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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
18 avril 2005

Only Women Bleed

c98

Donc tu me réponds maintenant. Est-ce vraiment nécessaire ? Si j'étais digne je n'écrirais pas sur toi. Il n'y avait pas de nous. Je ne le pense pas. J'étais non-moi. Je n'étais pas là, moi. Mon corps était là : attention, je ne sépare rien. Enfin si, mais c'est plus compliqué que ça. Dans l'esprit de quelqu'un. Tu penses peut-être que c'est plus compliqué pour moi, dans ma tête, mais elle va bien je te remercie. Je te remercie. Denis. Denis la malice. Il y a un film qui s'appelle comme ça, ce n'est pas un conte de fées pour adultes. Toujours au cinéma, on montre ce qui est dur et mauvais d'une manière drôle ou d'une noirceur glamour. Je crois que je t'ai aimé mais comme peut aimer une jeune femme de vingt ans : c'est-à-dire sans expérience de l'amour. Certains à cet âge trouvent la personne qui va comme un gant à leur coeur, pas moi. Je ne cherchais même pas. Et j'avais un métier. Non je plaisante, j'avais de l'argent à gagner, très vite, beaucoup. On m'a proposé ça, je l'ai fait. Aujourd'hui...Tu dis que tu ne roules plus sur l'or comme avant, qu'en fait si mais que tu n'as plus de grande maison, que tu ne veux plus. Que tu ne peux plus. Que ta femme, elle t'a quitté pour un mec plus vieux et plus moche. Qu'elle ne t'aimait pas. Que toi non plus d'ailleurs. Tu sais que tu venais Angéline la prostituée, tu savais. On ne va pas non plus jouer aux masques de Venise. Les masques de Venise sont terribles à porter, certains ne cachent pas la bouche, tu me reconnaitrais à ma bouche, à mes lèvres. Tu verrais ça à ça. Et je ne saurais pas comment faire : d'accord, on s'est parlé enfin par messages rapprochés, d'accord tu passes avant les autres, savoir ce que tu deviens, ce que tu es devenu, pour que j'aille ensuite l'écrire d'une manière...suave. Et je vais te dire : tu as l'air mieux aujourd'hui qu'à l'époque. Tu m'as dit : et si on faisait connaissance, pour la première fois ? C'est comme si nous n'avions pas couché ensemble à l'époque, cette époque a été arrachée de la bande du temps et jetée quelque part je ne sais pas où. Je ne veux pas...en fait si je veux. Je veux bien te connaître. Mieux. J'ai envie d'accord, je crève d'envie de te rencontrer même. Et la peur que tout ça remonte à la surface. Aujourd'hui ça stagne à la surface. Les merdes dans mes eaux pures.

Je vais te dire, ton numéro de téléphone Denis je vais réfléchir avant de l'utiliser. Je ne pense pas que je vais l'utiliser tout en sachant que je vais le faire : chieuse. Tout cela en étant consciente que cela me ferait rentrer dans des sphères plus ou moins glauques. En effet, en commençant ce blog je pensais pas à tout ça aujourd'hui, c'est-à-dire que toi, ancien client, tu me retrouverais. Grâce à ce que j'écris. J'aurais dû mettre un pseudo, c'est trop tard, je regrette. Maintenant, quant on commence par afficher la vérité, on ne tourne pas radicalement pas vers le mensonge, sinon on n'est plus crédible. Et je te soupçonnais souvent de me mentir à l'époque car tous me mentent, tous s'améliorent sauf les déprimés, ceux qui ne baisaient même pas, qui voulaient juste des caresses au pire une fellation et hop, après je te raconte mes problèmes avec ma wife, ma femme, je l'aime mais elle ne me satisfait plus au lit, ce genre de petites choses. Denis, tu vis dans un appartement luxueux, fini la grande propriété. Tu ne vas plus voir les prostituées tu m'as dit ce matin, cependant, je ne suis pas obligée de te croire. Tu aimes cet échange tu m'as dit : moi qui te réponds ici par écrit, à nos conversations par messages instantanés, mon pauvre tu n'es pas le premier (je suppose que là tu penses : je sais). Je sais que tu sais. Tu as les cheveux courts maintenant, ça te va bien. A l'époque aussi ça t'allait bien ces mèches qui retombaient et cette moustache qui me piquait (j'aime les hommes à moustache ce sont de meilleurs amants). Tu as rasé ta moustache. Qu'est-ce qu'elle est devenue ? Tu m'as envoyé plein de photos qui m'ont fait de l'effet. Je ne retrouve plus mes connections d'avant ton retour. Et j'ai l'impression que tu es quelque chose de...fantômatique. N'y vois pas d'irrespect mais je manque cruellement de recul sur cette semaine et je ne sais pas comment faire pour calmer mon coeur. Prendre une tisane ? Non. Chocolat ? Non. Sexe ? Nan. Etc. Je ne sais pas. Je me suis levée ce matin en pensant à toi, en me disant : c'est pas possible de l'avoir retrouvé. Alors que c'est toi qui m'a retrouvée. Et qui tout de suite, m'a frontalement mise devant tes attentes : amoureuses. Je ne devrais pas le dire ?

On ne peut pas jardiner lorsqu'il pleut comme ça. C'est dommage. Sophie est venue avec des croissants et des éclairs. Elle est repartie très vite, elle a bu son café très vite. Les gens viennent chez moi mais ils adorent allez très vite et se barrer très vite. Sophie, je lui ai parlé de toi, elle m'a dit : "alors-là sois prudente". J'ai téléphoné à Jean, je lui ai demandé ce qu'il en pensait : "alors-là, fais gaffe, t'emballe pas". Moi qui d'habitude sais quoi répondre avec ma grande langue, là, ben, je n'ai pas su quoi leur dire. A part : oui, tu crois ? Je m'enfonce, Denis, depuis que tu es revenu. Et en même temps dans ce malaise certain, il y a quelque chose qui s'apparente à de la joie. Je dois bien l'avouer car cela se sent, se ressent. De l'euphorie d'être vivante. De quelque chose qui me fait croire que...Cette fille qui a perdu son père, son père est mort et moi je me disais il est parti mais je suis vivante, je suis vraiment vivante. Et j'ai tant voulu mourir avant que c'est mieux d'être en vie pour pouvoir le croire aujourd'hui. Tu m'as dit que tu étais passé par des histoires assez difficiles, amoureuses, et qu'à ton divorce, ton ex-femme t'avait plumé. Que tu avais mis plusieurs années à revenir à quelque chose qui ressemblait à ton niveau de vie à l'époque qui était assez haut et qui m'impressionnait : attention ça ne me faisait pas envie. Mais je me demandais ce que ça faisait d'être à ta place, homme. Et je me demande toujours ce que ça fait d'être à ta place, en te voyant dans la webcam. Je branche la mienne maintenant, ce matin, et puis quand c'est fini je l'enlève. Tu as eu la preuve comme ça que c'était bien moi, celle qui te faisait ce que ta femme refusait. Et tu m'as trouvée plus jolie, moins angélique qu'à l'époque. Je me suis sentie bête.

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