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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
19 avril 2005

Smokes

gastel_giovanni_02JE NE SAIS PAS POURQUOI mais je crois que tu attends trop de moi. Ou pas assez. Franck, tu sais, maintenant, tu as l'impression que je te rejette mais tu te rejettes très bien tout seul, tu n'as pas besoin de moi ou des intentions que tu me prêtes. Ou des non-intentions. ATTENTION. Tu vas finir par te mordre la queue petit serpent, ça va faire le cercle de la vie : le rapprochement n'est pas subtil mais personne n'a dit que la vie était d'une finesse rare. Je ne vois pas très bien le rapport : tu veux qu'on soit amis mais Franck, tu mets sur mes épaules tout un tas de choses qui me font peur, donc je fuis. Et pas volontairement en plus : j'étais vraiment occupée : je ne pouvais pas répondre à tes messages instantanés. Il faut que tu le comprennes. Je pense que tu es capable de le comprendre. On dirait presque que tu ferais un chantage aux émotions, en me disant que tu essaieras de te déshabituer de moi : sache qu'on ne se déshabitue pas de moi, on ne s'habitue jamais à Celle des Récits de la Maison des Morts. Car elle a des visions, des paroles, des pensées, en retard, prémonitoires, elle sait se fondre dans les pores de vos peaux mortes, etc. Non je plaisante. En fait, Franck, tu m'as l'air assez malheureux et moi j'ai un faible pour les gens malheureux. Enfin, ça dépend comment ils le vivent, tous ne sont pas craquants. Il y a eu fête. Donc peu à peu je reprends mes esprits, j'ai l'impression d'avoir reçu un coup de poing dans l'estomac, avec la réapparition de Denis. Et je ne sais pas pourquoi, j'ai peur. J'ai très peur car on s'est parlé au téléphone et que sa voix m'a donnée envie d'être triste à en mourir. Je vois d'ici mes ennemis qui diraient : putain qu'elle se pende enfin. Mais non. Je vais encore marcher un petit bout de temps et peut-être même que je serai encore là lorsque vous aurez disparu. Il m'a dit qu'il fumait toujours autant. Cette fois, je ne vais pas m'adresser à lui directement, ça fera moins journal intime. Et puis je vais essayer de ne pas mélanger Franck à tout ça. Il change tellement d'un jour à l'autre Franck que je ne sais pas comment m'y prendre avec lui. Quant à Denis, au téléphone, il m'a dit qu'il fumait. J'ai ressenti une espèce de tristesse délicieuse, chez moi c'est toujours contradictoire ce que je ressens, un peu comme les schizophrènes que je soigne dans la Maison Blanche. Et Denis, ta voix, ta voix n'a pas changé, rarement je l'avais eu au téléphone, mais là je me suis souvenue de toi, et je me suis souvenue de tout ce qu'il y avait de bon dans ta voix, dans ce que tu pouvais dire, dans ce que tu pensais, dans ta sensibilité d'homme de ville cachée. Et je me suis laissée bercer par ton émotion, par tes silences, et par notre small-talk. Bercée j'ai été. Comme un Bébé. Bébé, d'ailleurs c'était l'un de mes surnoms. Quel est ton nom ? Angéline. Mais ton surnom, Bébé. Et comme tu étais l'homme, tu aurais pu être mon mari-père, et moi l'immaculée conception des années quatre-vingt dix. Toujours est-il que j'ai frissonné, Denis, j'ai frissonné, et encore, devine, j'ai frissonné. Je me suis demandée pourquoi ça se passait comme ça. Normalement, vu les projets de l'année dernière : à l'heure actuelle je devrais être avec Jean et enceinte. Mais non. Jean est parti, il a eu des hommes, et là il a Frédéric. Et les Terres Rouges. Ils parlent de sexe à table, avec détails. Bref, comme ils sont homos, on les prend en pitié, on se dit : c'est normal, dans leur clan. Je comprends maintenant pourquoi on me traite de nazie. Denis, tu as eu des propos très touchant sur ce petit blog : "on sent que tu pourrais tenir une révolution". Oui, même peut-être plus que Paul Hemic, Olivier je ne sais pas. Une vraie révolution, avec dans mon camp des femmes bafouées, des pédés, des lesbiennes (non, beurk), des enfants qui auraient aimé être avortés. Par leurs mères. Des estropiés. Peu importe comment. Des survivants. Tu m'as avoué que tu avais fait plusieurs rêves où tu me retrouvais chez toi. Avant de tomber sur mon blog. Tu es sorti d'une relation ombrageuse, d'amourettes de cinéma, et tu ressembles à une star, mais tu es plus belle qu'elle. JEAN SE FAIT SODOMISER. Comme une chienne, il faut le dire, on plaisante, on rigole, mais c'est ce qui se passe dans la réalité et la réalité c'est tout sauf drôle. C'est jamais drôle. JAMAIS.

newton5ET PRIER NE TE SERVIRA QU'A MENDIER tes sentiments, tes émotions, car c'est lorsque tu mouilles que se trouve la clé de l'avenir. Tu mouilles ? C'est l'expression qu'ils aiment, la question qu'ils posent sans avoir peur d'avoir honte, certains n'ont jamais honte de parler devant une femme. Tu mouilles, juste pour parler de leur désir, à eux, simpliste car gonflé à bloc, le sexe mou se durcit, les choses de l'amour meurtries, les choses du pouvoir obscurissent, ton pouvoir c'est juste de mouiller et moi dans la voiture je vais te mettre un doigt, comme je suis un homme social et comme je gagne beaucoup d'argent, comme je suis moche et que j'ai un trou dans la chaussette dans un magazine français connu, comme je suis un homme mondial je vais te mettre un doigt dans ta saloperie de chatte, au fond elle me fait peur, c'est mouillé, ça mouille, avec le bruit du mouillé, de la chair et du bulbe lavé et délavé. A la salive. En détails. Cependant, cette peur, je la paye, en te payant, je te donne du fric pour que tu me donnes l'illusion d'un autre pouvoir : mon pouvoir principal c'est mon fric et toi je me fais croire que tu veux ma queue, bien tendu, crache dessus, agite ta langue sur le gland, je te tiens par les cheveux. Non pas pour le confort mais pour : le pouvoir. Je suis là, je t'humilie, je suis un homme notable et j'ai un trou dans ma chemise. Dans mon pantalon, je suis comme tout le monde, je roule en mercedes, je roule en BMW et j'aime bien le faire remarquer. Ma queue tendue rouge qui est toute fripée. Je n'aime pas beaucoup les saloperies de pédés. Je mets un doigt mais l'enlève aussitôt, je trouve ça sur mon doigt, un peu de mucus. Comme ça avec le pouce je vais pouvoir voyager du clitoris à l'anus. Et ensuite il faut que tu sois endurante, bien sûr, il faut que tu sois capable de jouir, je sais que je n'arrive jamais à te faire jouir, je ne fais jouir que mon égo, je sais, celui de ma viande, de ma chair, de mon sang, de tout ce qui me manque dedans. Et je t'en prie, ne fait pas la belle indifférente, mais si, Ange, tu fais la belle indifférente à mon fric, à mon cinéma, à la comédie divine que je me joue, à moi-même, chaque matin, dans mon attaché-caisse, dans mes papiers importants, dans mes réunions, dans ma femme qui ne me baise plus, on fait chambre à part. Et mes problèmes de couple, et mes envies d'en finir, malgré tout le pognon que je me fais, malgré tout ça, la maison, les gosses, je te baise avec ma queue celle qui a servi à éjaculer mes gosses à l'époque, et tu me suces ça, alors que tu as vingt ans et que mes gosses sont plus âgés que toi, moi pour les faire j'ai éjaculé avant que ton père ne t'éjacule dans ta mère, mais je devrais dire la mère. Tu devrais avoir honte de mener une vie comme ça, dans les boîtes branchées, Line, avec tes copines lesbiennes, le sens de la fête naze, ce mec dans les toilettes qui jouissait en se faisant sucer par deux autres mecs, tu as été surprise, il t'a demandé de participer : il était bi. Mais non, tu t'es retournée. Et en sortant de la voiture, tu as vomi du sang dans l'herbe, tu as vomi du sang mélangé à du...Je t'en prie, ne fais pas la belle indifférente, il s'agissait de ça.

Et comment tu appelles un avion qui passe au dessus de nos maisons un jour de soleil et de ciel bleu ? Denis, des fois, je le vivais comme ça. Je le vivais comme ça. Je vomissais comme toi. Et je voudrais te dire que oui, je suis d'accord pour te voir, je sais où tu habites, je sais qu'avec le train on peut faire des miracles, je sais tout ça. Je sais. Je sais plein de choses sauf que des fois je ne sais pas comment les exprimer. Ce sont des émotions et des sentiments évidents, des choses claires qui sont indéfinissables. Je pense que c'est proche de la foi, mais ça n'a rien à voir avec les croyants, des morts. L'intérêt de tout ça, Denis, c'est qu'on devienne quoi ? Amis ? Amants ? Témoins ?

Et mon père m'a demandé si j'allais bien, avec inquiétude : il sait toujours, je ne comprends pas comment il fait. Ma mère disait : ah bon, tu trouves qu'elle est préoccupée ta fille ? Elle ne voit jamais rien, je crois que ses yeux de mère ne lui servent à rien. Il y a des mères comme ça, qui ne sont pas faites pour ça. Mais être mère aveugle, c'est mieux qu'être mère poule, je suppose.

Les cigarettes dans le cendrier. Froides et le tabac froid reste dans les rideaux. La révolution personne ne veut vraiment la faire : même les révolutionnaires, ils semblent bien fatigués, bien crevés, bien foutus. Personne ne veut la faire avec moi. Personne.

Mais Jean, je me demande souvent quel gel tu utilises quand tu te fais enculer (c'est ton mot préféré, celui-là) par Frédéric. Tu utilises un gel déjà c'est mieux que certains types de vaselines. Try est très efficace. Je l'utilisais souvent dans mon métier d'avant, celui-là. Donc Denis, je crois que je vais te dire : oui. Je vais venir. Quand je l'ignore, mais je vais venir te voir. Qu'on se rappelle le bon vieux temps (je plaisante). Je t'embrasse, Yalda.

fontana_franco_01ANGELINE

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Commentaires
A
Tu dis me lire ailleurs et sous un autre pseudo ? Ca m'étonne, enfin c'est pas moi mais si tu as des indices un peu plus précis, ça m'intéresse :-)<br /> <br /> A+<br /> Archi
A
Coïncidence, je publie au même moment que toi un texte titré "Tabagisme érotique passif". Plus soft ;-)
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