carnivore qui avale tout et détruit tout sur son passage. En fait, les plantes carnivores ne passent pas. Elles n'ont aucun passage. Elles attendent. Silencieusement. Que la mouche se pose. Et pour peu qu'une bête en train de se décomposer dans les parages attirent les mouches...Mais je ne serai pas la bête, je ne serai pas sa charogne, je ne serai pas ton excuse. L'excuse des sarcasmes que, selon tes dires, tu as sans doute mérité. Bien sûr que si. Tu les as mérités. Franchement tu ne peux pas dire le contraire (d'ailleurs tu ne le dis pas, au contraire). Mais depuis bien longtemps, tu es marié. Tu ne m'as pas dit si tu aimais ta femme, ça m'aurait changé de tes jugements de valeur à l'emporte-pièces sur l'histoire des présents Récits. Qui sont mon oeuvre, comme Dieu, tous sont fiers de leurs oeuvres. Mais que veux-tu que je te dise, tu es un homme, de Strasbourg qui plus est, une belle ville, Denis voulait qu'on s'y installe pendant un temps mais... Paris l'appelait. Paris était plus forte, il avait besoin d'y retourner. Y vivre. C'était dans son sang, ça l'est toujours (d'ailleurs cette fois c'est certainement la bonne, deux appartements sur le coup, il faut choisir). C'est comme une odeur, il est impregné. Un parfum. Comme lorsque la pluie va arriver. Ou la neige tomber. Il y a un parfum avant, dans l'air. Qui annonce ces choses. Parfois, on sent le parfum des choses avant qu'elles n'arrivent. Comme si elles étaient déjà là. Le vent tourne. Ton mariage était un mariage d'amour ou de convenances ? Tu t'es dit : je l'aime celle-là. Ou alors tu as pensé : je serais bien pour me caser avec cette poule qui s'occupera de moi. Elle aime peut-être les chats. A mon avis, elle te ressemble. Elle est grossière comme toi parfois, et elle aime Daniel Guichard (tout un symbole). Oui, cher ami, tu as mérité mes sarcasmes, je suis surprise, en revanche, que tu ne sentes pas le parfum de la pluie qui arrive. Les sarcasmes sont peut-être l'expression d'une douceur, plus profonde, plus grande que tout ce que tu pourrais imaginer (je suis jeune, laisse moi voir grand s'il te plaît). J'ai besoin de voir quelque chose dans cette poussière. Tu sais la nuit dernière j'étais dans une voiture. Un jeune homme conduisait. Il regardait mes cuisses. Nous étions dans le noir, nous sortions d'un débat... Une sorte d'endroit pour le public. Des femmes étaient derrière. J'étais la passagère. Le conducteur regardait mes cuisses avec insistance, cela me gênait. Je me suis retournée et j'ai vu Agnès Jaoui. Elle regardait dehors, nous étions dans un désert, ce n'était pas rassurant. Tu sais. Je lui ai demandée : vous allez rechanter avec Misia ? Vous savez, la chanteuse portugaise. Avec Denis nous étions allés la voir et vous étiez apparue sur scène pour chanter à ses côtés. Vous aviez la voix rauque, cassée. Mais c'était beau, Denis en avait pleuré. Vous étiez habillée comme une portugaise traditionnelle chanteuse de fado (marque déposée). Comme la tante de mon oncle, il m'avait montré une photo d'elle. Habillée de la même façon. Mais la photo ne disait pas si c'était une bonne chanteuse de Fado. Agnès a répondu : non, je ne chanterai plus avec Misia. Pourquoi j'ai fait ? Parce que c'était une fois comme ça, et que ça ne se fera plus. Agnès a été très polie mais n'a pas osé me répondre en me regardant dans les yeux. Nous nous arrêtons à un camp. Les filles à l'arrière, à côté d'Agnès Jaoui sont des prostituées. Encore. Elles semblent effrayées d'être arrivées ici. Moi je sors. Le jeune homme me présente son père. Lui et le reste de leur famille habitent dans des baraquements oranges, étranges. Son père est souriant, mais ne bouge pas, debout droit comme un "i". Moustachu comme un Diable allant à la messe. Le jeune homme me prend par la main en me disant : je vais te montrer quelque chose. Nous montons dans la forêt. Nous arrivons au sommet, il tend le bras vers l'horizon, avec le doigt bien dressé, je regarde le doigt puis l'horizon, lentement, comme dans un film, en slow motion. Le soleil se lève mais quelque chose n'est pas normal : il est bleu. L'horizon est d'ambre mais le soleil se lève et il est bleu, et dégage une lumière bleue. Je dis : c'est inquiétant, non ? Je vois que le jeune homme n'a pas envie de m'écouter, il me caresse, il me dit : laisse-toi aller. Je le repousse, mais il me rattrape, arrache mes vêtements, je tombe et il se jette sur moi. J'ai très peur, mais paradoxalement, je vois au loin encore le ciel bleu et cela m'inquiète plus encore que la tentative de viol dont je suis la victime et que je tente d'arrêter. Finalement, je lui donne un coup et il s'arrête. Il s'en va, triste, ramasse des morceaux de bois pour faire un feu. Je retourne voir son père pour lui dire que son fils est un salaud. Un vrai salaud. Mais finalement, je me rends compte que je suis habillée, et que ce n'était pas si grave que ça puisque j'ai réussi à le repousser. Le père, souriant, moustachu comme un Diable allant à la messe (bis), me dit : "c'est normal d'être inquiète". Je lui demande : "le soleil est bleu, vous savez pourquoi ?". Il me répond : "c'est toujours comme ça, quand la fin du monde approche". Là, tu vois, je me réveille. Et j'ai envie de pleurer mais je me retiens. Il dort paisiblement. Comment il faisait, là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique, pour dormir paisiblement ? Je l'ignore. C'est lui ma dixième planète, c'est lui mon messie, mon prophète, j'espère que je n'en fais pas trop, pour pas vous empêcher de dormir, dormez à présent. L'autre m'a dit que je ne pouvais pas m'empêcher d'être vilaine avec lui, n'empêche qu'il me donne son numéro de téléphone, le 06 80 .. 10 .. . Je suis vilaine mais il me donne son numéro. Tu viendras me voir, tu me téléphones, et on prendra un café. Et puis Denis peut faire signe aussi. Il ne s'entend pas parler le pauvre, il ne se voit pas écrire. Heureusement quelque part, heureusement, tristement quelque part, tristement... Non je ne peux pas être l'animal qui voit sa proie agoniser, les sarcasmes sont les victimes des océans vastes et salés, personne n'est victime de personne, grande nouvelle à rapporter, le royaume des ombres s'est mis à dessiner, à desseins plus ou moins alambiqués, abstraits, combien parfois je pouvais virer la voile à cause du vent, c'est vrai après tout tout ce que tu voulais c'était un peu de bons sentiments.

Mais non, je ne vais pas te téléphoner. Tu sais pourquoi ? Parce que ça serait malsain. Il faut que tu restes le nazillon qui vient la ramener ici et là. Que la vie c'est pas ça. Sache qu'on écrit pas pour tamponner la vie dans ce qu'elle est ou dans ce qu'elle devrait ou pourrait être (en tout cas, moi). Sache ceci : il faut que tu restes le nazillon. Qui vient la ramener ici et là, faire son intéressant. Je t'aime comme tu es, comme ça, je t'aime à distance, et dans l'inconnu. Il y a des gens qui ne peuvent pas s'empêcher de courir après la séduction, j'en parlais il y a une centaine de messages, tu devrais t'en rappeler. Certainement. Marié depuis bien longtemps, bof, et tes amantes te trouvent différent, bof aussi. T'es pas un homme à avoir beaucoup d'amantes, sale pervers. Je te dis ça, je ne t'insulte pas remarque, en même temps. On garde nos rapports, tels qu'ils sont. Telle que je me connais, je ne pourrais pas m'empêcher, d'entrer dans un jeu malsain qui n'aurait aucun...Qui n'apporterait rien à personne. Quand je te regarde j'ai envie d'être lesbienne. Et quand je te lis, je le suis. Alors je t'aime comme tu es, c'est-à-dire ici et là. Ramener le vent vers toi. C'est normal j'écris pour ça finalement, pour ramener le vent à toi. Toi, toi, toi, qui te reconnaîtras. Ramener le vent aux autres, voir l'odeur qui s'en dégage, le parfum avant la tempête, car la tempête dégage. Tu ne savais pas ? Et bien maintenant tu le sais. Tu le sais d'autant plus que je suis heureuse que tu le prennes comme ça. Je suis heureuse que tu vois de l'ironie partout chez moi, ici, chez moi ici (faut préciser pourquoi là-bas). Oui tu as été ému par mes mots. Non. Tu te trompes, tu racontes des mensonges sans même t'en rendre compte, mais tu es un homme, je te pardonne ça aussi, je te pardonnerai le reste qui suivra. N'en faisons pas une affaire d'état, j'ai bien d'autres chats, hum, à fouetter. Je ne suis pas la mère fouettarde, et je ne suis pas vibrante d'érotisme (mais Denis pourrait dire le contraire). L'écriture j'ai enlevé tout le gras, pour n'avoir que l'espace, et la facilité de l'espace, et ton odeur qui se dégage, qui prétend même vouloir Denis, il peut faire signe, non mais ça va pas la tête ? Tu n'as pas été ému par mes mots, tu as été ému par mes mots qui  parlaient de toi. Je te parlais. Contrairement aux apparences, je n'adresse aucun message particulier via ce blog, il y a ma boîte e-mail pour ça. L'écriture j'ai enlevé tout le gras, comme j'ai enlevé le gras du ventre à un homme autrefois, je regrette que ce cycle, amorcé il y a trois ans, ne soit pas liquidé, après tout c'est la maison des morts, on liquide comme on peut, on cash. Bien. Maintenant tu le sais. Ton émotion est fausse, tu sais, et quand tu partages cette dernière avec moi je la trouve encore plus fausse, c'est peut-être toi, marié depuis bien longtemps, et tu es un peu différent, à quelques années de la mort, encore, les amantes te le disent, tes amantes.

T'es pas un homme à amantes, t'es plutôt un homme à amiante. Bon appétit.

Donc j'avais envie de pleurer, comme d'habitude. Après un rêve pareil. Cela faisait relativement assez longtemps qu'un personnage de rêve n'était venu à moi pour me dire que la fin du monde allait arriver prochainement et nous niquer tous. Alors comme je me retenais de pleurer, j'ai eu en mémoire le visage de Denis me disant : si tu fais un cauchemar, que je dors et que tu te sens mal, tu me réveilles et je te prends dans mes bras. D'accord ? Non pas d'accord. Je ne l'ai pas réveillé. Je me suis glissée dans ses bras et j'avais du mal, j'essayais de ne pas le réveiller, je ne suis pas une putain d'égoïste, moi. Comme ces gens, après l'amour, qui vous réveille plus tard dans la nuit, pour vous lécher une dernière fois, ces hommes, lécher leur coulis resté à l'intérieur, et je ne parle absolument pas du coeur.

Je ne l'ai pas réveillé, enfin je crois. J'étais comme une petite fille, dans les bras de son... Et j'avais chaud. Je crois que c'est grâce à lui que j'ai pu m'endormir à nouveau.

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