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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
4 octobre 2005

La Reine de la Baise

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SANS SURPRISES

Dans la voiture, avec les mouchoirs. Je tiens à le signaler. Ce n'est pas du porno, cela étant, la fille, elle est entrée dans la voiture du mec, d'accord. La veille, sa mère avait été admise à l'hôpital pour troubles cardiaques graves. Lorsqu'elle ouvrait la bouche, c'était pour déblatérer comme une fontaine. Un peu comme Angéline évidemment. On n'y comprenait rien. Ou comme Linda Blair dans L'Exorciste. Elle a rencontré ce mec une semaine avant les événements du muscle cardiaque. Elle pensait détenir la vérité : sa mère devait crever, elle s'en foutait. Emilie se lascère les bras, ça existe aussi, ce genre de personnes-là. Dans la voiture, ce n'est pas très pratique. Heureusement, elle a pu s'essuyer avec un mouchoir. Avec le mec, ils se faisaient des coupures, profondes, heureusement qu'ils avaient des mouchoirs, ils épongeaient le sang lorsque celui-ci coulait un peu trop. Ils n'ont même pas couché ensemble, je n'ai pas compris pourquoi. Son père l'a envoyé en service psychiatrique pour deux raisons : elle se coupe. Elle se drogue. Elle a hurlé. Elle a voulu se battre avec nous. Elle a craché dans la gueule de Nicolas, l'infirmier que je déteste et je dois dire que j'ai ressenti un tressaut dans mon coeur, un tressaut de bonheur total. Total. Et je l'ai vu continuer de ceinturer la jeune femme en ayant cette espèce de morve jaune qui dégoulinait et élastique gesticulait. Sur sa face. C'était un spectacle torride. Le petit égo, la petite image lisse du petit Nicolas, qui n'est pas un homme Grand, celui-là, en prenait un coup sacré. Ils n'ont même pas couché ensemble. Je n'ai pas compris pourquoi. Moi j'ai couché avec lui. Dans la voiture, à dix-neuf ans. Dans la voiture, ce n'est pas très pratique. Heureusement, j'avais des capotes, du gel. Du gel ? Oui pour faire quoi ? Dans le cul ? Vraiment ? Ils aiment ça, pas tous, tous ne le demandent pas. Ce n'est pas une nouvelle. Ils se vengent sur l'image de la mère ? Je ne vais pas faire le parallèle stupide et daté de la maman et de la putain. C'est dépassé. Passons aux choses nouvelles.

Elle a perdu un bras suite à l'attentat kamikaze en Irak. En quelle année ? En 2004 tu dis ? Et elle avait quel âge ? Juste quinze ans.

On pompe mais on n'aime pas ça. On pleure après, aujourd'hui ouf c'est fini. C'est fini tout ça. Même si on voudrait recommencer. Je comprends tout à fait les mères qui se prostituent pour donner à manger à leurs gosses. J'en ai connues plein. Je ne vous parle pas d'images, ni de métaphores, je vous parle réalité. Celle que j'ai vue, celle que j'ai respirée, celle que j'ai pu...dont j'ai pu avoir peur. La terreur. Et que j'ai touché du doigt, passons aux choses nouvelles.

Elle est tombée enceinte mais elle a été poignardée au septième mois. A Moulins-Vichy, beaucoup d'incestes, dans les tribunaux. Des pères qui touchaient leurs filles, on recommence à dire, parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Recommencer je veux dire. Pas dire je veux dire.

Ou une affaire entre le père, qui jouait avec sa gamine de onze ans, et puis il mettait un couteau, il avait ce fantasme étrange de la pénétrer tout en l'excisant.

La vraie terreur que le sang coule.

Leurs queues sont effrayantes la première fois. La première fois qu'on en voit une, ce n'est pas très sexy, une queue. Après on apprend qu'ils trouvent leurs bites très sexy. Mignon comme tout. La première fois avec un homme, avec Jérôme. Leur queue, tous n'aiment pas la sodomie. Tous n'aiment pas enculer. Tous n'aiment pas se faire sucer. Bang bang bang bang. Cela ne veut pas dire Partouze en Argot ?

Recommencer, je veux dire, il faut bien que quelqu'un le fasse. Evidemment, je suis dans une haine grave. Une aine. Merci, je le note quelque part.

Et dans le jeu car sa vie était une sorte de jeu : conseils d'administrations, téléphoner à Madame, lui dire qu'il y a une réunion tardive, mais à la place aller voir la belle Gabrielle, pseudonyme de prostituée, de la fille Angéline, c'est son prénom. Hélas. De la vraie personne et de son personnage. De l'auteur et de son narrateur. De l'histoire dans laquelle évolue la personnage.

Des techniques pour donner à l'homme le maximum de sensations.

Faire que les coeurs des amants battent la chamade à l'unisson.

Gabrielle était la meilleure des salopes. Elle faisait tout, elle était une bonne salope. Dominique, batteur de Fryzengeist avait parlé à Roland, accordéoniste, à table devant moi, et ils avaient parlé d'une fille qui était malade, dans une voiture, à l'extérieur, car toutes les voitures se trouvent dans les extérieurs et il avait dit : je suis sorti avec elle, elle fait tout. C'est une bonne. Il n'a pas dit qu'elle était bonne, ma mémoire me joue des tours, mais il a dit, j'en mettrais ma main à couper (pour faire la nique à Mohammed fils d'Allah) : elle fait tout.

Elle fait des crêpes, des confitures, et elle s'occupe des chèvres dans la montagne? C'est ça que ça veut dire ?

Cela m'affligerait, comme c'est écrit dans la bible, le mot affligé, de Jérusalem, d'être une brebis qui Prout.

Broute.

Emilie pleurait en hurlant comme une folle, attachée, et moi j'étais derrière l'infirmière surveillante, et les mecs dehors se regardaient, se disaient que pour une nenette elle avait de la force Emilie. Le désespoir ou la bêtise ont de la force, et dans leurs formes les plus débiles, ils font des adeptes chez les hommes politique.

Les hommes politiques baisent des putes, je peux vous le certifier, pour parler réalité.

Ensuite ils font comme si non. Leur femme font des mises en plis. Et comme si ça ne suffisait pas : ils sont sortis de...

La bouche de Jupiter.

La vraie terreur c'est que le sang coule.

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J'ai appris l'existence d'un endroit pas loin de chez moi, bien sûr privé où on organise, au milieu des vaches de la campagne, des partouzes bisexuelles, et où on aide des malades du Sida à mourir. On propose des massages. Deux mecs, deux homosexuels. Un couple ?

Les mecs font de la country dans une boîte. Ils dansent, chapeau bas. Un grand sec, avec un chapeau de cow-boy, efféminé et son compagnon, un mec normal, mais aussi grand, au regard de démon, qui avait planté ses yeux dans les miens, en me serrant la main. J'avais été traumatisée par son regard toute la soirée, d'autant plus qu'ils ont pris une photo de moi en me prenant au dépourvu. Vous croyez au vaudou ?

Ils aiment qu'on laisse le prépuce. Et qu'on suce avec le prépuce, et hop, sans prévenir, comme dirait Catherine Millet, cette bulle de peau, on la rétracte, et suce à vif, le gland à vif. Et là, ils sont vachement surpris, même s'ils s'y attendent : c'est choisir son moment qui les surprend.

Que vos joues se plissent, que vos rires lassent, que vos bonheurs sont fades, que votre poésie est bien ancienne.

Dans l'âme, j'étais suspendue. Et jadis j'étais attendue.

J'ai décidé pour remplir ma vie, ce mois d'octobre, de ne penser qu'à l'hôpital. Exclusivement. Les amis ? On va moins les voir. La famille ? Sans commentaires. Les autres : on va les enculer un par un. Celui qui s'approche, je l'encule. Ou alors je vais brosser un tableau de moi tellement crade qu'il va le croire, je sais persuader les gens, c'est pour ça que je suis un écrivain et meilleur que ceux qui se croient écrivains : parce que ça marche, vous vous dites : c'est une pute crade.

La vraie terreur de l'abandon ?

Mais comme une lune qui s'alignerait avec le soleil. Adolescente, après la première agression, je rêvais souvent d'éclipses, je voyais des gens qui mettaient des lunettes et moi je regardais l'éclipse volontairement sans lunettes. Je notais mes rêves parce que je ne savais pas quoi faire d'autre face à mon désarroi. Dans mes rêves je n'avais pas peur de regarder les éclipses et votre Dieu en face.

La tête du gamin a explosé, la mère a été aspergée de matières grises et de sang. C'était comme des machins gluants qu'on vend pour les gosses, des pâtes comme ça. Le gamin était très jeune. L'Irak c'est la débandade total (Christophe, un infirmier qui a vu ces photos sur le net chez lui et qui nous les raconte).

C'était comme avoir très froid dans le ventre, avec un point de côté, c'était très douloureux.

Denis m'a retéléphoné ce soir, mais j'ai vite abrégé, je ne voudrais pas qu'il se fasse maître des illusions.

Les seins à l'air, vous voyez la vie (lapsus bizarre, la fille) qui se fait prendre par deux mecs en même temps, dans l'anus. Là, vous reculez, vous êtes surprise. Et le mec sort, celui qui est au-dessus avec sa grosse queue et il vous prend par le bras : tu te barres ? Là vous pétez un cable, putain ils nous avaient reçus avec THE BEAUTIFUL PEOPLE de Marilyn Manson, et de la Cocaïne sur la table basse, sniffée avec des stylos bic oranges, vous savez, et ce fut une occasion de plus d'essayer pour Gabrielle d'introduire en elle, un peu plus d'amertume. Sinon tout le monde devrait essayer au moins une fois, pour être sûr. Eve a bien essayé, elle. Elle a regretté aussi après. C'est écrit.

Et la fille avait accepté, ils baisaient sous cocaïne, moi je ne voulais pas entendre parler de double-pénétration anale, je trouvais ça grotesque, déjà que... Mais les gars,excités par la drogue et le sexe et l'alcool, de jeunes bourgeois parisiens, tête de chiens, parigos, têtes de veaux, comme je disais petite avec mes copines, enfin, je suivais le chemin de la lumière (la communauté de l'anneau), l'ensemble, l'orchestre fait de bombes ici, d'argent là-bas, et ça continue de faire un de ces bruits dans la maison, cet orchestre.

Mais le gars, excité par la drogue et le sexe et l'alcool m'avait rattrapé par l'avant-bras. Je hurlais. C'était mieux que dans un film de Lynch. Il me giflait. Et je hurlais, mes seins à l'air valdinguaient partout. Dans tous les sens. Et il m'a poussée sur le canapé, il m'a baisée là, je me suis laissée faire, mais pas dans l'anus. J'ai eu très peur. Très peur. Je m'accrochais au canapé gris. Qui était...Qui devait être cher.

Ils aiment le luxe.

Et les objets.

Et ils se disent assez tricards, partouzeurs, queutards, chauds de la bite.

Les enfants hurlaient aussi, dans la nuit.

La vraie terreur c'est quand on voit que le sang coule.

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Le père avait mis sa queue dans les fesses de son fils de six ans. Il a dit au juge : j'étais mal dans ma peau. Le procureur lui a fait la leçon de morale de la société. Débile. Le mec avait l'air mal. J'étais contente que tout ça se passe comme ça. Vraiment.

Soulagée peut-être.

Et donc en me laissant faire, il s'est calmé, il a joui en moi et je me suis cassée sans même demander mon fric. Des photos de Sharon Tate morte trainaient un peu partout, j'avais peur qu'ils me fassent la même chose qu'à elle, ce qu'on lui avait fait.

Dans la rue je pleurais. A la terrasse j'ai demandé un café en pleurs, je fumais en pleurs, et j'ai demandé donc un café hors de prix, et le serveur gentil n'a pas demandé si j'avais un problème, il m'a offert une assiette de délicieux petits biscuits, "offerts par la maison".

Et c'est très con mais ces biscuits m'ont bien réconforté, je peux vous l'assurer.

Emilie pleurait, avec le traitement pour cheval qu'on lui avait mis dans les veines, elle aurait dû dormir, mais calmement, sanglée, elle pleurait. Exprès, elle s'était pissée dessus, pour qu'on la détache. Mais un responsable je ne sais plus, un enculé certainement, ou une salope avait dit de la laisser mouillée quelques temps. Elle avait craché, des coups qu'elle avait porté au hasard avaient touché le but.

Après les accidents, ils apprennent à remarcher.

La question de la sexualité est oubliée.

Ils rentrent. Ils allument leur télévision. Ils mangent du Riz au lait.

Ils ne veulent pas d'un ancien tueur d'enfant dans leur quartier. Vous comprenez, avait dit la dame, notre quartier est calme, tranquille. Moi je trouve déjà qu'il y a ce bruit assourdissant, c'est la honte peut-être, qui doit peser lourd. Mais taisons-nous, nous faisons trop de bruits.

Que quelqu'un m'aime, et aime ce que j'écris, en même temps, ça serait bien.

Si seulement des enfants pouvaient lire ceci : j'avais sucé et j'avais eu peur (pour la bonne morale). Et j'avais compris pourquoi. J'ai voulu lui téléphoner. Mais il était occupé.

Le sperme, il était trop liquide et moi j'aime quand c'est bien épais.

Si seulement les enfants des morts pouvaient apprendre.

Ils cuisinent. Ils sont pressés. Ils ont pensé qu'une bonne partie de jambes en l'air leur ferait pas de mal. Ils se sentent gais. Ils se sentent tristes à la fin de la journée. Ils regardent Thalassa. Ensuite, dans le lit, ils se branlent.

Ils ont cinquante ans. Ils sont mariés. Ils ont envie de voir en leur femme la jeune fille de vingt ans qu'elle était. Mais ils se sont lassés, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils aimaient la tromper.

Elles se sentent souvent flouée. Elles n'arrivent plus très bien à doser : materner l'homme qu'elles baisent, ou alors se mettre sur un plan d'égalité, l'amour c'est l'égalité, dans les différences. Les hommes ont un rôle, elles se disent. Elles sont Capricorne. Elles ne veulent que des Jupiteriens.

Jean-Marc m'a téléponé. Et il va bien. Ils vont bien, et ils se remettent des fausses-couches. Et ils vont voir une voyante. Elle leur a dit : ça ira mieux plus tard.

Ils pleurent en cachette. Ils sont fatigués. Ils ont peur de ne pas pouvoir subvenir au besoin de leur famille. Ils envisagent sérieusement le suicide.

Quand ils démarrent, ils oublient parfois de mettre leur ceinture.

Dans le métro, ils bandent.

A quinze ans, leur mère trouvait des taches de sperme dans les draps, ils s'en foutaient. C'était comme éjaculer sur l'avis de leur mère. Comme elle était naïve, aussi.

Comme elles sont naïves, elles ne comprennent pas, le petit bébé en elles, il a grandi, et il éjacule maintenant. Elles sont choquées, dégoûtées. Elles se sentent menacées par les érections de leur bébé qui a grandi. Il éjacule maintenant.

Le pouvoir effrayant des mères, lorsque le sang coule. Les pères ? Pas grand chose, on leur demande monts et merveilles : et ils éjaculent aussi. Ils pensent à leur assurance, ils se disent qu'ils vont changer. Contre tous les dangers de la vie. Dans la société. Ils regardent leur montre. Il est l'heure d'aller voir Gabrielle. Ou comme ils l'appellent parfois, dans un murmure, en train de l'enculer à fond, jusqu'à la putain de garde : la reine.

Elles trouvaient ça d'ailleurs des plus moches.

Elles avaient un passé difficile. Comme d'autres. Elles n'y arrivaient plus. Elles ont pris la décision : embrasser le Diable au lieu de le voir les narguer. Elles avaient quand même fichtrement peur. Mais ça va, leur physique était super, et en plus, Gabrielle, avait le physique d'une fille justement qu'on aurait pas dit qu'elle faisait la pute.

C'était un atout, avait dit ma maquerelle.

Elles sont fatiguées par la vie, à vingt ans déjà. Alors qu'à vingt ans on devrait préparer son avenir, on ne devrait pas avoir de vrai passé, on devrait être frais, à notre époque. Les vieux qui vous disent : à mon époque je travaillais sont des salauds et devraient y retourner à leur époque s'ils ne veulent pas comprendre. Que cette époque est terminée.

Et comme une main pour cacher le soleil, qui serait trop éblouissant. Une belle journée en perspective. Elles aimeraient bien retrouver un peu de tranquilité. Elles ont des familles, qui ne connaissaient rien d'elles. Rien. Jusqu'à ce qu'elles en parlent. Elles sont surprises : c'est tellement bien de parler de soi à la troisième personne. Et des autres. Elles ne savent pas vraiment ce que ça va donner au fil des mois. Le fait d'avoir dit. La chose que je voulais absolument cacher. Le paradoxe dans toute sa beauté, d'une personne, en l'occurence moi. Moi qui parle. C'est quand même éblouissant ce soleil, on met la main devant, elle est noire dans l'ombre. Mais le problème c'est que la vraie terreur c'est quand le sang coule.

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ANGELINE

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Commentaires
A
J'étais pas venue depuis très longtemps ou alors je n'avais pas fait l'effort de lire depuis très longtemps. C'est plutôt ça je pense. Je me demande comment tu peux écrire autant de choses aussi régulièrement. Je ne comprend pas toujours ce que tu dis mais tu ne le fais pas pour que ce soit compris n'est-ce-pas? Juste cracher des vérités de notre monde et de ton monde à ton propre visage. Ecrire. Crier. Je te souhaite de toujours trouver un salut ici. Porte toi... bien? oui bien, c'est ça.
M
Tout ce passe comme ça<br /> dans nos dédales,<br /> j'ai plein la bouche de fatras,<br /> et pourtant j'avale...
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