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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
9 février 2005

Original Sinsuality

Je tenais le combiné en pleurant parce que Samuel Samuel Samuel...Soupirs. Je ne sais pas si je jouais la gamine. Mais...Soupirs soupirs soupirs. J'étais contente tout à l'heure. Je vais vous dire pourquoi plus tard. Je n'ai pas reçu de lettre de mon ex-mari aujourd'hui. J'espère qu'il entendra. Il n'a pas le net, ce sont ses amis, les rares qui le suivent encore à l'odeur et à la trace. Je tenais le combiné noir, qui chante quant il sonne, ça sonne ces engins. Je voulais l'appeler. Sam. J'ai parlé avec lui la nuit après Suicide Charleston Club. J'ai parlé. Moi. Qui n'étais rien, pas même une bonne putain. Une belle putain oui mais pas une bonne. On me l'a reproché une fois : tu es froide avec les clients. Les autres filles qui étaient-elles ? Dans leurs yeux il y avait de la salamandre (je me comprends), du cabaret et de la tristesse. De la tristesse des pianos du joli cabaret. C'était difficile pour toutes, mais l'argent en faisait monter certaines à des horizons certains, avec leur égo. Tu ne peux pas, tu ne peux pas, tu ne peux gagner la guerre avec ton égo. Tu ne le savais pas ? Il va falloir que tu l'avales. Mais non, on nous disait : n'avale surtout pas, recrache. Mais c'est bien de dire : Moi. Moi moi moi. J'ai parlé. Moi. Et quand je parle, tu t'écrases. Me disait mon ex-mari à l'époque. Je me souviens bien de mon mariage, tout coulait de source, les gens qui me rendaient mal à l'aise, j'avais toujours en tête de tomber comme ça par hasard sur un de mes anciens clients. Je venais d'avoir vingt et un an, ma famille pas d'accord et Edgar quarante-sept ou quarante-huit je ne sais plus. De ça je ne m'en souviens plus. Je ne devrais pas dire client mais je devrais dire : homme. Un des hommes. Que j'ai eu, qui m'a eue, qu'on a été eu. Soupirs soupirs du pire. Edgar m'a mis l'anneau devant le Maire. Pas de mariage à l'Eglise. Dans ma chapelle, nous sommes allés ensemble ensuite. Il me disait : je t'aime mon amour, je t'aime. Je t'aime. Il jouissait et en même temps sa bouche disait : je t'aime. Angéline. Je t'aime si fort. Il me le disait. Je sais que tu m'as aimée, mais tu as essayé de me tuer parce que tu n'arrives pas à te tuer toi-même. Tu voudrais en finir. Combien de fois j'ai été obligée de te réconforter, toi ivre, en pleurs, t'excusant des coups que je venais de recevoir ? Quand je pense que d'autres en ce moment-même vivent la même chose et même pire. Soupirs sourires mourir. Vous devriez faire comme moi, le quitter. Le Diable. Ce mariage était beau, ce divorce aussi. Je t'aimais, tu le savais. Angéline. Edgar. On allait si bien ensemble et tu ne voulais pas que les hommes m'approchent : ta jalousie était la boursouflure de ton égo, elle est toujours mauvaise mais moi j'aimais qu'elle existe, ça me faisait croire que tu savais m'aimer. Cependant, tu ne savais aimer que toi-même. Edgar. Et tout à l'heure je pleurais en tenant mon combiné, parce que des fois, j'ai besoin de pleurer. Lorsqu'on sort de l'hôpital, on est obligé parfois de pleurer. D'autres, des mecs, des infirmiers font du sport, du footing, des poids, ils baisent leur copine ou leur copain, ça les fait transpirer comme des boeufs. Et des beaufs. Qu'ils sont. D'ailleurs. Je tiens à le préciser. Denis est gentil avec moi depuis le jour où il a essayé de m'avoir. Dans sa chair je veux dire. Car j'ai oublié de vous dire ça : ils croient qu'on leur appartient une fois qu'ils ont fait en nous. Ils ont mis avec courage le foutre au fond de nous, au fond de moi, et donc je suis à eux. N'est-ce pas Edgar, n'est-ce pas Jean. Le sexe rentre facilement. Comparons les calibres. Amusons-nous un peu. Don't worry it's a joke. Je suis heureuse de tomber attachée pas encore amoureuse de Sam. Sam. Sam. Edgar ton sexe était une vieille banane pourrie détrempée, je sais pourquoi ça sentait le whisky dans les toilettes même après que tu aies tiré la chasse d'eau (encore une fois). Jean, ton sexe était épais et courbe. Et long mais bon. Pas trop. Tu vas être furieux car Marc m'a dit : il te relit maintenant. Et bien soit. Sois furieux, haineux, crémeux, tout ce que tu veux mais je te préviens, je dis tout ce que je veux et moi dans la vie ce que je veux s'appelle vérité. Donc ton sexe était courbe peut-être parce que tu es gay, ça doit tordre un pénis épais dans...Dans...Dans...J'étais heureuse parce que j'ai reçu : "tu es nulle, tu ne vaux rien, ton blog est merdique, tu pues intellectuellement et politiquement, tu n'es qu'intéressante que pour toi-même, tu devrais continuer de tout essayer, on verra à quel point tu peux être conne dans ton écriture et incohérente" JimmyShoot. Et aussi : "je voulais savoir si vous connaissiez le point d'origine de votre force, le point de bifurcation. (euh non...). Mais peut-être n'avez pas reçu ce mail-là (exact). Votre technique narrative est d'ordre supérieur (la multiplication progressive des moi, le carambolage des pensées de chacun ...) Sacha. Ou encore ce beau message comme je suis incapable d'écrire car je suis mauvaise je crois : "Ecrire conjure le vide. C'est la tentative d'un dialogue avec sa part la plus irréductible, sans doute la plus douloureuse (vrai). Il faut rajouter quelque chose au vivre, soit pour le parfaire soit pour le refaire pour lui donner sa dimension de silence (vrai sur la fin). De fièvre (vrai encore). (...) mais j'ai cru entendre une musique derrière les phrases lente et grave (là je suis incapable de dire) et j'entends vos mots (merci). Que demande un bipède humain lambda (mon dieu que ce mot est laid) ? D'être entendu. Que ses mots soient entendus, encore faut-il les mettre correctement, droits. Pas comme le pénis de Jean qui est courbe, ça se voit à l'oeil nu. C'est signé Franck Nicolas le dernier message et je venais juste de pleurer en pensant à Samuel et à rien car je n'ai finalement pas grand chose dans ma tête à part un grand rien, un grand vide, non je ne suis pas vide jamais mais bloquée, un grand blocage, voilà. C'est un grand blocage. Comme on dirait dans la Star Academy, il faut tout donner. Quoi on ne sait pas mais il faut tout donner. Alors je vais faire comme eux, je vais tout donner. Pour la vérité. Laquelle ? Celle de mon frère ou de mari ou de mon ex-mari ou du couple de pédés qui habite en face depuis quatre jours et même qu'un des deux a le crâne rasé et une barbe, tendance homo-bear et qu'il m'a dit bonjour en promenant son...labrador.

Le soir ils sont chauds ils sont excités : un mec en réseau, à deux ou à plusieurs. Le temps de Cyril mort du Sida après Romane la Bohème est dépassé. A l'époque le fist-fucking comment ça se passait ? Je veux dire concrètement ? Marc m'avoue alors l'avoir pratiqué une fois, il y a trois ans, dans sa période qu'il qualifie de dégénérescente et de dégénérée. Sur le net, un mec en web-cam qui se branle, qui astique sa belle bite brillante et épaise et longue (mais Jean droite) et qui regarde de temps à autre l'écran, qui s'excite comme ça. Ou alors fêter d'avoir emménagé devant chez Angéline. Qui de son écran d'ordinateur n'a qu'à tourner la tête pour voir de la fenêtre chez eux. Elle peut voir lorsqu'ils sont dans leur salon et qu'ils s'embrassent. C'est excitant. Devant un écran, dans les parking c'était le mieux mais des fois les mecs se font agresser par des racailles qui croient que les pédés sont friqués tous : ils ont regardé trop TF1. Un jour, un mec qui suçait Marc dans une voiture blanche, une vieille Peugeot 205 GTI blanche avec pare-choc tunning et tout le toutim a mis un cran d'arrêt sur ses couilles et l'a menacé s'il ne lui donnait pas d'argent. Le mec a pris ensuite Marc par la gorge. Marc s'est laissé faire. Finalement après cinq minutes, le mec sans raison il est parti, laissant Marc en pleurs dans la 205 GTI pare-choc de choc et sa bite débandée. Marc, quand tu me liras, je veux que tu sois assuré que si j'écris ça ce n'est pas par vengeance, tu sais qu'en écriture on dépasse les codes de la société surtout et voire même de la vraie vie : on écrit les voix des morts car s'il n'y avait pas Angéline pour le faire et pour le faire comme elle le fait, c'est-à-dire en pleurant avec un sourire barré et bien il n'y aurait personne. Angéline Fottorino manque cruellement de structure et son apparente originalité constitue son principal point faible. A force de déstruction, le lecteur se sent rejetté de ses textes déchirants mais toujours hermétiques quant il n'est tout simplement pas mis dehors et ce dès le début. Les plus courageux s'en vont. Les plus téméraires restes. Je vais l'appeler parce qu'on parle beaucoup avec Sam. C'est une période que je n'aime pas, quand deux corps qui s'attirent se charment. Pour voir si la chose de l'amour est compatible. Pour voir s'il va arriver à revenir dans ma chambre à coucher comme au début du mois dernier, à cette époque-là j'avais la haine et l'amère dans la bouche. L'amer aussi. La mer devant l'amour. Et je ne pensais qu'à moi-même, mon petit nombril comme on dit. Un peu comme vous certainement. Sinon je douchais Rose avec tendresse. Certains nous touchent plus que d'autres. Je suis faite pour aimer tout le monde. Phrase naïve mais empreinte de vérité. Et moi, moi, moi, je n'aime que ça. Surtout lorsqu'elle est enrobée de mensonges : ç'aurait été tellement bien qu'elle soit lisse et qu'elle soit à découvert, que ça n'existe pas les deux parties en moi qui me font pleurer. Avec dans la main le combiné noir comme les ténèbres. Qui font mal. Je ne sais pas ce qu'on va devenir Samuel. Je ne sais pas et ça fait peur. Je voudrais le dire. Je voudrais le dire même si c'est bête : j'ai très peur. Si ce n'est pas toi, qui c'est ? Je connais ton sexe, je me sacrifie pour l'écriture, je connais que ton pénis est beau, qu'il me plaît. D'habitude ils sont laids mais le tiens est beau. Je n'aime pas ceux qui ressemblent à des flèches. Je voudrais te dire que je ne sais plus ce que ça fait que de coucher avec ton corps : j'ai oublié. Volontairement ou non. J'ai oublié.

Angéline.

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Commentaires
C
Ce que tu dis sur la possessivité masculin m'intrigue. Pourquoi, à partir du moment où il nous baise, un mec pense que nous lui appartenons? Et parfois ils peuvent être chiants. "Dis moi qu'elle est à moi ta petite chatte" qu'il me force à lui dire.<br /> Je trouve ca plutôt bizarre et lourd. Mais comme une idiote je réponds "oui elle est à toi ma petite chatte."
M
tu aimerais cette phrase de Lacan sur le miroir et l'écriture, j'en suis sûr. Tendres pensées, m
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