Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
11 octobre 2007

LE TERREAU DES ROSES

confusion

IN GOD WE TRUST

Il chante pour toi, l'Empire. Les amis de Denis aiment le tennis, et lorsqu'il fait froid ils se mettent entre quatre murs un toit pour pouvoir y jouer. On me demande parfois d'accompagner. J'ai dit oui une fois ou deux, même si ça ne m'intéressait pas. Même si ça ne m'intéresse pas. J'ai pris ma voiture et le soleil se couchait, c'était de l'or dans le noir qui apparaissait à la surface du grand lac. La Suisse a beaucoup de charme, son chocolat et son armée, les hommes qui la font. Pauvre. C'est une musique qui est faite pour moi, Enron et Halliburton derrière tout ça, et les amis de Denis qui aiment le tennis, et les terribles, terrifiants rêves que je fais, que je ne peux pas tous écrire, que je ne peux pas tous raconter. Que je ne peux pas tous montrer. Ni même parler. Je ne peux pas les parler. Je ne peux pas en parler. Cela ne ferait que rajouter du mysticisme là où je n'ai que des visions pragmatiques. Tout dépend de la lumière du soleil dans la pièce, lorsqu'il est midi ou lorsqu'il dix-neuf heures. Tutoie le soleil lorsqu'il fait noir, l'or n'a pas encore été accroché à mon cou pour toujours, je sais reconnaître la différence entre la terre et l'eau. Il chante pour moi, l'Empire. C'est un Empire très vieux, et mourrant aussi, mais ça, il ne le reconnaîtra jamais. Cela ne me plaît pas particulièrement qu'il soit mourrant, disons juste que de toute façon, je ne pensais pas être faite pour en faire partie. J'aurais bien aimé. J'aurais bien essayé, d'en faire partie. Mais c'est idiot d'essayer d'entrer dans une maison qui, on le sait, de toute façon, court à sa catastrophe. Comme Doc Gynéco, parler des mines du Roi Salomon. L'autre jour à Paris, Denis l'a vu, Doc Gynéco, sacré nom l'artiste, avec sa nouvelle copine, sa nouvelle femme, Christine Angot, sur un scooter. La vie est belle à part tout ça. L'Empire est là, qu'est-ce que tu veux que je te dise. J'ai passé le meilleur été de ma vie, très triste mais c'était bien le meilleur été de ma vie. A Marseille, Marseille aide. Son ami Jean-Philippe a pris un appartement là-bas, il a plein d'amis qui aiment la plage, le tennis et les femmes. Et le sexe aussi. Manger. Dans quatre murs amidonnés. Un ou deux homosexuels pour les quotats, du risotto quand on a le choix, la voiture aurait pu s'envoyer en l'air, dans l'eau du lac, la Suisse a tellement de charme. Je n'aurais pas dû parler à cette personne, lui dire que j'étais folle, parce que, maintenant, elle le pense. Elle le croit. Elle croit que je suis folle. Je crois qu'elle le croit. Mais je peux me tromper. C'est délicat, de s'ouvrir à des amis qu'on ne connaît pas, même si on ne connaît personne, jamais. Je crois bien que j'ai été un peu trop franche, du coup je lui ai ôté la possibilité de m'aider, car c'était de l'aide que je demandais. Par hotmail. Les choses changent, l'Empire chante aussi pour toi. Il est une musique que tu ne peux pas rater. Ce serait surprenant que tu la rates. Que tu ne l'entendes pas. C'est comme un charmeur de rat, tu sais, avec sa flûte et tous les rats, tous les rats, tous, le suivent, charmés. Des hommes charment des femmes, ce ne sont pas des rats, les Juifs et le risotto tu vois, Enron et Halliburton, si on oublie. Pour pas qu'on oublie. Jocelyn, pour pas que je t'oublie, je ne veux pas t'oublier. J'ai pleuré à chaudes larmes. Il était assis en face de moi, il s'est rapproché, sans me toucher, il a voulu donner une proximité humaine, mais dans le cadre de son métier. Un réconfort, une chose nourricière, humaine. Je pleurais à chaudes larmes. Il m'a dit : vous vous ouvrez à la vie, VOUS GUERISSEZ c'est pour ça que vous ressentez ce grand écart, ce grand écart selon vos propres mots, entre ce bonheur que vous n'aviez jamais connu avec Denis et cette tristesse, cette mélancolie dépressive, profonde. Il a fait son job, mais bien, je pleurais à chaudes larmes, j'avais envie de fuir, de m'enfuir, j'avais fait un rêve terrible, Bernard Kouchner recommençait à marcher dans New York mais cette dernière avait été rasée de la carte. Je lui ai raconté, avec la honte, la honte de faire des rêves pareils, d'autant plus que Bernard Kouchner n'est pas mon nerf de la guerre et que je me fiche royalement de cet homme comme de ma première couche nauséabonde. Si tu vois ce que je veux dire. Je suis en enfer mais ce n'est pas nouveau, les avions décollent et s'écrasent à Kinshasa, mais ce n'est pas nouveau. Message de mon frère Thomas :

Nous allons bien. Un peu fatigués mais ça va. Papa m'a appellé inquiet du crash à Kinshasa. Ce crash est le symbole malheureux de l'importance de la corruption en Afrique centrale: le gouvernement avait interdit le vol de tous les Antonov (avions de fabrication russe) mais qqn d'influent avait mis son argent dans ces avions et a forcé la main du ministre des transport pour qu'il autorise de nouveau le vol de ces avions et paf!!!! triste situation du monde actuel...

Je te le fais pas dire Thomas. J'étais là, bouleversée par la fatigue. Et cet homme me pardonnait finalement, tout ce que j'étais incapable de me pardonner. Cependant, il n'avait pas toutes les données dans son jeu, ils le savent d'ailleurs, ces gens-là (j'adore cette expression), qu'ils n'ont pas toutes les données, et qu'ils sont peut-être abusés, mais pas par moi, il ne faudrait pas retourner la chose, la question, que je n'ai pas posée, du reste. Avec l'humilité qui me caractérise, ce n'est pas donné à tout le monde. Mais bon, au tennis, on peut voir des femmes d'un certain âge, d'un certain standing, Enron et Halliburton il ne faudrait pas pas oublier, ou faire comme si, sautiller en frappant dans la balle, les dalmatiens sautent aussi pour attraper les balles jaunes, en mousse, qu'on leur donne, les mettent en pièces. Je te le fais pas dire Thomas, la corruption en Afrique centrale, et les vols Antonov, de fabrication Russe, mais quelqu'un d'influent etc. Je pleurais donc à chaudes larmes, car c'est bon de pleurer à chaudes larmes, mes mots ne sont pas autre chose que le contraire des chaudes larmes, je me réserve le droit de pleurer à chaudes larmes en dehors de mes mots, Annie, ne t'en déplaise, ce n'est pas des sanglots, on ne peut pas sangloter en écrivant, c'est impossible, je ne sanglote pas, ou alors, je te conseille, vivement, Annie, si tu trouves que je sanglote, d'aller te faire sodomiser en enfer, je vois d'ici les quelques homosexuels répugnants lever le doigt tout contents, en prétendant que c'est bon de se faire sodomiser en enfer. Mais moi je suis en enfer, et je me suis trouvée du mauvais côté de la sodomie, ce n'est pas nouveau, on peut peut-être aller au-delà du rapport humain, chaleureux, mais non on ne peut pas, tu es marié, tu es psy et moi j'ai quelqu'un dans ma vie maintenant, je peux le dire. Je n'avais rien dans ma vie, j'avais mon écriture, donc j'exagère, ce n'est pas rien, mais je n'avais aucun être humain, capable de rivaliser avec l'écriture, et bien maintenant, j'ai quelqu'un, qui s'est mis à côté. C'est un connard de corrompu, un crétin fini, mais c'est le mien, et je l'aime très fort. Mais toi tu me donnes ta chaleur tout en faisant ton travail, finalement les psys sont des sortes de putains magnifiques du pauvre. Finalement tout se recoupe, Antonov, Boeing, et les stock options, ou comment se faire de l'argent sur la mort de ses concitoyens. Annie, je ne voudrais pas te brusquer, d'ailleurs je t'ai donné un autre prénom, ça devrait te faire plaisir, d'exister, dans une autre dimension, ici, froide, une autre dimension froide, je pleurais mais j'ai terminé de pleurer, de l'or, il y aura toujours de l'or à la surface lorsque le noir envahi la terre, c'est comme ça, that's it. Oncle Sam rêve parfois d'une petite France à ses cotés, comme moi je rêve d'une Amérique, ou une autre Angeline rêve de l'Amérique, comme le disait Rémi et il avait raison, car il était dans le vrai avec moi. Annie, le vrai, le faux, ta vie, ton réveil ou lorsque tu t'endors. Ton homme, et lorsque tu sautilles. Pour frapper dans la balle jaune. J'aimerais trouver des balles de tennis rouges. Gorgées de sang, qui fassent des marques, la cupabilité, une certaine idée de ça pour m'en dépatouiller,  finalement tout se recoupe. Je n'ai pas envie d'aller au Paradis si c'est les mêmes cadres qu'en enfer, les mêmes rivières, je n'ai pas très envie non. Le plus simple serait de me demander de quoi je n'ai pas envie, là je pourrais tout te dire, je n'ai pas envie de me marier, je n'ai pas la mâturité nécessaire pour ça, ce n'est pas lié à mon âge, c'est lié à mon histoire. A l'histoire de ce corps, tout entier, qui me sert si bien (si mal), à vivre, à survivre, parce qu'il faut parler de survie, ici. Même si on a des pommiers, des poiriers (pratique cette position pour la femme qui veut être enceinte), des orangers, et d'autres joyeusetés qui te donnent le sourire et qui rendent le soleil moins mauvais. Tout cela sent mauvais, je suis d'accord. Je suis très d'accord, je n'ai jamais été autant d'accord avec quelque chose qu'avec ça. Maintenant. Enron, les caresses ne servent à rien, lorsque tu peux te faire de l'argent grâce à tes terres et à tes mains. Les pommiers sont loin maintenant. C'est peut-être trop tard, ou trop tôt. Ou trop avant. Trop peu de temps. Tu sautilles, pour frapper dans la balle. Dans mes rêves je me fais abattre. La balle est jaune. Tu sues, une petite suée, tu prends vite ta serviette, pour t'essuyer. Tu regardes autour de toi. Pour voir si on t'a vue. Dans ce que tu étais de plus humain. Tu es une femme de quarante ans. Quand je te regarde, je pense à Jupiter, ta vie est si dérisoire, et la mienne en particulier, à côté de Jupiter. L'histoire de mon corps, sa mâturité. Ce n'est pas l'enfer, ni la pluie, ni le paradis, ni la terre, ni mes mains dedans. Ma mère aimait mettre ses mains dans la terre. Dans le terreau pour ses roses. Vous comprenez. Maintenant, c'est tout son corps dans la terre, pour la rose, car l'important, c'est la rose. Mais j'aime pleurer en face d'un homme barbu. Oui j'aime ça, même si c'est son métier, de tendre le mouchoir lorsque ça pleure en face de lui. On me déconseille souvent d'aller traîner mes guêtres chez ces "charlatans". On s'est beaucoup moqué de moi, parce que j'y allais, la plupart des gens qui se moquaient de moi à cause de ça n'avaient pas vu tout ce que j'avais vu.

Et leur corps ne racontait l'histoire de rien. Vanité, vanité, tout est vanité, mais pas cette fois, mon corps racontait son histoire, et même si dans la loi, rien n'était fait pour empêcher les illégalités, même si dans le marbre la loi était écrite, le marbre a été cassé, mon corps a résisté, et je sais que tu ignores pourquoi. Comment pourrais-tu le savoir ?

Parce que dans ce champ, à une certaine époque, des anglais à la retraite prenaient des planches pour faire des cercles. Et Paul tu racontais ça à table, j'avais pleuré, beaucoup pleuré, on se voit trop souvent, des poches sous les yeux rouges lorsqu'on pleure trop, tu étais hilare, tu étais hilare. Mais pas complètement objectif, alors je t'ai dit qu'il y avait toujours deux côtés, et parfois dans ces deux côtés, plusieurs étages, dans la pyramide que tu connais bien, Paul, parce que tu es l'un de ces d'enfants. Je ne ferais pas l'éclairé à ta place. Les oncles sont morts, les pays suivront le même chemin, je l'espère, ou alors une autre que moi l'espère, une autre qui aurait décidé de vivre quelque part dans ma bouche, et qui me ferait dire de ces choses... Des choses incompréhensibles. On peut dire que j'ai le goût du mystère d'une manière moins malhonnête que toi. Mais non, tu vois, ton corps raconte l'inexpérience, le vide chronique, tu sens la corruption à vingt kilomètres alentours. Et ça diffuse.

Mais ce n'est pas mon leitmotiv, Paul. C'était juste quelques notes en peine, qui forcent mon coeur, qui forcent ma mélancolie, à s'accentuer, parce que, figure-toi, Paul, que tes rires sont inaudibles. Les mines du Roi Salomon, dans la bouche d'un agitateur de la peur, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Sans armes et sans haine, j'ai peur d'oublier mais je n'ai pas peur d'accepter, Pauline. De ça, je n'ai pas peur.

"Ils acceptent déjà tant de choses. Surtout lui, lorsqu'il a fait de la prison, pour avoir touché sa nièce".

enemy

Sans_titre_24

Publicité
Commentaires
Publicité