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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
30 novembre 2007

La Vision ambiante

t_Iguanes_des_Galapagos

Vous aimez le cinéma ? Vous aimez Fellini ? J'ai vu Intervista il n'y a pas longtemps... Vous accepteriez une invitation au restaurant ? Je connais beaucoup de bons restaurants à Paris. Malheureusement c'est impossible. C'est impossible parce que je vous ai fait peur avec mes histoires ? Sur les disparues de l'Yonne ? Non. A vrai dire, vos histoires ne m'impressionnent  pas, elles me rendent tristes pour leurs acteurs. Tous leurs acteurs. C'est tout. Vous êtes un peu poète alors ? Poétesse ? Il fût une époque où on n'aurait pas dit ça de moi, mais cette époque-là n'avait ni commencement, ni fin, ça tombait bien... Mais ça ne sera pas possible, et pas parce que vous aviez besoin de vider votre sac. Il y a quelqu'un qui vous empêche d'accepter mon invitation ? Peut-être. Soit, alors, nous n'avons qu'à sortir en amis. Mais nous ne nous connaissons même pas, nous ne sommes pas amis. Avec du temps, nous pouvons le devenir. Nous ne pouvons pas devenir... C'est le problème moral qui se pose à vous ? Je ne vous invite pas chez moi ou dans mon lit. Je ne vous demande pas de coucher avec moi. Je ne vous demande qu'une seule et unique chose : venir au restaurant avec moi. C'est sans risque, sûr et vous repartirez chez vous tranquillement ensuite. Et je vois à votre sourire que vous êtes persuadée que ce serait une bonne idée, mais qu'une chose vous chiffonne : je pense savoir que cette chose n'est pas fondée : il n'y a pas plus honnête invitation que celle-ci.

Qu'est-ce que la vision ambiante ?

En sortant, j'ai senti qu'il faisait froid. J'ai passé une très bonne soirée. Il m'a dit :  lui aussi. Il m'a dit ensuite : vous êtes disponible le week-end prochain ? Pour un autre restaurant j'ai demandé ? Il a laissé un peu de temps avant de répondre, il a dit : oui. Presque étonné. Je me suis demandée : il joue à quoi. Et moi ? Je joue à quoi ? Je lui ai fait un grand sourire. J'ai dit : peut-être que ça ne serait pas...une bonne idée. Pourquoi ? C'était juste une soirée comme ça... J'ai dit. J'avais un sourire crispé, et j'avais froid. Et je voyais le jeu des voitures au feu, et autour de la place. Et j'avais froid. Je l'ai déjà dit ? Oui. Je me le suis dit plusieurs fois. Je l'ai pensé plusieurs fois. Il a dit alors à ce moment-là : et une autre soirée comme ça ça ne vous dit pas ? J'ai passé une très bonne soirée, d'habitude je ne passe pas de bonnes soirées comme ça. Nous nous regardions, interloqués. J'ai dit : j'ai quelqu'un et vous le savez bien vous travaillez indirectement avec lui. Et... Lui : mais je le sais, vous en avez parlé tout à l'heure. Et il a beaucoup de chance d'avoir une jeune femme telle que vous qui parle de lui comme vous l'avez fait. J'ai dit : alors ? Lui : alors, comme je vous l'ai dit, je ne chercherai pas à vous charmer, c'est juste que... J'avais besoin d'une compagnie agréable mais amicale. Il faisait froid, encore plus froid. Il m'avait parlé de sa mère qui avait eu un lupus. Et qui est morte. J'avais rêvé la veille d'un accident de la route. Que j'avais en compagnie de mon père. Cela me perturbait car c'était une route que j'empruntais pour aller chez mon psy barbu. Cela m'inquiétait. J'y pensais vaguement mais on aurait dit une mise en garde. Il me raccompagnait lentement vers ma voiture. Et il dégageait une telle chaleur que cela me faisait peur. Mais je me sentais bien, pas au point de tomber dans ses bras, je gardais les pieds sur Terre. Enfin je l'ai pensé en allant vers ma voiture. Je l'ai bien pensé d'ailleurs. Lui aussi. Il m'avait parlé de beaucoup de choses, j'avais été bombardée d'informations sur lesquelles j'avais rebondies avec aisance, cela me permettait de parler de moi à quelqu'un, à quelqu'un qui était là, physiquement, et son soleil intérieur me parlait, parfois l'univers parle aux êtres. Et ce que je lui disais ne le gavait pas, ce que je lui disais n'était pas pris de travers, il écoutait, il écoutait et semblait s'y intéresser, il écoutait, il écoutait comme parfois l'univers peut écouter. Il n'avait pas l'air d'avoir quarante-sept ans. Il avait des yeux clairs, je n'aime pas les yeux clairs pourtant. Je déteste ça. Mais pas cette fois. Il me raccompagnait, il me disait que je ne risquais rien, il ne m'invitait pas à tomber amoureuse. Mais j'avais quand même un doute. Je lui ai fait la bise. Il a dit ensuite : alors ? J'ai répondu : peut-être qu'il faut que j'en parle à Denis avant ? Il a dit : c'est lui-même qui voulait qu'on s'occupe de vous non. Je vais vous confier quelque chose j'ai dit : il n'a pas toujours de bonnes idées. J'ai dit alors : c'est d'accord, à la semaine prochaine. Il a eu un grand sourire illuminé et victorieux. Il est parti. Je l'ai regardé partir en chauffant le moteur de ma voiture. Le regard et le visage illuminé par un grand sourire. Mais restait le doute. En conduisant, j'ai pensé : c'est ridicule, il n'y a pas du tout un rapport de charme entre nous. C'est juste des moments comme peuvent en passer les amis qui se découvrent. En fermant ma porte à clé plus tard, j'ai pensé : je me trompe sur toute la ligne, il jouait avec moi, il cherche à me sauter.

Maintenant, je ne sais pas quoi penser. Entre ces deux possibilités, mon coeur balance.


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Commentaires
A
Tu as l'air de connaître l'avantage du reste de mon naturel, j'ignorais que c'était un honneur pour moi d'être si bien cernée par toi mon cher Guitares. A t'entendre, on pourrait presque croire que tu as vu naître le monde. Je ne comprends toujours pas ces réactions bizarres que tu as.<br /> <br /> Je croyais t'avoir chassé comme les autres, avec succès. Dommage.
F
et bonne ...bande son.Pour le reste,chassez le naturel...
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