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Les Récits de la Maison des Morts
Les Récits de la Maison des Morts
11 octobre 2005

Avaler les mers

gh1684

Je lui ai ouvert la porte et je l'ai vu. Il m'a fait un sourire. Je lui ai fait la bise. Juste avant j'étais en train de me dire que j'avais eu tort d'accepter. Cependant, je me dis souvent beaucoup de choses et j'en ai marre de faire fonctionner mon cerveau dans ces conditions. C'est trop. Beaucoup trop. Alors je lui ai dit : d'accord, viens. C'est d'accord, tu peux venir. En ce moment, de toute façon. Rien ne m'exalte. Lorsque je dis rien, c'est pour que vous traduisez : rien ni personne. Je suis souvent déçue, tôt ou tard je suis déçue, souvent j'attends et je suis déçue (et je déçois donc) et souvent je pars avant d'être déçue et je suis de toute façon déçue après. Mais j'étais plutôt contente de le voir. Lui. J'allais pouvoir en parler, face à face, avec quelqu'un, qui n'est pas occupé. Sophie étant occupée. Avec son Bruno (mais moi je me méfie de lui toujours). Je ne veux pas alourdir la fille. Sophie. Et puis ses conseils là-dessus, franchement, qu'aurait-elle à me dire pour soulager mon coeur, il est trop écrasé, depuis trop longtemps et c'est à moi de soulager les autres, c'est ma fonction dans la vie. Il m'a dit qu'il était content que je l'ai accepté. Il m'a dit que j'avais l'air en forme. Alors que ce n'était pas vrai. A cause de samedi. Dimanche il est venu, samedi je lui avais dit de venir, je ne l'ai pas écrit avant. Et donc il est venu. Il est revenu. Il est arrivé avec une nouvelle Passat noire, un gros machin prêté par son patron. A côté, ma voiture, mon C3 semblait même avoir peur. J'étais contente de le voir. Donc on allait pouvoir parler. C'est ce qu'on a fait, on a commencé. J'ai eu des pensées de haine toute la matinée de dimanche. Je lui disais : j'ai une sorte de haine en moi, qui avait disparu depuis longtemps, j'avais réussi à la chasser, tu sais, lorsque je me prostituais, c'était vrai, je l'utilisais, et je l'avais bien forte encore. Mais là ça revient. Sous-entendu quand je me prostituais et qu'il venait, dans la chambre, les appartements 512 si angoissants, si angoissants, car 5 + 2 - 1 ça fait 7, le chiffre de la Bête, plus un. Et c'était la haine. Je lui disais ça. On discutait. Je ne vous dis pas où on se trouvait. Il faut vous habituer à choisir dans les textes. Un peu comme de la littérature jeu-vidéo, sauf que vous vous dites qu'au final c'est moi qui tiens les manettes. Bande de juges. J'avais la haine contre tout. Contre tout. Absolument tout. Et surtout, en premier, contre moi-même. Je lui disais : j'étais au concert et j'ai ressenti une tristesse alors que Philippe disait quelque chose et que Linda lui avait fait un rire complice, il avait parlé de substances illicites, ils s'étaient compris. Ils se comprennent vite, à l'extérieur, en dehors de mon visage et de mes manières. Bref, et ce désespoir était facilement détectable, vous savez en vous, lorsque vous êtes triste pendant de nombreuses années, vous devez chercher ce qui a provoqué ça, bon moi je sais, vous je ne sais pas, si vous êtes au courant de votre mode d'emploi et ensuite, cette tristesse se réveille à cause de quelqu'un qui sonne à la porte, d'une poire coupée en deux, de la connaissance des choses qu'on perd. Et qu'on gagne, en échange, le savoir des faits passés. J'avais peur. Mon père m'avait laissé des messages désabusés sur mon répondeur : "Angéline c'est papa, j'espère que tu vas bien, je ne sais pas si tu as besoin d'être au calme mais tu peux quand même venir si tu veux, bisous". Ce père. J'ai même fait écouter le message, à cet homme qui a ouvert la porte. Et je lui ai dit : je l'ai dit à mes parents dans l'espoir que la situation évolue tu vois, mais non, en fait ça n'évolue pas. Je suis toujours une espèce de monstre. Il m'a répondu : mais tu viens de leur dire, un petit mois même pas, ce n'est pas un secret de famille aussi lourd à porter qui va se dénouer calmement comme ça. Il faut du temps. Il faut donner du temps et te donner du temps. D'ailleurs j'apprécie beaucoup le temps que tu me donnes là. Il m'a fait un sourire. Au début, lorsqu'il est entré, c'était un peu froid, surtout à cause de moi, j'étais un peu froide. Je ne suis pas considérée comme froide, au premier regard, mais d'introvertie (ce qui signifie que quelque chose cloche). Cependant, moi je sais pourquoi je le suis. Tous ne le savent pas. Ils le sont. Ont conscience de l'être mais stop. Le reste. J'essaie. Je lui ai dit, plus tard, que j'essayais, vous n'avez qu'à m'imaginer dans le canapé, ou alors dans la cuisine, ou alors dans un café, ou alors dimanche dans un parc, fleuri. Etc. Dans lequel j'étais déjà allée, me promener au bras d'un homme, était-ce le même ou un autre ? Je ne m'en souviens plus. J'ai un doute là.

Je crois que ce n'était pas Denis. Je lui avais dit : en ami. Tu viens mais en ami. Tu viens mais attention : tu dors dans la chambre à côté. Le soir, j'ai été obligée de pleurer et il était là. Il avait ses bras, il avait emmené ses larges épaules. J'avais pas oublié son corps mais en avait fait très rapidement mon deuil. A l'époque j'avais le sentiment qu'il voulait faire de moi une poupée, une image de société classique, ce n'est pas que je me sente rebelle ou ce que vous voulez (les rebelles n'existent pas), arrêtez d'imaginer des sottises bande de juges, c'est juste que c'était effrayant qu'un homme veuille m'habiller, me faire un enfant et me faire devenir mère de ses enfants, plus tard, d'un coup. L'amour était trop fort, et donc mal enclanché, en effet il s'acharnait sur mon cas contrairement aux autres qui me laissaient au bout d'un moment, conscient de ce que je demandais : indéfinissable pour eux. Mais lui, il était encore là. Depuis toutes ses années de silence, dans d'autres circonstances, il était là. Il était revenu par hasard en tombant sur ce blog et il a reconnu le petit style qu'il avait lu à l'époque après une baise bien payée. Je lui avais fait lire une fois, ce que j'écrivais. Il m'avait dit que c'était bien. J'avais entendu sa sincérité. Dans son "c'est bien ce que tu fais". Je m'étais sentie bien, et ce qu'il pensait de ce que j'écrivais, même un extrait, qu'il lisait, c'était plus important que recevoir sa semence sur mes seins, je venais de l'oublier. Donc voilà. Il a joué les protecteurs dimanche soir. J'ai mis Urgences (je suis depuis le début, même dans ma chambre de "travail" je regardais des fois après mon "travail") et il m'a dit qu'il était content de voir ça avec moi, que dimanche dernier il n'avait jamais imaginé possible son retour dans ma vie. D'une manière concrète car nous n'avions pas coupé notre rapport par téléphone. Une fois, il était venu lire et m'avait écrite une lettre en recopiant mon style, d'ailleurs me lire fait parfois du bien (si si) certains sont devenus plus vrais dans ce qu'ils écrivent, sont devenus moins bêtes et moins mous et moins mornes et moins faux, et ils devraient me dire merci, au lieu de me répondre des conneries. Bref, je ne doutais de rien. Absolument rien d'autant plus que dimanche soir j'étais à plat. A plat. Les batteries. Le cerveau. Je voulais écrire un texte sur le Beau Chemin de Croix, comme il est beau mais non, à plat. Alors platement, parler. Voire même, horreur suprême, raconter. Ceux qui parlent finissent par ennui, tôt ou tard, par tomber dans le racontage d'histoire, classique, pour détourner le truc, l'ensemble, le bloc. Et bien je vais m'efforcer de parler du début à la fin de ma vie mais je devrais dire de la vie. Cédric était aussi à un concert samedi soir. Dimanche soir moi je pleurais. Dans ses bras. Et finalement, il y a eu un baiser. Et tout d'un coup, une vague de plaisir brut a inondé mon être, c'était dans ma poitrine au niveau du plexus solaire, et c'était bon. Comment avais-je pu oublier le goût de sa bouche ? Ce n'est même pas lui qui a commencé, enfin si, mais il attendait de voir ma réaction, il n'allait pas contre mon désir, qu'on soit amis, juste, et finalement je l'ai embrassé (j'adore embrasser, alors que pute je n'embrassais rarement, seulement lui). J'aime sa bouche et son mâchoire. Son visage. Mais j'ai des difficultées pour ouvrir mes cuisses. Non je plaisante. Je l'ai embrassé. Et cette vague de plaisir brut, de bienfait je dirais m'a rendue bien mais triste, paradoxal (chiante disent les crétins là-bas au fond). Et j'ai essuyé mes larmes. On a parlé encore. Le soir, on est monté, après Urgences, Neela tombait amoureuse de Kovach, qui est affreux et qui se tape une nenette blonde idiote avec son gamin tête à claques, les producteurs de cette série voulait des visages plus jeunes, adieux Romano, Corday, tous les personnages qu'on aimait, de fils et de tissus, qui avançaient dans des décors d'hôpitaux : j'adore les acteurs.

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J'ai enlevé ses chaussettes. J'ai enlevé son pantalon. Je l'ai sucé tout de suite, j'adore un pénis qui commence à durcir et qui est encore mou, dans la bouche, on joue avec cette chose molle avec la langue, qui devienne vite, cette chose, dure. C'est très inapproprié, je trouve, de baiser une putain tout en ayant un pendentif représentant la Passion du Christ, des dizaines d'Hommes le faisaient pourtant et ça n'avait pas l'air de les gêner le moins du monde. C'est peut-être moi qui vois la petite bête. A chatouiller. Le poil à gratter. C'est peut-être moi. Je ne sais pas. Toujours est-il qu'il l'avait, là. Dimanche soir Denis. Lundi matin, on recommence, il me pénètre à peine réveillée, il éjaculera dans mon pubis. Il a toujours aimé ça. Décharger sur le corps. Mais revenons à dimanche soir : Et dans ma bouche son sexe heureusement n'avait pas ce goût salé que donne l'urine qui reste entre le prépuce et le gland, dedans. Entre. Que je déteste, ce goût. D'ailleurs. Je déteste plein de choses, j'ai la haine. La haine. C'est la haine. Je suis remontée et j'ai léché ses tétons, aujourd'hui les femmes n'oublient plus les tétons de leur compagnon. Il ne s'agissait plus de mon compagnon. Pourquoi recommencer ? Faire l'amour à un inconnu aurait-il été plus fastidieux ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'il aimait mes attentions passagères. Il avait les yeux débordées de larmes retenues, il me regardait. Et j'ai eu, c'est vrai, un pincement au coeur pour lui, pour toutes les fois où pour survivre j'avais été obligée de les jeter, les hommes, et toutes les fois où j'étais obligée de mettre un écran entre eux (la réalité des autres) et moi. Et je voyais tout ça dans son regard. C'était à son tour de pleurer. Quand c'est à votre tour, il ne faut pas attendre. Lorsqu'on croit que quelqu'un va mourir, on n'attend pas simplement son tour pour parler, pour dire qu'on va nous aussi mourir et qu'on va souffrir comme on a souffert, chacun sa tour même je devrais dire, tomber, on n'attend pas simplement son tour pour parler, on l'écoute. Mais est-ce qu'on l'entend vraiment ? Est-ce qu'on retient ? Pour un jour d'octobre il a fait exceptionnellement beau.

(Ils disent que c'est tes démons, qui ne peuvent pas partir...)

Dans la nuit de dimanche à lundi j'ai rêvé que je faisais des courses avec lui. Ensuite, j'étais avec des flics (encore) qui me disaient  que quelqu'un voulait avaler les mers du monde entier. Lorsque je me suis réveillée, il me pénètrait, déjà à peine que je sortais de ce rêve tellement vrai.

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ANGELINE

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