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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
7 décembre 2007

Membres du Renouveau

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Paris nous attend, je ne peux pas le nier. Je ne peux pas éternellement me retrancher derrière mes habituelles défenses. D'accord autrefois j'y étais en danger mais ça ne sera pas dans le même arrondissement, on ne choisira pas le même m'a dit l'Homme. Il est parti à New York, il gagnera plus d'argent, car l'argent est nécessaire, lui disait souvent son père. Homosexuel tardif, mais toujours discret. Il a un certain âge. Il est dans le cliché constant des hétérosexuels qui sont les rois du monde. Difficile de penser autrement à côté des morts. Les êtres, ce qu'ils sont, ont besoin de regroupements. Je ne peux pas éternellement me retrancher derrière mes barrières habituelles. Ce n'est pas bien : c'est mal. J'ai toujours fait comme j'ai pu. Je me dis. J'ai mal au coeur c'est vrai, de penser à Paris. J'ai même des brûlures gastriques quand je pense au Capitole, euh, à la Capitale. Le bol alimentaire remonte tout l'oesophage, jusqu'à la gorge et redescend. C'est très désagréable. Je ne fais pas exprès de ne pas mériter ce ciel-là. Je mériterais un ciel très grand, très vaste, très ouvert, cependant il l'est déjà. Quel horizon je mérite je ne sais pas si c'est dans le mérite que la question se pose. Le ciel reste ouvert, on tire sur les anges, peut-être qu'on a bien raison.

Habituellement la sensation est intense et ce qui le fait jouir c'est de faire jouir sa partenaire, d'essayer. D'autres ne se demandent pas, et veulent jouir en premier. Parfois ils y pensent, ou alors ceux qui veulent faire jouir leur partenaire, c'est rarement qu'ils veulent jouir eux-mêmes en oubliant tout sur leur passage. Les gays sont souvent plus attentifs à leur partenaire, même celui d'un soir. Lui, il n'aime pas trop les capotes, il dit que ça le gêne dans la jouissance. Il plie toujours ses vêtements soigneusement avant de se coucher : c'est un rituel. Il m'en a parlé. Si je ne connais pas la femme avec qui je couche, son plaisir m'importe rarement, je suis honnête. Je préfère penser à moi. C'est normal. Bien sûr, je ne suis pas là pour pointer du doigt ce qui ne l'est pas. Et tu trouves ton plaisir ? Comment ? Et ça met longtemps ? Ma mère ne voulait pas de rapports sexuels avant mon mariage. Ta mère ? Mais pourtant tu es un homme. Pour elle, je suis resté un petit garçon jusqu'à mes cinquante ans. Mentalement, on couchait ensemble, c'était très perturbant cette période : elle m'empêchait de grandir.

C'est fou comme ils ont tout comme les humains. Mais pas exactement. Coco, ce gorille qui avait appris le langage des signes des sourds-muets et des malentendants. Mon frère m'avait dit : impossible, Dieu décide de qui doit exprimer ses sentiments, seuls les humains peuvent le faire. Elle exprimait sa joie, sa tristesse, son envie d'avoir un petit. Tout comme les humains. Dans certains pays, on ramasse les chiens errants malades qui n'en peuvent plus. On les balance dans des camions-poubelles dans lesquels ils sont compactés vivants avec le reste de nos déchets, les cartons, les déchets alimentaires. Des chiots aussi. Dans certains de ses pays, certains blancs riches, aisés, parfois politisés trouvent des enfants pour la sodomie, mais pas toujours. Pour la fellation, aussi. Tu veux dire que ta mère surveillait ta vie sexuelle comme si tu étais une fille ? Oui, elle avait peur que je devienne homo ou un truc du jour (du genre). Les parents flippent à l'idée de baiser, du coup ils sont souvent surpris que leurs enfants découvrent la chose. La chose ? Oui, le sexe. Tu sais comment ça se passe. Je ne sais pas. Mes parents n'ont jamais parlé de la sexualité comme d'une chose honteuse j'ai dit, ni même comme d'une chose qu'il faille évoquer à la moindre occasion. En fait, je crois qu'ils n'ont jamais voulu... Diriger leurs enfants dans ce domaine, ils voulaient juste qu'on soit prudent. Et je... Là j'ai pensé à mes parties carrées avec des clients, et j'ai baissé les yeux. Les chiens errants, malades, qu'on jette vivants dans les camions-poubelles, ils ne se rendent pas compte de ce qu'on leur fait.

Paris ce n'est pas la mort. Elle disait : je n'aime pas les types qui visent les yeux, ça brûle les yeux. Parfois c'est vrai, en fait... Tout dépend si on trouve de l'urine dedans. Parfois, avec, ils ont de l'urine, ça arrive. C'est pour ça le teint jaune, parfois, du blanc. L'oeuf s'ouvre, se casse, qu'est-ce que tu veux faire, il faut attendre que ça passe : serre les dents, serre les fesses, c'est le mieux à faire. Des fois, c'est drôle, surtout les têtes qu'ils font, je le dis souvent, et je le redirai souvent, ce n'est pas de ma faute, j'aime ça le dire. J'aime ça. Je crois que ça m'a complètement pris le cerveau, mais pas autant que ces soldats qui prennent des femmes du camp adverse, car nous avons des ennemis parfois. Dans l'histoire de nos pays, des ennemis, des pays ennemis, des années, des époques, des temps, des ennemis, des pays, des gays, des lesbiennes, des transs, des différences. Ces saloperies d'écolo qui veulent tout sauver. Moi je vais te dire une bonne chose : ma marier jamais. J'ai pensé : t'as raison, je crois que c'est la meilleure solution. Mais boire à mon mariage, pourquoi pas. Ma future femme est tyrannique : elle veut m'épouser parce que j'ai du fric et que je peux élever son putain de bâtard que personne ne voulait. Moi si j'étais au gouvernement, je ferais abattre tous les écolos et tous les sales gauchistes qui croient encore qu'un jour ils pourront revenir au pouvoir. J'ai pensé : c'est ça, t'as raison. Paris ce n'est pas la mort, mais souvent, les gens, si.

Qu'est-ce que tu veux, mon amour, tu seras parisienne. C'est vrai, je regarde les offres, avec angoisse, amertume. Amertume est ma meilleure amie à présent, j'ai fait de la pourriture du monde une telle amie, j'ai une telle proximité avec toutes les horreurs passées que je suis devenue une sorte de guerrier immortel, là est son malheur d'ailleurs (au guerrier), je suis devenue Robocop, une sorte de justicier et pas que dans la ville, l'inspecteur Harry peut aller se rhabiller, Superman n'est qu'un troufion d'opérette qui se permet d'apparaître pour de vrai dans un village quelque part dans un village en Europe de l'Est où des gens affirment l'avoir vu pour de vrai cette année, voler au dessus des champs. C'est pour de vrai, cette proximité, sous la pluie, sous le soleil, en automne, en hiver. La nuit, le jour. Denis aime New York la nuit, il m'a dit que l'ambiance me plairait sûrement, qu'on ne peut qu'être sous le charme. Paris la nuit, c'est toujours Paris, comme le jour, ça n'a pas de cachet particulier pour moi, contrairement à quelques racontards de toxicomanes bisexuels dans le business du divertissement. Ben oui, il faut bien gagner de l'argent. Tu es loin, mais ça va, je m'habitue, je sais que je vais te revoir, et ta voix au téléphone ça fait du bien. Je ne vais pas prétendre le contraire. Je fais des rêves avec des tortues marines, tu vois, donc je vais bien intérieurement. Pas de pneumonie au niveau de l'organisation de la pensée contrairement aux apparences, et je ne joue même pas le jeu. Tu vois. Je sors, je vois des gens, je pense à toi. Je ne trouve pas le goût de me masturber, sans toi le sexe ça n'a plus de sens. Je n'y comprends plus rien. Sans toi. La pénétration, mouiller, bof, sans toi. Lui, tu sais, il m'a dit que sa mère surveillait sa sexualité, comme s'il avait été une fille. C'est étonnant. C'est surprenant. Si sa mère n'était pas étouffante, alors elle était intelligente. Je n'aime pas trop les vaches à lait qui montrent leurs mammelles en toutes circonstances, même dans la symbolique. Elles sont malades, elles ont besoin d'aide. C'est un point de vue ? Ils se flinguent pour leurs baskets c'est vrai ? Là où tu es ? Là où tu travailles ? Et voir un psy, c'est vraiment se trouver au bord du gouffre ? Certains disent ça, et souvent ceux-là répugnent à se regarder réellement en face. Et ils ne regardent pas non plus les lions d'or au regard de soleil dans les yeux.

La vérité, a-t-il commencé par dire, c'est que ce sont de gros bébés qui veulent du pouvoir, des bébés dangereux puisqu'ils se trouvent dans un corps d'adulte, avec tout ce que ça comporte, un bébé dans un corps d'adulte passe son temps à détruire, à massacrer. C'est la grande fornication assurée, dans tous les domaines, sous couvert de moralité, de promesse d'amélioration. C'est pour ça, a-t-il dit, le Rwanda, c'est pour ça le Darfour. Et ça n'intéresse personne là-bas : il n'y a pas de pétrole. La liberté peut se trouver en péril dans ces endroits-là, le gouvernement américain s'en fiche de la liberté là-bas : il n'y pas de pétrole, je viens de te le dire. Et sinon, ta sexualité, c'est celle d'un enfant ou d'un adulte ? Comment ça se passe aussi de ce côté-là ? Je ne sais pas. Pour l'instant ça ne me manque pas trop. Pas trop ? Oui. Je passe mon temps à travailler avec Monsieur Poignet et je peux te dire qu'il fait très bien son travail jusqu'à maintenant. Comme Monsieur Google, on lui demande, il trouve. Les rires ont suivi, naturellement. Mais le corps d'une femme ne te manque pas ? Si bien sûr. Pouvoir sentir sa peau. Ses seins contre ma poitrine pendant que je suis en elle. Mais je crois que j'ai d'autres choses à faire avant et il faut rencontrer la bonne. La bonne ? La bonne femme. Enfin, la bonne personne. Pour ça. Pour atteindre ça. Je ne vais pas me jeter sur la première chaudasse qui veut du cul et qui me refilera une cochonnerie ensuite. Voire même le sida. Chaudasse ? Dans le sous-titre, que certains font en écrivant, ils mettent des rires. Voire des sourires. Et bien là je vais mettre : sourires. Ensuite : point d'interrogation : chaudasse. En Afrique, dans certains coins, mieux vaut avoir des capotes. A Paris aussi, je ne vois pas le rapport. Oui mais tu es une femme blanche Angeline. Et toi tu es un homme noir Claude. Oui mais tu auras toujours plus d'importance qu'un homme noir, même s'il est riche. C'est faux, j'ai dit. Un homme noir riche aura plus d'importance qu'une femme blanche comme moi. Bon... Tu veux des enfants plus tard Claude ? Oui, j'en veux cinq. Et toi Angeline ?

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Dans certains endroits du monde, on en fait pas tout une histoire. Elles se font fait violer tellement de fois qu'elles finissent par oublier plus rapidement. Elles oublient plus rapidement, c'est plus difficile de s'en rappeler, et comme elles oublient, autant recommencer. Souvent, elles en veulent, de la bite yankee, pour elles, l'exotisme, le mal c'est l'Amérique. J'ai un homme là-bas, il peut se faire violer aussi, les viols sur les hommes sont fréquents là-bas aussi. Et tous ne sont pas assez homosexuels pour aimer ça ou pour l'avoir bien cherché. En fait, je crois que des hétéros aiment ça aussi, ça n'a rien à voir. Il revient plus tard que prévu. Il n'a pas de date pour l'instant encore. Peut-être que c'est mieux comme ça. J'ai très envie de passer le jour de l'an seule, comme avant, comme ces dernières années, avant lui, avant tout ça, avant tout ce changement, car les gens changent après un gros orage. Si ça se trouve, elles aiment ça sans oser le dire. Pas la peine d'en faire toute une histoire. Je suis une grosse pédale, un sous-homme comme on en tuait parfois à parfois à Auschwitz. Les bébés phoques et les Juifs ont des choses en commun, c'est scandaleux. Une autre bière ? Je ne bois pas de bière. Mon père était mort alors je ne pouvais pas faire autrement que de me raccrocher à ma mère. Je me souviens de l'émotion de ma première fois. J'ai pénétré cette fille et j'ai éjaculé très vite ensuite en elle. C'était chaud, doux, c'était très bon. Dommage que ça n'a pas duré. Elle aimait la fille, l'idée d'être prise. Par moi.

Afrique Renouveau : En 1991, au tout début de la guerre civile qu’allait connaître la Sierra Leone pendant dix ans, une jeune femme de 19 ans a croisé le chemin d’un groupe de dix rebelles, mené par le célèbre commandant “Mosquito”, à la sortie de la ville de Telu Bongor. “Mosquito a été le premier à me violer”, raconte-t-elle. “Il a ensuite donné l’ordre à ses hommes de continuer. Neuf autres hommes m’ont ensuite violée... Après avoir abusé de moi autant qu’ils le voulaient, les rebelles m’ont laissée toute seule dans un état désespéré... Même aujourd’hui, la douleur est encore présente, ce qui crée des problèmes dans mon foyer conjugal, car mon mari me chasse de chez moi et dit que je suis stérile.”

Par moi. Elle était importante pour toi ? Oui, je le croyais à l'époque. Ce qu'on peut être naïf parfois. Les femmes qui étaient violées étaient parfois amputées. Les rebelles leur coupaient un bras ou une  jambe. A tout prendre, je préfère qu'on me prenne une jambe qu'un bras. Je me vois mal écrire d'une seule main. Je préfère une jambe, j'écris déjà avec les pieds, mais j'écris déjà avec ton coeur en fond de toile. Pour son encre il faut le percer, il est plein de pus, d'abscès, de sang aussi bien sûr, je fais de mon mieux, avec toi, le yankee. Je fais de mon mieux, tu sais, ton gouvernement... Mais non, tu vas revenir en Afrique... En France, là où tu es né. Je sais que tu es né là-bas. Excuse-moi, le yankee français, je confonds avec un autre personnage, un autre homme, qui est noir comme la nuit. Ton père a téléphoné, il m'a parlé de toi enfant. Ton père voulait m'inviter à dîner. Chez lui. Il y aura son nouveau petit ami, qui est plus vieux que le précédent, qui semblait à peine sorti de ses seize ans. Je voulais refuser, mais j'ai dit oui. Je dis oui aux pères, je suis allée voir le mien. Il te passe le bonjour. J'ai pensé qu'un jour, il allait mourir aussi, et ça m'a fait pleurer. J'ai cherché des appartements sur Paris. Oui, ça t'étonne, moi aussi. J'en ai trouvé un. Peut-être que je vais aller le visiter vite, ils partent vite. Il est à 250 000 euros, tu sais, et j'ai téléphoné, le mec de l'agence, voix très chaude, très chaleureuse, m'a faxé les photos, c'est très joli, pour toi un peu petit. Tu voulais un 40 mètre carré. Je sais. Mais celui-là me plaît, il y a des cheminées comme tu voulais, un ascenseur et des moulures. Aussi. Les plafonds sont hauts, comme tu voulais. J'ai pris tous tes critères, moi je ne voulais pas vivre à Paris, c'est humide, c'est gris, la neige ne tient pas et Paris sous le soleil c'est une hérésie totale. Anne a trouvé un petit ami noir, il est très gentil, il s'appelle Claude. Au lieu de dîner chez eux, j'ai passé une après-midi avec eux. Il est ingénieur. Et j'ai écrit un truc où j'ai mélangé ce que m'avait raconté un client autrefois, sur sa sexualité, avec sa mère. Et j'ai dit que c'était Claude qui me l'avait dit, mais pas tout à fait, je n'ai pas fait ça, pas tout à fait. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, j'érotise toujours toutes mes rencontres, tu sais que c'est faux. Les Dieux, les figures de l'Antiquité, tragiques, tu sais que c'est faux aussi. Les roses aussi que tu m'offrais à l'époque, en Auvergne. Claude est un homme charmant. J'ai jamais pensé aux noirs comme amants, pourtant j'en ai eu, mais je n'ai pas vu de différences avec des blancs : ils me payaient tous à la fin. C'est vrai la peau. Tu savais que c'était horrible d'arracher la peau des bébés phoques encore en vie ? Comment un être humain peut faire ça ? Tu rentres quand ? J'ai rêvé d'Antonio. Il me regardait de loin, je mettais des tortues marines dans la mer. Elle était très belle, il faisait très beau, et l'eau était d'un bleu que même le bleu des toilettes ne peut copier. C'était naturel. C'était fantastique, comme parfois les étoiles dans un ciel nocturne clair. La lune ne serait pas toujours là pour donner une caution à la Terre. Ses marées et ses changements. Quand on pense que Jésus Christ prépare son retour, avec sa cité en or, et les rues en or, et dehors les chiens, j'espère que Jésus enverra au moins des camions-poubelles pour qu'on puisse les balancer vivants dedans. Les êtres humains valent moins que rien, tu le sais, et le ciel c'est la fenêtre ouverte sur l 'univers. Et sur les lions d'or qui ont les yeux brillants comme le soleil. Tu crois ? Tu penses vraiment que New York la nuit ça me plairait, que ça me pousserait à écrire des choses dessus ? Que ça stimulerait le coeur de la femme que je suis devenue ? Qu'est-ce qu'il faut maintenant, pour trouver son chemin, au milieu des orties et des yankees ? Un peu plus de courage, une petite dose. Anne est enceinte de Claude. Elle aura un beau petit métisse. Elle veut une fille et lui un garçon. Ils emménagent bientôt ensemble. Il m'a parlé de Paris, il a des contacts, j'ai parlé de ta...de notre recherche d'appartement, de notre recherche. Mise en stand-by (yeah) à cause de ton départ pour les Indes, euh, les Amériques. Je me suis levée ce matin en ayant marre, j'en avais marre, je me suis réveillée, après ce très beau rêve, où je voyais les tortures (tortues, décidément, heureusement que je me relis parfois) partir dans l'eau. Je les mettais. Elles étaient très colorées. Dans l'eau, et ça me faisait plaisir, dans le rêve c'était mon métier. De m'occuper d'elles. Et j'ai pleuré en me réveillant. Il faisait gris et sous la douche j'ai encore pleuré, je suis restée longtemps sous la douche, bien chaude, et j'ai pensé à toi. Très fort. Je me suis accroupie sous la douche en pensant à toi. Je me demandais plein de choses, je me demandais pourquoi ta queue me manquait autant, pourquoi ton odeur. L'autre jour encore j'ai (encore) respiré tes chemises, tes vêtements. Je sais que tu as embarqué deux de mes chemisiers, je sais pourquoi. Je sais tout. Tu sais. Pas la peine de ne pas me le dire. Ce n'est pas utile. On s'en fiche de ces chiennes, tu sais, qui se font violer, dans le cadre de la guerre. Dans le cadre de la guerre ou pas, je m'en fiche. C'est comme ça. On se refait, je m'en fiche, qu'elles aillent au Diable toutes. On s'en fiche, tes pulls, tes chemisiers, tes chaussettes, tes sous-vêtements. Tes dossiers. Ton odeur. Tes cheveux. Tes poils pubiens, que tu entretiens, un peu. Et ta façon de dormir, en te collant contre moi, ce qui est très désagréable parfois, parce que tu me pousses du lit. Une fois j'ai failli tomber, non deux. Et ton odeur (je l'ai déjà dit). L'odeur de l'Atlantique à côté... On ne se refera jamais. Je t'ai parlé du projet, de reprendre un travail, et toi tu as dit : on en reparlera à mon retour. Tu n'étais pas très chaud pour que j'évoque ça maintenant. Tu voudrais que je reste à toi, entièrement. Mais je le suis déjà, même quand je bouge, même quand je respire, même quand je pense autrement. En travaillant on rencontre des gens, des hommes, avec lesquels on peut manger, prendre un café. Des hommes qui ont des odeurs aussi. Ton coeur ne peut pas supporter ça. Ton coeur est une pierre précieuse délicate et fragile, la plupart des hommes ont des coeurs faibles ou de pierres (sic). Tu as de la chance, tu es fragile. Je sais faire la différence et souvent je ne me trompe pas. Les caresses, même si on balance les chiens dans les camions-poubelles. Quelle importance si on ne prend pas en considération la souffrance de ceux qui ne peuvent pas en parler ? Autant taper sur eux, ou rester indifférent. Je sais ton besoin d'amour. Il est immense. Il est tellement immense qu'un seul univers ne pourrait pas le supporter. C'est pour ça que tu en as plusieurs à ta disposition. Et je te le dis bien en face, j'aimerais, tout du moins, te le dire bien en face, mais impossible, l'Atlantique joue les chiens de garde. Quand on est con, on est con, chantait l'autre mocheté. Et toi tu es mon amour, j'ai vu ça dans les yeux d'Anne, bien ouvert, mais avec une impression étrange, son bonheur la rendait décalée. J'avais le sentiment que je n'allais pas pouvoir supporter la réalité, telle qu'elle était. Peu importe où tu te trouves à la surface de la planète, peu importe les guerres, les bombes, les viols, les excuses, l'argent, le pétrole, les bites yankees, les innocents et les coupables, peu importe, peu importe où tu te trouves à la surface de la planète, c'est déjà là et c'est en train de peser dans la balance. Dans le livre des ténèbres, il parle de ça, de ceux qui font commerce d'eux-mêmes, les marcheurs sur les océans leur tendent la main. Je sais que je te manque. Je sais. Je t'ai entendu souffrir lorsque tu me l'as dit, et aussi le silence qui a suivi, et le souffle, tu me manques et.... SILENCE. Et le souffle ensuite. Après le silence. Cet amour n'est pas fait pour s'arrêter, je crois, même si, quand on est mort, on est mort, j'ai envie de chanter. Cet amour ne peut pas s'arrêter, on change pour lui, et grâce à lui on a changé. Grâce à lui on est changé. On regarde ces femmes amputées après avoir été violées d'une autre façon, tant pis, tant pis pour l'univers, les membres on s'en accommode. Qu'ils manquent ou non. Je t'ai dit bien sûr que tu me manquais, ton odeur, ta voix, ton sexe, ton sperme, tes cheveux, je te l'écris en détails, ça vaut mieux. Paris nous attend, je ne peux pas le nier. Même si j'y mettrais la plus grande mauvaise foi, je ne pourrais pas. Non je ne pourrais pas. Paris est fait pour les morts qui parlent, qui revivent, qui sentent et qui dansent, alors allons sur la piste. Oui, allons-y.


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