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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
3 janvier 2006

Business as usual

don_t_lie

Il n'est pas si beau que ça, qu'est-ce qu'elle lui trouve ? C'était lui, qu'elle nous cachait à moi et à Marie, lui, la perle, lui le Prince, c'était lui, avec son nez crochu, sa peau blanche, son air débonnaire, ce qui est drôle puisqu'il est maigre, plutôt très mince même, c'était lui, avec sa mèche rebelle, coiffé comme une vieille brosse à chiottes en fin de vie, le grand mystère, c'était lui, c'est lui, quand j'ai vu que c'était lui je me suis dit : c'est lui. C'est l'amour pour elle. Elle voit l'amour ? Là-dedans ? Elle Sait ? Elle ? Je ne sais pas trop. Les Voies du Seigneur sont impénétrables et mènent toutes à Rome, même quand tu tires la chasse d'eau, ça va à Rome. Contre vents et marées, il paraît que je parle d'amour, aussi. Contrairement à ce que je prétends moi-même et contrairement à ce qui se passe vraiment. Contrairement. Quelqu'un m'a dit aujourd'hui que j'étais pleine de contradictions, lui-même me disait de lui-même récemment, peu avant : je suis plein de contradictions et semblait en souffrir. Il n'est pas si beau que ça, l'amour. Il est blanc de peau, mince (alors que j'aime pas beaucoup les hommes très minces, ils sont barbus, vulgaires et souvent très moches, baiser avec c'est une horreur). Quand je l'ai vu, j'ai pensé : c'est lui. C'est son trésor. C'est lui. C'est vrai qu'il était gentil pour un divorcé, je n'ai pas décelé de côté aigri, que moi j'ai déjà, moi, la fille. Il n'est pas si beau que ça son or, son trésor, son parasol. Il n'est pas si beau que ça. Si l'amour ne fait pas effet parasol alors moi j'abandonne. Bien sûr que si. C'est de lui dont elle me parlait avec enthousiasme ? C'est vrai, ils contrebalancent leur laideur par une vie intellectuelle très forte. Ils ont besoin d'aimer et d'être aimés. Des fois, ils seraient prêts à prendre un homme tellement ils sont au bout du désespoir. Un mec à Carrefour l'autre jour attendait qu'on emballe son truc, son machin qu'il avait acheté. Son cadeau qu'il avait acheté pour quelqu'un qu'il aimait détester et qu'il détestait aimer. Et puis il me sort une blague, un vieux qui était content, de sortir sa carte bancaire, parfois des couples aussi, et ils se disent très fort : oh chéri tu flambes là. Comme c'est mignon. Et surtout gerbant. Chéri. Donc ce mec me raconte une blague, il dit : on attend hein, et puis le garçon rigole parce qu'il n'arrive pas à emballer. Et donc le mec lui dit : vous avez du mal ? Le garçon lui dit : oui, j'ai un peu de mal avec un air tapette dont il faut se méfier. Il avait un sourire, un sourire très commercial, le même que je vous fais dans Les Récits de la Maison des Morts. On attend hein, le mec réagit à la gaucherie homosexuelle de l'emballeur de cadeaux de Carrefour et me dit : je ne savais pas que c'était une réunion de tantines ici. Je lui ai dit : Pourquoi vous me parlez ? J'étais en colère. Tout d'un coup, il m'avait mise en colère, il a commencé à être gêné et à faire comme s'il n'entendait rien. Un mec aux cheveux gris, la peau rouge. Le visage émacié. Dégueulasse, sauf chez Lance Henriksen qui est l'un des plus beaux hommes que j'ai jamais vu. Je ne plaisante pas. Je m'amuse tellement avec tous les degrés possibles qu'après on ne voit plus très bien où je veux en venir. Certains arrivent quand même à voir : "c'est ici qu'il faut avoir de l'intelligence !" disait-on autrefois. Il paraît qu'on brûlait les sorcières, qu'on crucifiait aussi toutes ces pauvres femmes, accusées de parler aux chats noirs ainsi qu'aux arbres. Qui sont vivants, pourtant, je vous le signale. C'est ça son trésor, c'est ce squelette qui a été marié, puis a divorcé, qui a un enfant. Vous saviez que les squelettes d'enfants sont androgynes ? C'est ce trésor qu'elle nous avait caché. Je suis jalouse vous allez penser, mais je vous amène toujours à ce que je veux que vous pensiez, ça marche tellement bien que ça me fait souffrir : n'y a-t-il donc pas quelqu'un d'assez intelligent pour comprendre ? Je suis perverse ? Suis-je donc la seule morte de ce Royaume, finalement ? Comme je disais à l'autre, je ne sais plus qui, on est toujours seul, grande révélation, et on veut de l'amour pour croire qu'on ne l'est pas, mais finalement on est des poupées prédéfinies qui pensent pouvoir dire non quand on leur tire sur le fil pour dire oui, le fil dans le dos, le fil est souvent dans le dos. Ou dans le cul de  la poupée, je me souviens de ces poupées Barbies avec des ventres arrondis, enceintes jusqu'aux os, les poupées de plastique ne connaissent pas les os, les os ne poussent pas en elles. Alors. De toute façon c'est comme ça. C'est lui. J'étais là-dedans, dans la maison de Dieu qui sent la Charogne je suis sûre et je disais non mais ça devait dire oui, bien sûr. Bien entendu tout dépend de la qualité de la vue. Elle l'aime ? Elle ne sait pas aimer, Sophie, et peut-être que je vais perdre une amie si je le laisse, ça, si je laisse cette phrase mais tant pis, tout ce que je pense il faudrait que je l'écrive, mais la tâche est énorme, on ne peut pas, non pas par mauvaise foi (comme vous) mais par manque de...non pas de temps mais l'ordre, l'ordre des choses à dire. Toujours le moins important, qui veut sortir en premier, c'est bizarre, ils me disent : toi, il faut te lire entre les lignes. Sinon récemment on m'a dit que je n'étais pas constructive, et ça c'est vrai, je n'écoute pas Radio Nova. Il faut mettre le principal, l'essentiel, et passer outre. Ne pas regarder dans la même direction, celle du Vatican, tu verras il y a du bon vin et de la baise dans l'Eglise de Satan. Ce n'est pas si mal, on apprend beaucoup de choses en plus. On apprend toutes les méthodes pour mettre un terme au mal, contrairement aux apparences. Le mal vous savez. J'ai entendu une réalisatrice indienne, ou actrice je ne sais plus, les deux je crois, du film FIRE, un film qui a fait scandale là-bas en Inde, sur l'homosexualité féminine, et bien elle disait : "je trouve ça inquiétant quand quelqu'un pense que ce qu'il fait est bien et que tout ce que font les autres est mal". Et bien elle avait raison de penser ça. En plus cette femme était belle, si j'avais eu un pénis j'aurais eu une érection. Mon pénis c'est mon clitoris qui ne s'est pas développé dans le ventre de ma mère, parce que mon oncle déjà devait y penser : je veux voir une fille sortir de son ventre, le veau ensuite viendra dans le ventre de la fille, les humains sont des pochettes surprises, mon Dieu est un Homme, ah, etc. N'est pas visionnaire qui veut. Heureusement, mon oncle m'a appris à ne pas être comme les gens du monde, émotive. Ceux qui veulent, vous savez, qui se sentent à l'aise dans un merdier pas possible, moi j'aime les gens qui ont besoin de grandes doses de médicaments pour tenir presque droit. Son mec ne prend pas de médicaments. Il a maigri depuis son divorce. Mais il a fait son deuil, apparemment. Elle m'a dit. Sophie. Son Homme, c'est pas Dieu. Son trésor, c'est un squelette vivant. Les os fabriquent le sang. Rien que cette phrase, ça me fait pleurer, et ça devrait vous faire pleurer tellement c'est beau, tellement c'est mieux que quelqu'un comme moi par exemple qui explique qu'elle souffre. LES OS FABRIQUENT LE SANG. C'est dans une routine qui font ça. Les choses ne font pas si mal si les os fabriquent du sang. Je ne trouve pas ça inquiétant que les os fabriquent quelque chose de différent, moi je fais ce que j'ai à faire. J'avais peur de quelque chose. Qu'il ait le Sida et qu'il le transmette à Sophie dans un rapport sexuel non protégé. Mais ce n'était pas mes affaires et je ne voulais surtout pas la froisser. Elle le prenait relativement bien lorsque je vomissais des ordures sur Bruno. Apparemment. Mais bon. Après que 2006 soit arrivé, un mec à moustaches que connaît Sophie depuis peu m'a approché, et il m'a demandé si ça m'intéressait de poser nue avec sa copine, il était peintre. Il était persuasif, les yeux perçants, une boucle d'oreille et un style qui me révulsait complètement. Mais il m'a dit : on est très bien payé : 30 € Nue, 15 habillée, 20 semie-habillée. J'ai dit oui. Pour ? Me fait le type. Pour poser Nue bien sûr. J'ai fait un petit rire étouffé, je me souvenais d'une ancienne époque ça fait longtemps que je ne l'ai pas évoquée ici. De toute façon je ne peux pas reparler toujours de mes meilleurs souvenirs (arrêtez de juger bande de juges obscènes). Sa copine s'est trémoussée toute la soirée, apparemment, elle était louche, mais quelle blonde n'est pas louche de nos jours, ne serait-ce qu'intellectuellement parlant ? Elle avait des seins magnifiques dans son corsage qui les mettait absolument en valeur ce qui n'aurait pas fait bander Mike, surtout qu'elle parlait de son papa qui était de droite et qu'elle ne comprenait pas pourquoi il aimait bien Chirac puisque Chirac maintenant était visiblement au fond du trou. Avec sa paire de lunettes, même si quand on a besoin de lire c'est utile, il aurait dû le faire plutôt, à l'époque on savait déjà qu'il ne pouvait plus s'en passer, on savait la fatigue de ses petits yeux qui sont mignons quant ils bougent, c'est normal qu'ils bougent, ils sont vivants, tout ce qui est vivant, bouge c'est normal. Même la pensée, ça bouge, l'émotion ça stagne, toutes les demandes d'émotion, aime-moi, prends-moi, baise-moi, ou alors : tue-moi, non pas ça, caresse-moi, fourre-moi, le Champagne est bon, luxure des champs, pardon des apostrophes, etc. On tombe facilement dans la facilité dans la mort. Mais j'ai fait une promesse, moi la Plouc des Morts, j'ai fait une promesse, un jour ça sera vivant, et ça sentira l'air wick de la nature, pas le faux qu'on achète. On n'aura plus l'impression d'entrer dans les appartements de Jack L'Eventreur, luxueux. Elle était louche quand même la blonde, malgré tout ça. Je peux le dire encore une fois si tu le veux. "Ce qui me rassure avec toi Angeline, c'est que tu sais quelque chose de précieux : l'émotivité n'est pas le sentiment. Tu sais ça et donc tu en joues. Souvent avec un équilibre rare. Du coup, quelqu'un comme toi, qui en apparence joue à se montrer sale ne risque pas de tomber dans des travers sombres, les photos crades sont des moyens de détournements, comme ça tu nous chopes plus vite avec ta lumière : ton âme me semble pure puisqu'elle comprend sa douleur originelle si j'ose dire. Les gens qui en rajoutent dans l'émotivité croient être dans l'émotion, mais sont seulement dans le mouvement de groupe. Tu es toujours, toi, dans le mouvement de ta pensée, certes fragmentées et morcelées à cause de certaines expériences mais qui dégage quelque chose de profondément honnête que j'apprécie beaucoup." Sinon, j'ai reçu aussi ça : "j'ai l'impression que tu te crois fine-gueule mais tu ne me captives pas. Tu crois exister à travers tes horreurs comme tu dis, mais tu n'es dans rien qui avance. Tu ne fais rien avancer là-dedans, et on a juste envie de te traiter, mais finalement ça serait insignifiant, à quel tu es pauvre et à quel point on en ressort riche". Que faut-il faire ? Bailler. Mais ce n'est pas inquiétant, mon Ange. Tu sais, les écrivains passent leur temps à écrire parce qu'ils croient que le monde ne mérite pas mieux d'eux, et que d'eux il ne sortira rien d'autre, tous les pédés ne sont pas comme Mike à bouffer du sperme et bon qu'à ça, tu sais Ange, et tous ne pensent pas 24 heures sur 24 à ce qu'ils sont et pourquoi mon Dieu est un Homme. Tu sais Ange, certains maris battent leurs femmes et elles tombent dans le coma, ça arrive souvent, on en parle rarement, et parfois elles meurent. Ange. Tu es mon bébé Ange. Tu es mon Art. Ce qui est rassurant, une femme devrait toujours être rassurante avec un Homme. Les Hommes ne sont pas des Dieux, mon Ange, mais toi tu es plus qu'un Ange, tu es ma Déesse. Je t'aime très fort tu sais, je t'aimais, mais tu es morte et la Reine des Mortes refuse l'amour. C'est comme ça. Tu jalouses Sophie de son cadavre même. Comment faire pour faire autrement ? Etre compréhensible un minimum, ne pas tout mélanger comme certains schizophrènes patentés, comment faire pour te faire aimer des autres, même si tu le ne souhaites pas ? Tu ne souhaites pas plus l'amour que la haine, tu souhaites quoi alors mon Bébé, mon Ange, ma Déesse ? L'intelligence ? Je n'y entends rien. Les Femmes meurent et les Hommes vieillissent avec ça en plus sur la conscience, et c'est vrai une femme morte ça sera toujours plus magnifique qu'un Homme, ils le savent, ils le savent tous, tu sais, ceux qui sont dans le Cercle, et c'est pour ça qu'ils s'épient les uns les autres pour se tuer, en commençant déjà par la parole.

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Je suis entrée. J'ai demandé un verre de vin, pour me détendre. Le grand atelier se tenait à ma grande surprise pas très loin de mon lieu de travail, là-bas, derrière les arbres il y a les fous je me suis dit. Sa copine nue était contre moi, on se tenait par les mains. Ses pointes étaient dures. Les miennes aussi, il faisait pas non plus trop chaud. On était assise, la pose très simple en fait. Je lui ai proposé de maquiller nos corps nus. J'avais bien l'intention d'être sur mes gardes, j'avais peur d'être tombée sur un couple d'obsédés. Donc j'étais sur mes gardes. Je suis une chose fragile, inquiète, très inquiète. Mais ça va, ils ont été corrects. Souvent je loupe des relations comme ça, parce que je me suis trop méfiée. J'ai souvent pris des BLEUS pour des NOIRS (Ségrégation ?), des Juifs pour des Arabes, j'ai souvent pris des Hommes pour des Femmes. Mais j'ai voulu peindre sur mon visage un squelette souriant. Il trouvait l'idée géniale. Tandis que sur le visage de sa copine blonde elle voulait : un papillon. Ben tiens.

(Un papillon ce n'est pas grave Angeline, c'est beau, ce n'est pas "ben tiens", arrête de dire, tu aimes les papillons, ceux de nuit, tu t'en souviens avec l'entomologiste ?)

Quand Marie m'a téléphonée pour me demander comment c'était, j'ai dit que j'ai pris 40 euros, le mec a rajouté dix tellement il était ravi. Je lui ai dit aussi qu'à force de tenir la même position, avec mon masque de mort sur le visage, en peinture, j'avais un peu mal au dos.

sans_titre16

EXISTE-T-IL ?

ANGELINE

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Commentaires
F
c 'est noté.... pour Bashung
A
Sauf que moi je ne mens pas comme Bashung que je n'aime pas.
F
je pourrais commencer par ce truc un peu bateau:<br /> " on ne voit bien qu'avec le coeur,l 'important est invisible pour les yeux " ben voyons...,<br /> poursuivre du genre : " faut savoir lire entre les lignes " ...bon comme le fond est noir ( la forme aussi ),bref ne rien dire du tout,si, simplement qu'ici ça change des phrases convenues,des compliments,des appels du pieds trop appuyés...<br /> <br /> Y a bien la déco. qui me laisse un peu perplexe,les croix gammées,les camps,la mort quoi,pas que ça m 'offusque ou me dégoûte non ça me laisse juste perplexe,ces obsessions,mais bon je passe,tu me reçoi,je vais pas trop la ramener non plus.<br /> <br /> " La nuit je mens<br /> Je prends des trains a travers la plaine<br /> La nuit je mens Je m'en lave les mains.<br /> J'ai dans les bottes des montagnes de questions<br /> Ou subsiste encore ton écho<br /> la nuit je mens..."
L
c'est étonnant comme les commentaires à vous lire reflètent une infinité d'émotions contradictoires, y compris chez la même personne. Ca agit comme une sorte de prisme qui décomposerait tout ce qu'on a dans la tête (ça serait mieux représenté en peinture, mais je ne suis pas peintre)
M
je sais c'est con, mais c'est comme ça.
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