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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
7 janvier 2006

Comment les fleurs vivent avec Lance Henriksen

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Si j'ai honte c'était parce qu'il embrassait bien. Sophie m'a demandée ce que j'en pensais. Je lui ai dit toute gênée que je me sentais comme une adolescente, mon cerveau cinglé, mon cerveau condamné à finir comme celui des gens qui meurent un peu partout sur la terre, au même moment que d'autres naissent (deux morts pour quatre naissances aux infos télévisées) et que ce sentiment n'était en rien nouveau, qu'il s'agissait d'un sentiment classique, habituel, comme des millions d'autres j'étais condamnée à refaire les mêmes schémas, les mêmes choix, les mêmes désordres, même lorsque j'avais envie de m'en affranchir, condamnée. C'est un portrait fataliste de la situation, très Musulman mais je ne suis pas du genre à acheter "Le Saint Coran" à 25 euros en DVD, même Allah se vend à côté des coffrets des saisons intégrales de la nullissime série Sex And The City. Il n'a de Saint que ce qu'on lui prête et encore pas tout le monde. Bref, parlons d'autres choses que de l'hypocrisie des autres, parlons de la mienne, dont je suis la seule victime ce qui est tout bénéfice pour le monde. En effet la vie d'un être humain a une importance sur cette planète, qu'il décide de faire le bien, de donner de l'argent aux pauvres, d'enculer sa fille ou sa nièce, de tuer des femmes, de devenir ouvrier textile ou que sa nièce décide de l'envoyer faire la même chose en enfer (l'enfer n'existe que sur terre, quand on est bien vivant et qu'on se sent dans un pays de morts). A plein de gens, notamment à Sophie, j'ai eu envie de lui dire : d'accord, tu me vois comme une blessée de la nature mais ma chérie, depuis que j'écris, j'ai trouvé des choses et tu sais quoi : je suis l'une des seules borgnes dans ton royaume d'aveugles, il faudrait peut-être ne pas l'oublier. Si j'ai honte c'est parce que ce baiser était bienvenu et j'ai dû inconsciemment l'appeler. Il a appelé, il voulait me parler. Au téléphone, j'ai dit, on peut faire ça au téléphone. Non vient. Ecoute je dois aller faire des courses (je mentais). Tu mens qu'il me dit. En moi-même j'ai pensé : Le con. Il a entendu. Il faut dire que ça s'entend quand je mens, Sophie m'a dit : même quand tu dis la vérité, ça s'entend. Je lui ai dit : toi tu l'entends mais à part toi...c'est triste m'enfin on ne va pas pleurer toute sa vie pour des aveugles et des sourds. De toute façon je ne voudrais même pas qu'ils nettoient mes chiottes après être passée. Mais le problème n'est pas là, Sophie tu...Enfin, c'est tout frais, tu l'as laissé tomber. Et puis moi comme une martienne, je vais le voir. Comme une espèce de tripode, je suis devenue, sous terre depuis longtemps et ça sort seulement maintenant, pour niquer tout sur son passage. Je ne veux pas m'engager, pas maintenant, de toute façon même si je voulais et bien je ne pourrais pas tenir. Je fuierais. Je ferais fuir. Je suis trop jeune pour qu'on me passe la corde au cou et ceux que je choisis finissent toujours quelque part avec une aiguille plantée dans le bras, au propre ou au figuré. C'est triste ça aussi, m'enfin on ne va pas pleurer, je suis l'une des seules borgnes dans ce royaume d'aveugles, cela aurait pu être pire Sophie, j'aurais pu naître comme ma mère ou comme Bruno, dans le royaume des aveugles. Tout est boue ici bas chantonne Camille et elle a raison si vous voulez mon avis, même si on exagère un petit peu mais il y a de quoi, on ne saurait le supporter. Donc je suis allée quand même, comme une tripode, sortie de terre. Chez lui. Guidée par une espèce de force dont je n'avais pas conscience, la même qui m'a fait avancer la fesse haute et le courage à deux mains dans un monde d'argent, de sexe, et de bêtise incommensurable là où certains croient qu'il s'agit de liberté. Je n'ai croisé que des bribes de liberté ici et là, va dire à Florence Aubenas, tu sais, le clown de service comment elle était bonne pour ça, en revenant, ils auraient mieux fait de la descendre, on aurait pu pleurer au moins, on aurait pu se dire : voilà quelque chose : la France touchée en plein coeur et puis pour la liberté de la presse, en effet. J'ai toujours ce sentiment étrange qu'il manque toujours une bonne partie de l'information quand je lis ou regarde l'information, c'est terrible ça, la partie qui manque. Sophie me regardait quand je racontais après comme si j'étais un beau tripode mais un tripode de Wells et de Spielberg quand même. Ce qui est amusant. Comme une espèce de tripode, je pompe, tout mais surtout le sang et je recrache quand ça me fait chier. C'est comme ça. Ce pauvre Bruno avait fait exprès et d'ailleurs la toile il l'avait tissée avec habileté, sa bouche n'a pas mauvais goût mais c'est un plouc, un garçon de chair et d'os, on pourrait presque arrêter là la description, beaucoup de gens sur cette planète ne sont que des corps, on dirait, dès qu'il s'agit de prendre toute une personne en entier, on ne peut pas, dans ce royaume d'aveugles, c'est peut-être à cause de la religion, je ne sais pas, toujours est-il qu'un corps tout seul rassure, mais dès qu'il parle et qu'il dit ce qu'il pense, ça fait des horreurs tout de suite, dans les esprits. Mais moi quand je parle de Crâne dans l'Océan, de merde d'enfants dans le sang, de cadavres, de morts, d'enculés et de sodomies sur des petites filles qui ne sont pas d'accord, ce sont des pétales de fleurs fraîches qui tombent du ciel, vous pouvez le comprendre ? Oui je le sais. Oui je le comprends. Je ne vous en veux pas du tout, ce n'est pas compliqué, de lire simplement. Et de laisser le temps que ça se passe ensuite. Il le faut sinon mes yeux. J'ai pris une image romantique non pas pour flatter ce que je fais, ce que je suis, mais pour tenter même d'approcher les pauvres qui sont dans les ténèbres et qui s'embrassent dans des embrassades à n'en plus finir à en finir que ça n'exprime plus qu'un égo de groupe assez écoeurant, un peu comme tout l'ensemble d'un corps, quand on tue, si vous avez envie, pensez-y, on tue tout, pas seulement le corps, le reste aussi on le tue, il s'en va ailleurs. Et c'est vraiment dans un monde de merde qu'on se retrouve. Tu comprends ? Bon, on a parlé et puis je ne voyais pas bien où il voulait en venir. Là, il m'embrasse de force. Pas sauvagement mais il y va. Je sais que je suis belle, je sais que je suis irrésistible, je sais aussi mon visage à mon réveil et celui aussi que je cache pour ne pas effrayer trop de gens, ce visage monstrueux qu'à su me donner mon oncle et mes clients, ce visage qui fait de moi quelqu'un d'intelligent, la monstruosité va bien plus loin que tous les arcs-en-ciel du monde et c'est toujours comme ça, dans l'envie de sang car la vie se passe là-dedans que ça se termine, je sais également que j'ai de la chance car la solitude n'est pas mon ennemie mais ce baiser m'a rappelé que...ben...j'avais un corps. Mon père me disait : tu penses beaucoup : viens avec moi au jardin je vais t'apprendre à soigner les fleurs. C'est comme ça que j'ai eu le goût. Pour sauver les fleurs, pour les faire pousser, jusqu'à aujourd'hui, dans le coeur de l'hiver, écrire sur les fleurs plutôt que les faire pousser. Même celles qui aiment l'hiver. Je n'aime pas l'hiver, je n'aime pas pleurer, je n'aime pas rire, je n'aime pas beaucoup devoir supporter, ce corps si beau, si normal, si plus que normal, ce corps qui a faim, ce corps qui bouge, pourquoi il ne s'arrêterait pas, là, tout de suite ? Toujours est-il que je l'ai repoussé sans faire de commentaires. Et puis je suis retournée dans ma voiture. Je me suis barrée. Il m'avait trompée, il m'avait dit qu'il allait mal mais en fait j'ai bien compris qu'il n'allait pas si mal que ça, à part peut-être qu'il avait envie d'embrasser une fille pour avoir peut-être plus ensuite. Je trouvais ça écoeurant, j'ai dit ça à Sophie. Elle m'a dit : et si il avait voulu plus ? C'est-à-dire ? Je n'en sais rien, du fait qu'on ne soit plus ensemble lui et moi peut-être qu'il a voulu quelque chose avec toi... De sérieux. Peut-être qu'il a changé. Elle m'a dit ça mais je sentais qu'elle me le disait pour une raison bien précise : un brin de moquerie. Et aussi de jalousie. C'était peut-être son ex mais comme je l'ai dit plus en haut, ils se sont quittés, c'était frais. Je ne sais pas comment le dire : elle ne l'aime plus vraiment, mais quelque part, je crois, elle voudrait toujours qu'il soit à elle, que leur histoire continue même dans la fin de celle-ci. C'est un sentiment égoïste typique des êtres humains, de beaucoup d'entre eux. Je ne sais pas comment t'expliquer, toi la chose qui grandit dans le ventre de la femme de mon frère, mon frère t'aime, je suis ta tante et je ne sais pas si je t'aime, ta mère ferait mieux de t'avorter, mais tu sais j'ai une vie. A rentrer le soir, et à venir en aide à des gens dont je me fous et aussi me faire embrasser par eux. Quoi ? J'ai quatorze ans ? Non, dix de plus mon coeur. Oui je sais c'est grave mais c'est mieux pour moi tu sais, je ne sais pas comment les hommes vivent mais au moins, je sais comment ils meurent. Il a téléphoné tout de suite après, sur mon portable, et il m'a dit : écoute, reviens. Avec un ton qui franchement ne m'a pas vraiment engagée à faire machine arrière. Mais la situation me prenait sur le fait : j'étais devenue une bonne soeur frigide qui avait même peur d'accepter un baiser, tellement elle voulait de l'amour avant. C'était pathétique mais sinon je me sentais portée par l'horreur de ce baiser qui avait été délicieuse. Il existe des gens, des hommes qu'il ne faut pas embrasser, tous les autres hommes et même ceux-ci. Il ne faut pas. Il existe. Ils existent. Je sais que ça existe. Et vous, vous savez ? Que ça existe ? Des fois j'ai l'impression, dans des moments comme ça, que ma cage thoracique va s'ouvrir pour laisser s'échapper de mon coeur un lion rugissant qui a envie de fondre sur quelqu'un et de le dévorer, vous connaissez la peur atavique, n'est-ce pas, celle d'être dévorée par un animal. Avec le feu il paraît qu'il n'y a pas de mort plus horrible. Comment le dire ? Je ne vais plus tuer de ma vie, je me le dis souvent mais en suis-je sûre ? Et certaine ? J'aime ceux qui sont sûr et certains de leur morale de vie, de leur éthique, de leur franchise, j'adore, j'adore ceux-là, dès que le moment se présente, ils sont les premiers à se vautrer dans le péché et ensuite d'aller accuser quelqu'un d'autre de les avoir poussé. J'adore ceux qui me traitent de monstre, je sens l'odeur de la mort autour d'eux, ça ne saurait tarder, ils en sont plus capables que moi. Ils apporteraient à la Maison des Morts quelque chose d'original, eux. Ceux-là d'habitude font de la guimauve généralement, de la vraie pornographique pour l'intelligence, ce n'est pas le meurtre qui est horrible, ce n'est pas d'aimer qui est affreux, c'est de se vautrer volontairement dans la bêtise et je sais de quoi je parle. Je l'avoue. Certains, beaucoup ne l'avouent pas, je l'avoue, j'ai sucé la queue du Diable dans un confessionnal, bof. Je sautillais partout. Au fait, merci pour les morceaux, monsieur Inconnu, je suis contente, d'autant plus que cet inconnu m'écrit : "vous devez être quelqu'un qui mérite qu'on lui donne beaucoup plus". Peut-être qu'il voudrait me baiser. Une bonne femme sympathique à la fesse haute et fière a fait un blog où elle met des bites et du sperme (ça ferait plaisir à l'autre, tiens) et bien, je trouve qu'elle a bon goût de me mettre en lien et puis je trouve que c'est bien de la mettre en lien, sinon je n'ai pas le choix, que de la guimauve, parfois de la bonne mais sinon de la guimauve. Je suis rentrée tout de suite et j'ai dit à Sophie ce qui venait de se passer, avec mes craintes comme je l'ai déjà dit. Et le poids de la honte : il a bonne bouche, en plus il avait une bonne haleine. Certains hommes ont des haleines de Cadavres pourrissants sous la pluie le matin, ou des queues qu'ils ne lavent pas, salées, très salées, l'urine sans doute, le sel, la mer, à la mer, à la plage, les bestioles, les poux, merde j'ai un doute, pous avec un s, je ne sais plus j'ai un doute, le dictionnaire vite, mais ça fait longtemps que j'en ai pas eu, j'en ai jamais eu, j'ai pas d'enfants, ils sont morts je les ai tués aussi. Et allons-y. Vous croyez que je vais tuer tout le monde ? Certains sont très inquiets. En tout cas j'ai bien fait de le dire, Sacha, waouh, il a fermé sa putain de grande gueule, il était temps, ne serait-ce que pour ça j'ai bien fait. Mais trêve de plaisanterie, car un grand éclat de rire s'impose à mes aventures de bisous adolescentes puisque Sophie a rit, et j'ai fait comme elle, et elle m'a prise dans ses bras, comme on le ferait d'une soeur ennemie, d'une salope qu'on aime. Et qu'on pense en même temps : espèce de salope. Au moins dans mon parquet il n 'y a pas d'acariens. Avec un s ou un x, monsieur l'agent ? Monsieur l'argent ? La Nuit est tombée, j'ai fauté, je tapinais, mais juste verbalement, vous voulez une pipe, c'est cinquante francs, etc. Mes idées, je ne devrais pas les tester m'a dit Filipe au téléphone, en plein air, parce que ça marche, le poisson pue, ensuite. A la suite, il sent, et il n'a pas honte de sentir. Mais voilà. Elle m'a fait la morale gentille, sous-entendu : il est encore à moi, mon ex. C'est vrai. Je lui ai dit : mais je ne l'aime pas : puisque je le déteste. J'ai honte de tout ça. Je préférais quand je vous parlais de mes histoires de clients, de temps à autre je fouille mes carnets, c'est dommage ils ne sont pas tous dedans, ceux de la fin oui, c'est dommage pas ceux du début. Cela me met dans une rage triste parfois, quand je repense à toutes ces choses adolescentes, qui ne veulent pas mourir. Vous savez, comme des corps immortels. Des fleurs immortelles. J'aimerais retourner à vendre mon sublime derrière, j'aimerais aller déterrer les os de quelqu'un pour les nettoyer et les mettre dans ma chambre, j'ai lu que Jeffrey Dahmer avait un squelette dans sa douche, des têtes dans ses placards ainsi que des bites ainsi qu'une cuve d'acide avec trois troncs dedans. Quand on sait qui on est, après, il faut apprendre à le supporter, c'est terrible de ne pas savoir qui on est, c'est encore pire une fois qu'on sait. Mais je préfère savoir quand même. Il avait du goût, Jeff, dans la Maison des Morts, c'est clair, ça sent pas le bonheur, les petits oiseaux, ni les ombrelles rouges, mais bien l'orage qui se profile à l'horizon, les corbeaux qui trouvent ça bon, et aussi les hommes qui vous ramènent à vos limites, les hommes qui sont des corps, juste ça, et qui ont du mal avec la vie en général, être un corps ça ne nous dit pas qui on est vraiment. Mais tu n'es personne, moi je te le dis.

Donc tes lèvres, ok. Et puis attention à ce qu'elles disent. Je te connais. Je suis une jeune femme, moi, comme une fleur. Vivante. Alors fais gaffe. Je suis comme une fleur. Voici comment les hommes meurent. Voici comment les fleurs vivent.

Et comment je trouve Lance Henriksen trop sexuellement attractif.

lance_2

I WANT TO FUCK YOU

ANGELINE

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Commentaires
A
Merci pour cette précision au sujet des jolies jeunes femmes.
F
" Fils de marin, Lance Henriksen passe son enfance à Bornéo, aux Iles Fidji et en Malaisie. Cette jeunesse aventureuse lui rend vite intolérable les contraintes d'une scolarité traditionnelle. Renvoyé de plusieurs lycées, il part sur les routes à l'âge de douze ans et, après une adolescence mouvementée, intègre l'Actor's Studio. Il décroche son premier rôle dans la reprise off-Broadway de Three plays of the sea d'Eugene O'Neill et enchaîne au milieu des années 70 deux apparitions sous la direction de Sidney Lumet dans Un après-midi de chien (1975) et Network (1976). Une troisième suivra en 1981 avec Le Prince de New York."<br /> <br /> juste pour dire aussi que les jolies filles-femmes sont pour moi comme la couverture d'un livre,le remarquer parmi d'autres,l'envie de le toucher,de le feuilleter,le plus important reste en fin de compte le contenu,la profondeur,bref le " fond " surtout après la " forme "si non je me lasse très vite et repose le livre sur son étagère.
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