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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
31 décembre 2005

Sereine pour Christie

madrid

Je suis tellement heureuse d'être en vie. De pouvoir embrasser mes amis. De leur avoir fait des cadeaux à Noël. Je suis tellement heureuse d'être vivante. De voir chaque matin un nouveau jour, comme à l'aventure, se préparer. A lire les petits blogs des autres. Les livres de ceux qui publient. Je suis tellement bien dans un bain moussant. Je me sens tellement à l'aise, même si je sais que c'est mauvais pour la planète parce que Sophie me le dit souvent. Que les bains, ça gaspille l'eau. Mais je ne l'écoute pas, je l'écoute mais je fais comme je veux. Un jour, je ne ferai plus comme je voudrai. Ce jour-là ce sera bien. Ne soyons pas fataliste, c'est pas demain. Demain. Ou demain encore. J'aime me dire : bon sang, encore une nouvelle journée qui commence. Avec de la neige. Que de neige. C'est tombé. On parle du temps entre gens pour s'informer. C'est étrange, ils s'étonnent de la nature pour l'ignorer de l'autre côté, superbement même je dirais, qu'ils sont pervers ces gens quand même. Mais je suis heureuse là. Tout de suite. Très heureuse. Bruno n'a pas appelé. Il va fêter le jour de l'an avec ses potes, c'est Sophie qui me l'a dit, elle le tient de quelqu'un qui le connaît bien. Je suis heureuse. Ce dernier jour de l'année je serai heureuse. Je ne serai pas folichonne mais je vais être heureuse. J'ai décidé. Je sens en moi, malgré tout ce poids de ténèbres ce truc, cette chose qui aurait fait de moi une vraie fleur épanouie et pas avachie, dans l'âme. Je raconte des conneries, retenez surtout ça. De toute façon, peu l'avouent moi je l'avoue, et j'avoue aussi quelles conneries vous pouvez dire. En un an ici, je pourrais les compter sur les cinq doigts de milliers de mains. Des conneries. Sophie est toute contente, elle croit en l'avenir, elle attend de voir l'avenir comme un cadeau, comme une réponse à une question qu'elle se posait petite : pourquoi la vie sur terre ? Cette question, moi on me l'a posée, à moi qui ne connaissait rien de Dieu, ni même du Diable, dans un Beau Chemin de Croix qui n'a pas arrêté de me hanter cette année dans le blog et qui va continuer je préfère vous prévenir, comme ça vous n'irez pas faire les beaux en me disant que je raconte toujours la même chose, bien sûr on sait à quel point vous êtes des êtres de vie et de lumière et que vous pissez l'originalité par la bouche quand ce n'est pas par les yeux. Bref, des conneries que vous dites, tout le temps, partout, au téléphone, à votre travail. Bref. Elle est confiante. Elle est très confiante en l'avenir. Je me demande comment elle fait. Moi, un tsunami, un tremblement de terre et hop, je plonge, je revois mon oncle, moi à genoux, je vois il est en haut, sa tête et sa queue en impression dans ma vision, dans mon champ de vision. Aller dans les champs, les champs de blé, et puis les vignes, car il possède des vignes, et elles font encore du bon raisin, qui fait du bon vin. Ceci n'est pas son sang. Ceci n'est pas son corps. Des conneries tout ça. Ma vie a été un empilement d'erreurs et d'abus en tous genre, je m'en rends bien compte, je le dis, je l'avoue. Moi je l'avoue. Laissez tomber, je raconte des conneries. Si seulement j'étais la seule. Des fois je prie pour être la seule, porter tout sur mes épaules je voudrais bien mais c'est impossible, on veut pas. Que je sois seule. Que je sois seule pour disparaître. Je suis heureuse que lorsque je vois les choses disparaître. Ne cherchez pas, il n'y a aucune explication. Taisez-vous, ne pensez rien, pour les deux-trois au fond qui essaient de réflechir à ce que je dis, taisez-vous, venez, embrassez-moi. Je vous l'autorise. Sur la joue. Et je serai encore plus heureuse. Sophie le fait le matin et bien elle n'imagine pas comment ça...à quel point ça me fait du bien. Le ciel pourrait me tomber sur la tête. Je vous dis, je devrais être lesbienne. Mais non. Ne cherchez pas, il faut avouer. Que c'est le dernier jour de l'année. Qu'est-ce que je peux vous souhaiter ? Rien du tout, continuer sur vos lancées, vous êtes parfaits. Bien sûr. Moi aussi d'ailleurs, ça ne gêne personne, ça ne gênera personne, bon je devrais fermer ma gueule c'est vrai, de temps en temps mais ça va, de toute façon on ne me prend pas au sérieux comme je l'évoquais avant. Je ne suis pas en train de m'en plaindre. Je constate froidement. Sophie voit un avenir quand moi je vois dans l'avenir que des mauvaises choses, elle voit du soleil, pour elle. Moi je n'arrive pas à me projeter, je trouve ça con de se projeter, on dirait qu'on l'impose pour nous occuper l'esprit, je n'aime pas qu'on vienne me dicter ma conduite ou mes pensées, c'est atroce, ce n'est plus la liberté. Même dans le corps. Je suis malheureuse lorsque je vois les choses disparaître. Pas vraiment mais presque. Laissez tomber, vous raconter des idioties. Elle m'emmène chez des gens, j'espère qu'ils ne sont pas végétariens, on se croirait chez des Témoins de Jéhovah bouddhistes, c'est affreux. J'exagère. Je ne me souviens plus de ce que je faisais il y a an. Mais je me souviens de ma période où ça n'allait pas du tout, pas du tout. Là, plus aucun souvenir de l'année dernière, j'étais avec Jean non ? Je crois. Sinon Filipe m'a téléphoné, il m'a dit dans un grand rire qu'il était très soulagé que Mike n'insiste pas, parce que mine de rien Mike rigolait bien, dans son coin, de la situation, quelque part, mais ce n'est pas très important, Filipe ne voudrait pas qu'ils se croient tous identiques, ça serait atroce. En plus, ça s'entendait qu'il essayait de prendre une voix sensuelle, ce qui est ridicule, parce que justement, ça s'entend. Ils n'arrivent pas à être eux-mêmes ? Je connais le problème. Je marchais dans la neige, avec ma capuche, mon écharpe, et j'avais chaud. Très chaud. J'ai vu un homme, près d'une voiture abandonnée. Dans une sorte de vieille mare boueuse. Des chaînes se trouvaient dans la voiture. Je marchais dans la neige en direction de la Salle des Fêtes, le Maire avait quelque chose à me dire, enfin à tous les habitants de cette charmante cité déclinante qui un jour, je l'espère de tout coeur, disparaîtra. Dans un pet de Démon ou dans la Main de Dieu, peu importe. J'ai besoin d'amour, c'est encore à cause de Dieu, si on reprend cette théorie. Les étoiles brillent ? L'homme est quelqu'un que je connais, qui n'a rien à voir avec moi. Mais vraiment, vraiment, on est pas les mêmes, vraiment, un peu comme Filipe et l'autre-là, ils sont vraiment, vraiment, vraiment pas pareils. Vraiment. Mais vraiment. J'insiste plus. Dans la voiture, dans le coffre, il y a un cadavre. Celui d'un enfant, pourri. C'était un meurtre, je le savais, par intuition mais c'était comme ça. L'homme a refermé. Il avait des chaînes. Je suis entrée avec Sophie, on s'est mise au fond. Pour toucher le fond (j'ai fait pire que ça), on était venue...pour marcher dans la neige et manger du gâteau. Ils en donnent, les gens du Conseil. Donc voilà. C'était drôle, je retenais mes rires, parce que c'était tellement dérisoire. Tout est tellement dérisoire. J'étais bien. J'étais avec Sophie. On a jamais été aussi proches qu'aujourd'hui, paradoxalement, jamais autant éloignées. L'une de l'autre, c'est étrange. Les étoiles, les constellations...et marcher un peu dans la neige. Ce besoin de contact avec la nature, pour le dernier jour de l'année. Demain, donc demain on fera pareil, aujourd'hui on fera pareil. Marcher dans la neige. Avec Elle. Il y avait une rue pas loin de la voiture abandonnée, un cadavre pourrissant dans le coffre. Pas loin. Des boutiques. Je voyais bien, de loin. On est rentrée, on avait froid, elle a fait chauffer de la soupe. Au micro-ondes. Je me suis baissée pour regarder les bulles de soupe au poireau. Et toi qu'est-ce que tu manges, Angéline ? Rien ? Je n'avais pas faim, juste une tranche de saumon, un reste et un verre de vin pour ma gorge. Qui me fait souffrir. Faudrait faire des gargarismes avec le sang du Christ. Et tout recracher, d'un coup. Comme ça. Elle trempait des morceaux de pain délicatement, la madame qui avait un nouvel amant, de son nouvel amant elle toisait son précédent, et moi-même, elle donnait quelque chose, un message, du style : voilà, je me débrouille sans vous tous. C'était l'impression qu'elle donnait : l'envie d'une nouvelle vie, avec de nouvelles têtes. Je l'ai toujours moi cette envie, d'avoir une nouvelle vie, avec de nouvelles têtes, mais à chaque fois cette envie revient, c'est presque pareil chez les tueurs en série, sauf que moi je ne suis pas une meurtrière en série, il faut remettre le mouton dans son contexte quand même c'est important. Tout recracher, tout d'un coup. Je l'observe. Je t'observe, Sophie, tendrement, mais je te vois proche et lointaine. On parle beaucoup, on rit, on se dit des conneries. Bien sûr. Tu es très différente de moi, mais moi je me reconnaissais en toi. Je me reconnais encore, c'est pas rien ça quand même. Cela veut dire quelque chose. L'amour ? Ton mec ? Là ? Le nouveau ? C'est quoi sa gueule ? Qu'est-ce qu'elle a sa gueule ? Sa putain de gueule ? Tu lui diras : et mon prénom, mon putain de prénom, tu sais ce qu'il veut dire ? Que je viens du ciel, du trou du cul du Ciel, d'un pet de Démon ou de la Main de Dieu la différence est importante ne t'en déplaise, l'angeline, arrête d'être rock n'roll dans ta vie, comme me le dit Sophie et d'autres, beaucoup d'hypocrites, jaloux de ne pas avoir été sodomisés ou niqués de force comme moi j'ai eu la chance, on dirait, pour pouvoir l'écrire ensuite, comme c'est une chance la mort, comme c'est une chance de la donner, et d'en échapper soi-même. Jusqu'à ce jour, la chance tourne, aussi, il ne faut pas l'oublier. C'est le dernier jour de l'année, et je trouve que cette année a été horrible, pourtant je ne le pense pas, ça. Ce n'est pas ça. J'essaie d'être claire, sereine. Sereine quand je parle. Pour tonton Christie, il étranglait pas les femmes ? Non ? Cela veut dire quelque chose. Je suis encore vivante, le dernier jour de l'année. Vous savez qu'il ne faut pas se fier aux calendriers ? Vous le saviez que l'horloge était faussée, qu'on devrait être déjà en 2011 il paraît. Je sais pas, j'invente-là mais qu'on devrait être...Laissez tomber. Ce n'est pas grave. Un vieux guignol en costard jaune joue de l'orgue pourri, une petite chansonnette d'ambiance, partout ça viole là, en ce moment, des pères avec leur fille, des pères avec leur fils, leur femme, leur soeur, leur tante, leur mère, des inconnus contre des inconnus, donc, un tsunami, un meurtre comme Elodie en 2002 qui arrive à appeler la police dans le coffre de la voiture des ravisseurs avec son portable et qui finit violée et brûlée dans un...Champ. Et hop, moi je retombe. J'ai l'impression que tonton Christie me saute à la gorge, une nouvelle fois. Pourtant, les différents types de violence...Les raccourcis...Aussi, utilisés. Sont nombreux. Je sais pas, j'invente mais je ne sais pas le faire, ça se verrait alors autant dire la vérité et puis en plus c'est un travail des plus nobles. Si Dieu un jour le remarque. Ou quelqu'un, qui viendrait avec ses Mains, me prendre et me dire : je t'arrache à toi-même, parce que tu le mérites vraiment. Mais je n'attends pas de l'amour qu'il soigne, l'amour n'est pas fait pour ça, il peut mais non. Sur mon chagrin, mon chagrin a fait un trou dans le coeur, c'est physique, c'est comme ça, on ne peut pas recoudre, ça ne peut pas se refermer et je vous emmerde d'ailleurs, quelque part, vous êtes fautifs. Vous attisez la douleur des Anges et des Démons, c'est vraiment vraiment vraiment une honte d'être humain de nos jours je trouve. Je suis témoin de ça, moi, de la honte qui pèse sur vous, sans que ça vous embête. Je suis trop compliquée. Les idôles moi c'est trop petit, arrêter de penser étriqués, arrêtons de voir les choses en petit, surtout lorsqu'on touche à l'univers, du doigt, pour l'empêcher d'éternuer. Tu vois. Donc voilà. Demain c'est le dernier jour de l'année, je suis encore vivante, dommage ça ne va pas durer, et je crois que je vais continuer. A regarder Sophie se rapprocher et s'éloigner. En ce moment, c'est mon sujet, pour ceux qui se demandent, les deux-trois au fond qui ne suivent pas. Qui ne suivent plus. Vous n'avez jamais rien vu. Que ce soit un pet de Diable ou un rôt de Dieu, peu importe. L'important, c'est qu'il faut aller danser sur la piste, ma belle, avec moi. Tu sais, on va allumer les garçons, qui ont des visages de démons, lorsque vous baisez, vous vous rendez compte que la jouissance donne à vos visages des impressions grimaçantes atroces ? On va danser, pour oublier le cadavre.

Tu sais, celui de l'enfant. Dans le coffre de la voiture abandonnée.

De mon rêve.

abaddon

Un changement soudain de raison.

ANGELINE

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Commentaires
S
Mais oui tu toises . Avec beaucoup d'exactitude même .
A
Je toise jamais personne moi.<br /> <br /> Sinon je suis très impressionnée par les débats de Francis sur la vérité fardée et la fiction.<br /> <br /> Pas de doutes, c'est du haut niveau.
F
...mais ce post me paraît plus " cool " certes toujours aussi juste et lucide sur la vie,les gens et tout et tout mais j 'y vois un sourire en coin...Allez,à l 'année prochaine si tout va bien !La fiction n'est - elle pas tout simplement la vérité que l 'on farde,allez,vous avez toute la nouvelle année pour y songer
S
Si j'avais eu ton âge j'aurais fouillé la terre pour te trouver . Et puis je serais venue t-attendre sur le trottoir en face de chez toi . Tu m'aurais peut-être toisée comme ta copine toise, du haut de son nouvel amant . Elle est drôle cette phrase . Bonne année très vite Angéline même s'il n'y a pas un mot à penser de cette phrase . Ce qui est sûr c'est que tu écris de mieux en mieux .
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